SAINT-OUEN (93) : cimetière parisien (partie récente)
par
Le cimetière parisien de Saint-Ouen ne doit pas être confondu avec le cimetière communal de Saint-Ouen, qui se trouve dans le centre-ville. Exilé proche du périphérique, ce cimetière parisien fut à l’origine le troisième cimetière de Montmartre (son nom était d’ailleurs anciennement « Montmartre Saint-Ouen »). Il fut édifié dans la zone non lotie aux abords des fortifications, entre la Porte de Clignancourt et celle des Poissonniers, pour faire face à l’engorgement du cimetière Saint-Vincent.
Le cimetière se présente aujourd’hui en deux parties, séparées par une rue guère utilisée (on parle de joindre à terme les deux parcelles) : la partie ancienne, dite également « petit cimetière », ouvrit ses portes en 1858, tandis que la partie plus moderne, formant l’essentiel de la surface, ouvrit en 1872. L’ensemble occupe 27 ha, soit une fois et demie la superficie du cimetière Montparnasse !
Le cimetière de Saint-Ouen est un cimetière de déshérités : tout y respire la tristesse, malgré le soin apporté à border ses avenues de végétations. Il n’est guère visité, pas même par une « clientèle de quartier ». Bordé par des lignes de chemin de fer sur lesquelles stationnent des TGV vides en attente de contrôle, il est un alignement de pauvres monuments devenus souvent illisibles et pour beaucoup en piteux état, et de dalles modernes ajoutant à la monotonie grise. Dans sa partie ancienne, les reprises sont nombreuses, laissant certaines divisions comme exsangues de tombes.
En terme de monumentalité nécropolitaine, on n’a ici pas grand-chose à se mettre sous la dent. La présence de célébrités, rarement des « pointures » mais le plus souvent des oubliés, rend néanmoins la recherche intéressante.
Pour ce qui est de la localisation, pendant longtemps, on y distribuait un plan totalement fantaisiste, où aucune mise à jour n’avaient été faites. Depuis quelques temps, un nouveau plan officiel a vu le jour : il a reprit l’ensemble des personnalités contenu dans cet article, qui en a donc été le modèle, complété par quelques célébrités que j’ai moi-même ajouté à l’article : bref, c’est un travail collaboratif !
Cet article ne traite que de la partie principale, la plus récente, qui date de 1872. La partie ancienne fait l’objet d’un autre article : voir le cimetière de St-Ouen : partie ancienne.
curiosités
A l’entrée du cimetière, une plaque rappelle la mémoire de deux fossoyeurs qui furent fusillés en 1940.
un très grand nombre de tombes gitanes, toujours richement décorées, qui oscillent entre la cabane de jardin et la cabine téléphonique !
Peu de monuments grandioses donc dans ce cimetière : quelques statues localisées dans quelques divisions seulement...
La très belle tombe en céramique de la famille Peyracchia.
Une plaque-médaillon en bronze de S.Kinsburger sur la tombe du jeune Maurice Lucas, tombé au front en 1917.
Un médaillon minéral sur la tombe de Pierre Walter-Amaury, signé Léo Amaury.
La plus étonnante tombe du cimetière est celle de la famille Bournet-Popinot-Bouesnach-Renaud, signalée dans la 14ème division par un buste de Kourmskoff surmonté d’un ciel zodiacal.
une rare épitaphe surprenante :
La mère de Guillaume Seznec avait été inhumée dans ce cimetière mais fut transféré ultérieurement dans le caveau de son fils en Bretagne. Idem pour l’écrivain autrichien Ödön VON HORVATH (1901-1938), qui après avoir reposé ici, dans la 28ème division, fut tranféré au cimetière de Heiligenstädt à Vienne en 1988, à l’occasion du 50ème anniversaire de sa mort.
Les célébrités : les incontournables...
