Crash aérien du dirigeable République du 25 septembre 1909

dimanche 22 mai 2022
par  Philippe Landru

Au début du XIXe siècle, les dirigeables étaient en plein essor, équipant une armée qui, suite à la défaite de 1870, se préparait à en découdre avec l’ennemi d’outre-Rhin. Renfermant 3.200 m3 d’air chaud, doté d’un moteur 4 cylindres de 70 chevaux, « Le République », construit en 1908 dans les ateliers des Frères Lebaudy à Moisson (Yvelines), constituait un fleuron militaire. Les atouts de cet engin aux dimensions impressionnantes étaient de pouvoir se déplacer sur une certaine distance selon le vent (environ 100 km en 3 h), de s’élever dans les airs (jusqu’à 1.000 m), ainsi que d’observer et fournir de précieuses informations aux états-majors.

Après une campagne d’essais prometteurs dans l’Allier, juste ternis par une légère avarie, le « République » s’apprêta à rentrer sur Paris, à l’occasion du salon de l’aéronautique, le dimanche 25 septembre 1909. Le ballon était « vu par un grand nombre de touristes qui s’efforçaient de suivre en automobile les évolutions de l’aérostat », relate la Revue aérienne de l’époque.

« Vers 8 h 35, un peu plus d’une heure après le départ de Lapalisse, à 8 km au Nord de Moulins, un objet noir se détachait de la nacelle, une forte détonation était entendue et le ballon se dégonflait rapidement, tombait, tandis que la nacelle s’écrasait sur le sol. Les quatre malheureux aéronautes : capitaine Marchal, lieutenant Chauré, adjudants Vincenot et Réau étaient tués sur le coup ».

L’accident fit l’objet de funérailles nationales rendues à Versailles par le président du Conseil, Aristide Briand, le ministre de la Guerre, le général Brun, le ministre des Travaux publics, Alexandre Millerand, et le sous-secrétaire d’État à la Guerre, Albert Sarraut. Parmi les nombreuses personnalités étrangères qui étaient également présentes à cette cérémonie, on peut citer le pacha de l’armée turque, Mahmoud Chevket. L’empereur d’Allemagne lui-même, malgré son inimitié avec la France, a tenu à manifester sa solidarité en offrant une couronne mortuaire.

Le lieu de la catastrophe, à Trévol, a fait l’objet d’un imposant monument sculpté commandité par l’État. La commune d’Oucques (Loir-et-Cher) a elle aussi rendu hommage à l’un de ses administrés, Henri Vincenot, en érigeant à sa mémoire à la fois une stèle commémorative et un monument funéraire. On trouve également une plaque à la mémoire d’Henri Vincenot sur l’église de Sauvoy (Meuse). Sur la tombe du lieutenant Jean Chauré dans le cimetière de Meudon (Hauts-de-Seine) est apposée une plaque avec le nom des quatre victimes de l’accident.

Peu après l’accident, afin de perpétuer la mémoire des victimes, quatre rues de Paris (toutes situées dans le 20e arrondissement) ont été rebaptisées à leurs noms et quatre dirigeables construits dans les années suivantes ont reçu, comme le veut la tradition militaire, les noms de capitaine-Marchal, lieutenant-Chauré, adjudant-Vincenot et adjudant-Réau.


Le capitaine Lucien Marchal

Cimetière de Préville de Nancy (54)

Le capitaine Lucien Marchal (1863-1909) fut inhumé au cimetière de Préville de Nancy (54).


L’adjudant Réau

Cimetière de Naintré (86)

L’adjudant Albert Réau (1879-1909), qui était le mécanicien du vol, repose au cimetière de Naintré (86). Pour réaliser le portrait d’Albert Réau sur le médaillon, Jules Robuchon choisit de le figurer de profil, portant la moustache et les cheveux tirés en arrière. En revanche, pour le bas-relief montrant les aérostiers dans la nacelle du dirigeable, il s’est visiblement inspiré d’une photographie prise peu avant le décollage, les immortalisant dans la même pose. On peut vraisemblablement reconnaître, de gauche à droite, le lieutenant Chauré, le capitaine Marchal, Albert Réau et Henri Vincenot. Ceux-ci sont figurés debout dans la nacelle et tenant pour certains des cordages. Robuchon a également reproduit la plupart des détails visibles sur la photographie comme les pièces du moteur, l’hélice, les cordes reliant la nacelle au ballon, les malles ou les sacs de ballast entreposés à l’avant de l’aérostat. Il a aussi ajouté, dans la partie inférieure du bas-relief, une représentation plus ou moins fidèle du château d’Avrilly, près duquel le dirigeable s’est écrasé.

Le monument fut inauguré le 2 octobre 1910 devant une foule estimée à 5 000 personnes, en présence de nombreuses personnalités.


Le lieutenant Jean Chauré

Cimetière des Longs-Réages de Meudon (92)

Le monument sépulcral du lieutenant Jean Chauré (1881-1909) se trouve au cimetière des Longs-Réages de Meudon (92).


L’adjudant Henri Vincenot

Cimetière de Oucques (41)


Son buste fut réalisé par Alfred Halou.


Source : https://inventaire.poitou-charentes.fr/operations/statuaire-publique
Photos Vincenot : Nicolas Badin et aérostèles


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