GABIN Jean (1904-1976)
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Utilisant le nom de scène de son père, Jean Moncorgé devint Jean Gabin en montant sur la scène des Folies Bergères. Il chanta et dansa en y côtoyant Mistinguett. C’est en 1930 qu’il tourna son premier film. Ses débuts de carrière furent difficiles, Gabin tournant des productions mineures, mais Julien Duvivier lui permit de prouver son talent dans La Belle équipe (1936) et surtout Pépé le Moko (1937). En deux ans, il tourna dans des films parmi les célèbres du cinéma français comme La Grande illusion, Gueule d’amour avec Mireille Balin (1937), Quai des brumes avec Michèle Morgan, La Bête humaine (1938), Le Jour se lève (1939). En septembre 1939, Gabin fut mobilisé, et en février 1941, il quitta la France pour les États-Unis, refusant de tourner pour les Allemands. Il y joua dans deux films, et fréquenta Ginger Rogers, ainsi que Marlene Dietrich. En 1943, Gabin s’engagea dans les Forces Françaises Libres et fut décoré de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre.
A son retour de la guerre, Gabin avait déjà une image de vieil acteur d’avant-guerre. A quarante ans, il avait ainsi déjà les cheveux blancs. Il tourna un projet qui lui tenait à cœur : Martin Roumagnac (1946), avec Marlene Dietrich. Le film fut un échec : commença alors une période de déclin pour la carrière de Gabin, qui tourna des films mineurs. La renaissance vient avec deux films : Touchez pas au grisbi (1953) et Razzia sur la chnouf (1955) avec le jeune Lino Ventura. Dès lors, Jean Gabin changea d’image : il devint l’homme d’expérience, autoritaire et qui impose le respect. Michel Audiard découvrit en Gabin une gouaille pour asséner ses répliques soigneusement élaborées : leur collaboration couvrit près de vingt films. Dans les années 60, Gabin se constitua une équipe de fidèles, avec laquelle il tourna de nombreux films. Ces réalisateurs se nommaient Gilles Grangier, Denys de La Patellière, Henri Verneuil ou Jean Delannoy. Il créa sa boîte de production avec Fernandel : la « Gafel ». Il agrandit sa propriété normande en rachetant des terres, et devint éleveur. Parmi les films de cette décennie marquée par beaucoup de cabotinage, se démarquèrent Le Cave se rebiffe tourné avec son ami Bernard Blier, et son interprétation du commissaire Maigret, rôle qu’il avait déjà tenu à deux reprises dans les années 50. Surtout, Gabin se rapprocha de la nouvelle génération avec Un Singe en hiver, tourné auprès du jeune Jean-Paul Belmondo, Mélodie en sous-sol avec Alain Delon, acteur qu’il retrouve ainsi que Lino Ventura pour Le Clan des Siciliens (1969).
Approchant des 70 ans, Jean Gabin choisit de plus en plus ses rôles, jusqu’à la caricature. Ainsi, ses prestations dans La Horse (1970) ou dans L’ Affaire Dominici (1973), consolidèrent encore son personnage de patriarche têtu. C’est plutôt avec Le Chat (1970) de Pierre Granier-Deferre, qu’il montra son talent intact et Deux hommes dans la ville, pour lequel il retrouva Alain Delon. En 1974, il enregistra une chanson, Je sais, sur des paroles de Jean-Loup Dabadie. Son dernier film, L’ Année sainte (1976), réalisé par Jean Girault avec Jean-Claude Brialy fut un échec.
Ses volontés étaient de se faire crématiser et de ne laisser derrière lui ni tombe, ni monument [1]. Il demanda que ses restes soient jetés à la mer, « comme il convenait à un marin [2] » (il dut pour cela obtenir les autorisations de l’Etat, une telle cérémonie étant réservée à des officiers-généraux à la carrière prestigieuse). Les frais furent pris entièrement en charge par la Marine.
Après la crémation au Père Lachaise [3], l’aviso Détroyat prit la mer de Brest, cap à l’ouest. A 15 milles de là, en Iroise, au sud du phare et de la chaussée des Pierres-Noires, ses cendres furent dispersées par Alain Delon.
Bio de Gabin : Allocine
[1] Le cabotin Michel Audiard semble avoir inventé la fameuse phrase « Et puis, comme ça, les cons ne viendront pas sur ma tombe ».
[2] Il avait servi pendant la Seconde Guerre mondiale, dans les rangs des Forces navales françaises libres sous l’uniforme de second-maître des fusiliers-marins
[3] Il avait déclaré « Nous, les acteurs, on ne nous enterre plus la nuit, comme autrefois. Mais, c’est parce qu’à présent, avec nos funérailles, on nous fait battre encore l’estrade ! Même mort, on nous demande de jouer une dernière petite scène devant les photographes, la télé, et avec la foule qui crie « Bis » ! Moi, on ne m’aura pas, pour ce coup-là, et on ne me fera pas faire un dernier tour de piste, sans être payé en plus ! ». Il se trompait : la foule était immense au Père Lachaise, et on y présenta le cercueil, mais les gens n’avançant pas, ses obsèques donnèrent lieu à une énorme confusion. Son dernier « tour de piste » fut donc assez sordide !
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