... mais aussi
La comédienne Jenny ALPHA (voir Noël-Henri Villard)
Le chanteur ANDREX (André Jaubert : 1907-1989), qui commença sa carrière à l’Alcazar de Marseille avant de « monter » dans la capitale pour se produire dans les plus prestigieuses salles de l’époque (le Concert Mayol, l’ABC, Bobino...). Son répertoire sans prétention (le titre dont il fut l’interprète « historique » demeure Comme de bien entendu, issu du film (Circonstances atténuantes) était compensé par un bagout tout méridional qui plaisait. Ami de Fernandel, il fut également acteur et fit partie de la distribution de nombre de ces films, en particulier dans ceux de Pagnol. Il avait épousé l’actrice des années 40 et 50 Ginette BAUDIN (1921-1971), très oubliée de nos jours, avec laquelle il est inhumé dans la 15ème division.
L’actrice Mireille BALIN (1911-1968) qui connut un destin tragique :
mannequin vedette chez Patou, elle est remarquée par le cinéma et tourne dans quelques films (mais avec Grémillon, Pabst et Duvivier !). On se rappelle d’elle dans Pépé le Moko et Gueule d’Amour, où elle donnait la réplique à Jean Gabin. Elle est tour à tour sa maîtresse, puis celle de Tino Rossi. La Seconde Guerre mondiale marqua la fin de sa carrière : violée à la Libération (elle avait continué à tourner durant la guerre, et avait une liaison avec un officier allemand), atteinte du typhus, elle sombra dans l’alcool connut une lente déchéance physique. Elle mourut dans la misère et elle doit d’avoir une tombe à l’association la Roue tourne (œuvre d’aide aux artistes dans le besoin fondée par Paul Azaïs et sa compagne Janalla Jarnach). Lors de son enterrement, on plaça dans son cercueil, dit-on, un petit ours en peluche offert par Tino Rossi.
Elle fut rejointe en 1973 par l’acteur Jean TISSIER (1896-1973) avec lequel elle n’avait pas de lien, mais qui mourut également dans le dénuement, atteint d’une hémiplégie, et qui fut pris en charge par la même association. Issu du théâtre, il fut un acteur à la carrière remarquable tant dans la durée (de 1925 à 1972), dans le nombre de films (plus de 200) que par les réalisateurs qui le firent tourner (Autant-Lara, Vadim, Mocky, Carné ou Chabrol). Il jouait des ahuris nonchalants mais souvent sournois. Son rôle le plus fameux fut celui du fakir dans l’Assassin habite au 21.
Leur sépulture, dans la 31ème division, est fleurie à chaque Toussaint par l’association.
Je n’ai pas su identifier qui est le jeune E. BAUME (1882-1905) qui repose sous un médaillon en bronze dans la 1ère division.
Léon BÉLIÈRES (1880-1952) : acteur français de théâtre et de cinéma, il tourna de 1911 à 1952. Il repose dans la 10ème division.
Georges BEVER (Georges Van Bever : 1884-1973) : chanteur dans les caf’conc’ de la capitale, puis dans les revues et opérettes, il s’orienta ensuite vers le cinéma. Sa carrière cinématographique comporte plus de 200 films entre 1927 et 1969. Il repose dans la 25ème division.
L’escrimeur André BONIN (1909-1998), sacré champion olympique d’escrime en fleuret par équipes aux Jeux olympiques d’été de 1948 à Londres et champion du monde d’escrime en 1947 à Lisbonne.Il repose dans la 36ème division.
L’humoriste et dessinateur Pierre Henri CAMI (1884-1958), qui connut le succès dans les années 20 avant de sombrer dans l’oubli. Doué pour la caricature, mais plus particulièrement encore pour le théâtre loufoque, il créa des personnages burlesques fort appréciés (en particulier de Charles Chaplin). Il fut également l’auteur de « la semaine Camique » dans L’Illustration. Il repose dans la 18ème division.
L’anarchiste et franc-maçon Léo CAMPION (1905-1992), qui fut caricaturiste de talent dans la presse belge, chansonnier à Bruxelles puis à Paris, comédien puis successivement directeur artistique du Caveau des Trois Maillets, du Caveau de la République et du Tabou.... Bref, un personnage difficilement classable. Il était connu pour ses bons mots dont celui-ci, souvent attribué à Cocteau : « Il est curieux de constater combien les homosexuels prolifèrent, alors qu’ils ne se reproduisent pas ». Il repose dans la 33ème division.
Georges L. CASTELAIN (1883-1949), ouvrier du textile, qui contribua à créer en 1929 la Société des Meilleurs Ouvriers de France destinée à faire connaître ceux qui avaient été récompensés par un Prix. Sa tombe, dans la 23ème division, est ornée d’un médaillon reproduisant la médaille des M.O.F, réalisée par René Papa d’après un modèle de Henri Lagriffoul.
L’homme de lettres Pierre CHAPELLE (1876-1927), qui composa des chansons pour la valse, repose dans la 18ème division sous un médaillon d’Auguste Maillard.
Le sculpteur, médailleur et ébéniste français Alexandre CHARPENTIER (1856-1909), qui fut l’auteur de nombreuses médailles de diverses personnalités. Il participa à la décoration exemplaire de la Villa Majorelle à Nancy, et réalisa une salle à manger pour Adrien Bénard, banquier et promoteur du Métropolitain, pour sa villa de Champrosay (ensemble conservé au musée d’Orsay à Paris). Rénovateur des arts décoratifs, il fut l’un des maîtres français de l’Art nouveau. A Paris, il réalisa en particulier le décor sculpté du cabaret le Chat noir. Il repose dans la 10ème division.
La comédienne de théâtre mais aussi de cinéma (elle tourna des années 10 aux années 30) Jeanne CHEIREL (1868-1934). Elle repose dans 18ème division.
Les poètes Georges (1884-1927) et André (1908-1944) CHENNEVIERE (Debille de leur vrai nom) ; le premier ayant créé en 1906 avec son ami Jules Romains la doctrine de l’Unanimisme, considérant que les groupes sociaux connaissent une vie psychique propre, comme les individus qui les composent, le second ayant été fusillé en août 1944 à la libération de Paris. Tous deux reposent dans la 1ère division.
Le sculpteur René COLLAMARINI (1904-1983) avait son atelier rue Tourlaque, en bas de la butte Montmartre. Professeur aux Beaux-Arts, il fut l’auteur de sculptures monumentales qui ornent un très grand nombre d’édifices publics des villes de France. Il participa en particulier à la reconstruction de villes comme Abbeville, Valognes ou Amiens. Il est inhumé dans la 23ème division avec son épouse, l’actrice Mona DOL (Amélie Collamarini del Bart : 1901-1990), qui fit partie de la troupe de Jean Vilar au TNP, et qui tourna pour le cinéma des années 30 aux années 60. leur tombe est orné d’une sculpture.
Henri CURRIEZ (+1976) dit « le Père la Souris », camelot légendaire de Paris, repose dans la 23ème division.
Le comédien Gérard DARRIEU (Gérard Darrieumerlou : 1925-2004), qui joua énormément, tant pour le théâtre, le cinéma que pour la télévision. Il était abonné aux seconds rôles « bourrus ». Il repose dans la 30ème division.
Le comédien Jean DAX (Gontran Willar : 1879-1962), qui tourna dans le premier tiers du XXe siècle. Il fut à cette époque l’un des partenaires favoris de Mistinguett. L’arrivée du cinéma parlant et l’âge étant venu, Jean Dax fut relégué aux rôles secondaires. Il repose dans la 24ème division.
L’actrice Suzanne DEHELLY (1902-1968), qui tourna beaucoup, mais toujours dans des seconds rôles, des années 30 aux années 60. Elle était l’épouse du scénariste Marcel RIVET (1905-1957) qui est le seul à avoir une identité sur leur tombe commune. Elle repose dans la 21ème division.
Le romancier Henri DEMESSE (1854-1908), qui pasticha Dumas, repose sous un facétieux médaillon le représentant dans la 7ème division.
La comédienne Germaine DERMOZ (Germaine Deluermoz : 1888-1966), qui fit du théâtre chez Réjane, Firmin Gémier dont les nombreuses tournées théâtrales la conduisirent, avant la première guerre mondiale, en Argentine, en Russie. A Saint-Pétersbourg, elle joua devant le Tsar Nicolas II et essuya les premiers tirs de la révolution d’octobre 1917. Entre les deux guerres, elle préféra se consacrer presque exclusivement au théâtre. Elle joua sur les plus grandes scènes parisiennes, y connut d’immenses succès dans des pièces d’auteurs contemporains : en 1938, elle créa le personnage d’Yvonne dans Les Parents terribles de Cocteau, auprès de Gabrielle Dorziat et du tout jeune Jean Marais, remplaçant quasiment au pied levé Yvonne de Bray pour qui le rôle avait été écrit. Sa carrière cinématographique se déroula en grande partie au temps du muet. Celle-ci fut plus relâchée car elle n’accepta des propositions de tournage que si elles ne compromettaient pas ses engagements au théâtre. Citons Le Bal dans lequel elle donna la réplique à Danielle Darrieux dont c’était le premier film. Elle fut aussi, en 1950, Madame Husson auprès d’un Bourvil niaiseux à souhait dans le film Le Rosier de Madame Husson. Elle repose dans la 9ème division.
DORVILLE (Henri Dodane : 1883-1940) : comique troupier, puis chanteur d’opérettes, il aborda tardivement le cinéma et fit finalement peu de films. Le dernier en date (Circonstances atténuantes en 1939) reste dans les mémoires : il y joue un barman qui entonne, avec Arletty, la chanson Comme de bien entendu. Il repose dans la 14ème division.
Le baryton-basse Hector DUFRANNE (1870-1951), chanteur à l’Opéra comique, qui fut l’une des grandes voix de son époque. Il fit plusieurs premières qui comptèrent (en particulier Pélleas et Mélisande de Debussy), et fut un interprète habile du répertoire Wagnérien, tant en français qu’en allemand. Il repose dans la 18ème division.
La comédienne Luce FABIOLE (Marie-Antoinette Bernus : 1892-1982), qui tourna un très grand nombre de petits rôles tant au cinéma, au théâtre qu’à la télévision entre les années 20 et les années 70. Elle repose dans la 17ème division.
Georges FLAMANT (1903-1990) : acteur originaire de Tunisie, son
physique lui fit interpréter les rôles de gangster. A vrai dire, peu de monde loua son talent et il dut sa carrière à son épouse, Viviane Romance, qui l’imposait sur les tournages. Après leur séparation, il retourna rapidement dans l’anonymat. Il repose dans la 33ème division.
Le journaliste Wilfrid de FONTVIELLE (1824-1914). Républicain convaincu, il participa à l’invasion de la Chambre des députés lors de la Révolution de 1848. Il collabora à différentes feuilles d’extrême gauche. Après le coup d’État du 2 décembre 1851, il fut déporté en Algérie. Amnistié en 1859, il revint en France et reprit son métier de journaliste. S’intéressant particulièrement à l’aéronautique, il effectua diverses ascensions en ballon et battit plusieurs records, dont celui de la durée dans l’atmosphère (deux jours pour faire Paris-Compiègne) et, en 1869, celui de vitesse avec Gaston Tissandier (1843-1899), (180 km à l’heure). Lors de l’invasion allemande en 1870, il proposa au gouvernement de Défense nationale de faire des reconnaissances en ballon. Il fut l’auteur de nombreux articles de vulgarisation dans des revues scientifiques. Il repose dans la 9ème division de ce cimetière depuis 1939.
Emile GENEVOIS (1918-1962) : comédien français, sa carrière démarra tôt puisqu’il fut choisit pour incarner Gavroche dans Les Misérables de Raymond Bernard, aux cotés d’Harry Baur. S’il tourna beaucoup par la suite, ces rôles devinrent au fil du temps de moins en moins consistants. Il repose dans la 28ème division.
La journaliste et critique théâtrale, longtemps collaboratrice de la radio TSF, du magazine Zurban et de plusieurs autres publications spécialisées, Catherine GERMAIN-LUCKER (1960-2002). Elle repose dans la 25ème division.
Eugène GODARD (1861-1910) repose sous une stèle ornée d’une montgolfière en bronze. Il s’agit de l’un des membres de la fameuse dynastie d’aérostier dont le plus célèbre fut Eugène père (1827-1890), qui fit faire à Jules Verne son unique vol en ballon, vendit l’un de ses ballons à Nadar, devint « aérostier de l’Empereur » et favorisa, durant le siège de Paris, le transfert par ballons des hommes et des informations. Il se pourrait qu’il soit inhumé ici avec son fils, dans la 27ème division.
Le comédien, chansonnier et animateur radio Georges GOSSET (1906-1980), dans la 1ère division.
L’actrice Mona GOYA (Simone Marchand : 1912-1961), qui tourna de 1927 à 1960, repose dans la 18ème division.
- Merci à Robin pour la photo.
Le footballeur français d’origine italienne Roger GRAVA (1922-1949), champion de France en 1947 puis d’Italie en 1949, qui périt avec toute son équipe du FC Turin dans l’accident aérien du 4 mai 1949, à Superga, près de Turin. Il repose dans la 16ème division.
Danièle HUILLET (1936-2006), qui avec son compagnon, Jean-Marie Straub incarna le cinéma moderne. Ils furent les auteurs d’une œuvre radicale. Ainsi, En 1967, la Chronique d’Anna-Magdalena Bach les impose comme les principaux représentants d’un nouveau cinéma remettant en cause les schémas narratifs et esthétiques traditionnels : plans fixes ou longs travellings des textes adaptés d’oeuvres littéraires ou d’opéras. Elle repose dans la 15ème division.
Hubert LAGARDELLE (1874-1958) : il fut le modèle de l’intellectuel passant de l’extrême gauche, dans le mouvement socialiste et syndicaliste, à l’extrême droite, dans la mouvance fasciste et le régime de Vichy. Au-delà d’un apparent illogisme chez ce bourgeois d’origine et de formation, on perçoit une quête constante de la révolution – du syndicalisme révolutionnaire à la révolution nationale – qu’il croit atteindre dans les corps intermédiaires (syndicat, région, métier) rejetant l’individu, l’Etat et finalement les valeurs de la démocratie libérale. Il développa son action à une triple échelle, régionale, celle du Sud-Ouest, nationale, du Quartier latin au gouvernement de Laval (il fut ministre du Travail), et internationale, des voyages de formation en Europe à la mission diplomatique à Rome, toujours à la recherche d’une « troisième voie » entre libéralisme et collectivisime. En 1943, il fut contraint à la démission du gouvernement et devient rédacteur en chef du journal collaborateur de gauche La France socialiste. En 1946, il fut condamné à la prison à perpétuité, puis libéré en raison de son âge en 1949. Il repose dans la 2ème division.
Le sculpteur nantais Charles Auguste LEBOURG (1829-1906), ancien élève de Rude, il travailla à la décoration du palais du Louvre, sous la direction d’Hector-Martin Lefuel, à la reconstruction du pavillon de Marsan (1874), à l’église de la Trinité et à la reconstruction de hôtel de ville de Paris. Il partagea son temps entre Paris et son atelier de Nantes. Sculpteur ornemental, il réalisa également des bustes et une statue équestre de Jeanne d’Arc pour Nantes. Son œuvre la plus connue est la création des cariatides de la fontaine Wallace éditée par la fonderie d’art du Val d’Osne en 1872. Il œuvra également beaucoup pour les cimetières, et on retrouve ses réalisation dans plusieurs d’entre-eux, notamment au cimetière Miséricorde de Nantes. Il mourut malgré tout dans la misère. Il repose dans la 32e division.
Léo LELIÈVRE (1872-1956) : parolier de nombreuses chansons de la Belle Époque aux années 1950. Il écrit notamment pour Fragson, Mayol, Paul Dalbret et Émile Audiffred. Il est également revuiste au Ba-ta-clan, au Concert Mayol et à la Gaîté-Rochechouart. Parmi ses créations : la fameuse Matchiche, coécrite avec Paul Briollet, ou encore la Biaiseuse, avec Paul Marinier ; interprétée, entre autres, par Annie Cordy et Marie-Paule Belle. Il repose dans la 9ème division.
L’aviateur Gustave LEMOINE (1902-1934), qui détint en 1933 un record d’altitude qui fut dépassé trois ans plus tard par Maryse Hilsz. Il repose dans la 14ème division sous la tombe la plus audacieuse du cimetière : deux grandes ailes ornées d’un médaillon le représentant, œuvre de Vaudrey.
L’auteur-compositeur Jean LENOIR (Jean Neuburger : 1891-1976), qui prit des cours avec Louis Vierne, et qui composa pour toutes les vedettes de son époque (Yvonne Georges, Maurice Chevalier, Mistinguett...) mais également pour le cinéma. Ses deux titres les plus connus furent « Voulez-vous danser grand-mère ? », créé pour Lina Margy et interprété bien plus tard par Chantal Goya, et surtout « Parlez-moi d’amour », qui fit de Lucienne Boyer une vedette. Il est inhumé dans la 21ème division.
La peintre Jacqueline MARVAL (Marie-Joséphine Vallet : 1866-1932), qui décora le foyer du nouveau Théâtre des Champs-Élysées. Elle connut un véritable succès, en particulier auprès des artistes de l’avant-garde de son époque. Elle vécut avec Jules Flandrin. Elle repose dans la 14ème division.
Le peintre Raymond MORITZ (1851-1950), qui fut un illustrateur de romans-feuilletons, repose dans la 23ème division.
La cantatrice Lucienne de MEO (1904-1930), dont la carrière dans le répertoire wagnérien (elle chanta dans la Walkyrie dès 1928) fut abrégée par une mort précoce, et qui repose dans la 11ème division.
Le chansonnier Léo NOËL (1914-1966), joueur d’orgue de barbarie qui fit le succès, avec Brigitte Sabouraud et quelques autres, du cabaret l’Ecluse dont il fut le Monsieur Loyal légendaire. Il était également un militant anarchiste. Il repose dans la 24ème division.
Le réalisateur et scénariste Jacques Daniel NORMAN (1901-1979) (Ne le criez pas sur les toits, Tourments...). C’est lui qui mis en vedette le chanteur populaire Réda Caire, dans plusieurs films. Il repose dans la 30ème division.
Le ténor irlandais John O’SULLIVAN (1877-1955), qui connut de son vivant un énorme succès, reposerait dans la 36ème division.
Le peintre marseillais Jean-Baptiste OLIVE (1848-1936) qui vécut l’essentiel de sa vie à Montmartre, qui travailla pour de nombreuses commandes, en particulier pour le cirque Médrano, et qui réalisa de nombreuses décorations pour les cafés de Marseille, ainsi que de nombreuses marines. Il repose dans la 10ème division.
L’acteur et metteur-en-scène Alfred PASQUALI (1898-1991), qui a également prêté sa voix à de nombreux films et dessins animés (il était en particulier la voix de Merlin dans Merlin l’enchanteur). Il repose dans la 1ère division.
L’actrice Marcelle PRAINCE (Célestine Cardi : 1882-1969), qui débuta au théâtre vers 1905. En 1912, elle aborda le cinéma muet en tournant quatre courts-métrages comiques avec Charles Prince. Avant l’apparition du parlant, elle poursuivit parallèlement une carrière théâtrale et cinématographique. À partir de 1930, elle incarna au cinéma des rôles correspondant à son âge, grands-mères, concierges, vieilles comtesses et même chiromancienne. Elle repose dans la sépulture Cardi dans la 1ère division.
Le chansonnier Xavier PRIVAS (Antoine Paul Taravel : 1863-1927). Si une rue de Paris ne portait pas son nom, cette figure légendaire de Montmartre serait totalement oubliée. En son temps pourtant, il fut une figure incontournable de la vie culturelle de la butte, élu « prince des chansonniers ». Ses poèmes chantés évoquaient évidemment les misères humaines, d’où l’humanisme n’était pas absent. Dans le même tombeau repose sa compagne et sa muse, Francine LOREE (1876-1963) Ils reposent dans un caveau dit « des chansonniers » avec plusieurs autres dont le nom (et la mémoire) sont presque totalement effacés : Léon de BERCY (Léon Drouin : 1857-1915), hydropathe qui se produisait au Chat noir, spécialiste de l’argot montmartrois, Georges JOUSSAIN (1900-1931), Jean MAADER (1853-1930), Henri COLHUMEAU (1866-1924), Antoine LAUFF (1884-1923), Yon LUG (1864-1921) et le belge Henri ENTHOVEN (1886-1920), qui avait fondé le cabaret du Diable au corps, puis celui du Moulin de la chanson. C’est à l’occasion de ses obsèques, pour gérer la concession de ce cimetière, que fut fondé l’Association amicale des chansonniers dont le premier président fut Fursy. Ce type de présences dans ce cimetière rappelle qu’en bien des points, St-Ouen est une extension extra-muros de Montmartre (on pense évidemment également à Suzanne Valadon, Henri Curriez ou Alphonse Allais). Il semblerait que depuis l’inhumation de Francine Lorée-Privas, plus grand monde ne soit venu visiter le tombeau, qui se trouve dans la 8ème division.
l’humoriste Jacques RAMADE (1928-2013), chansonnier dans des cabarets parisiens au Caveau de la République et au Théâtre des Deux Ânes. Il trouva la popularité à la télévision dans les années 90 aux côtés de Jacques Martin dans l’émission satirique dominicale Ainsi font, font, font, puis fut employé par Laurent Ruquier. Il fut aussi un comédien de théâtre classique, et joue des petits rôles dans de nombreux films. Il repose dans la 36ème division ( Ligne 16 Tombe 32).
L’acteur Lucien RAIMBOURG (1903-1973) qui fit du cabaret, du music-hall, du cirque ; participa à des revues et se produisit comme chansonnier. Il eut de nombreux seconds rôles au cinéma. Cousin éloigné de André Raimbourg dit Bourvil, il ne jouèrent ensemble que dans un seul film, Sérénade au Texas (1958). Comme pour beaucoup de comédiens de cette époque, c’est surtout le théâtre qui était sa véritable passion. Il se produit au TNP, et participa à la création de En attendant Godot. Il participa enfin au tournage de nombreux téléfilms. Il repose dans la 10ème division [1].
Le clown RHUM (Henri Sprocani : 1904-1953), considéré comme l’un des plus grands Auguste de son époque. Partenaire de Pipo, des Dario-Bario, ou encore du clown Porto, il fut l’ami de Jacques Tati avec lequel il tourna quelques films (Gai dimanche, Soigne ton gauche). Il repose dans la 4ème division.
Le contrebassiste et fan d’opéra cubain Rafael RUIZ (1908-1998), qui fut le professeur de chant et le mentor du ténor Roberto Alagna. Il repose dans la 21ème division.
Le danseur Alberto SPADOLINI (1907-1972), qui travailla avec Joséphine Baker au prestigieux « Casino de Paris ». Surnommé le Danseur Nu, il devint une figure célèbre de la scène parisienne du music-hall, scandalisant les esprits bien-pensants en se présentant avec une coquille pour tout effet. Il tourna dans une dizaine de films, et fut également un peintre fort apprécié. Il repose dans la 10ème division.
Le pianiste Paul TAGLIAFERRO (+1909), père de la célèbre pianiste Magda Tagliaferro, inhumé sous un médaillon de N.de Gregorio. Il repose dans la 7ème division.
Le réalisateur et dialoguiste Paul VANDENBERGHE (1916-1961). Il repose dans la 36ème division.
Le poète Noël-Henri VILLARD (1904-1984), directeur fondateur de la revue « Grand diapason » en 1972. Avec lui repose son épouse, la comédienne martiniquaise Jenny ALPHA (1910-2010). La période coloniale l’empêchant de percer au théâtre, elle se tourna vers le music-hall où elle commence une carrière de chanteuse qui lui donna l’occasion de rencontrer Duke Ellington et Joséphine Baker. Durant la période de l’occupation de la France par les Allemands, elle et son mari cachèrent une famille juive à leur domicile à Nice. Pendant l’après guerre, son combat se porta dans la reconnaissance de la culture créole dans la mouvance de la négritude. Elle commença par la suite une carrière d’actrice et délaissa la chanson. Ils reposent dans la 32ème division.
Pour les photos des tombes Bélières, Bever, Dorville, Flamant, Grava, Darrieu, Gosset, Raimbourg et Genevois, merci à Claude Schwab.
Merci à Michel Schreiber pour la photo Dehelly.
Merci à Herbert pour les tombes Alpha-Villard, Cheirel, Dermoz, Fontvielle, Pasquali, Praince
Merci au petit-neveu du clown Rhum, Maurice Sprocani, pour l’envoi de la photo de la tombe.
Merci à Jean-Yves Le Rouzic pour la photo Ramade.
[1] Ligne 1 ouest, tombe 39 sud.
Commentaires