LES LILAS (93) : cimetière
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C’est en 1867 que naquît la commune des Lilas, scission d’une partie de celle de Romainville. La décision d’y créer un cimetière date du premier conseil municipal. La chose fut rapide puisque la première concession fut délivrée en juillet 1868. Ce cimetière surplombe la plaine de Pantin où se déroulèrent les derniers combats de la campagne de France de 1814. Le cadre est étonnant, le cimetière dominant Paris, du Sacré-Cœur à la cité de la Villette (avec désormais vue sur la Philharmonique). La vue, par temps clair, porte jusqu’à Roissy.
La petite nécropole en elle-même semble être une extension du XIXe arrondissement de Paris limitrophe, tant par les personnalités qui y résident (on pense aux Moreau) que par son caractère vénérable, hésitation entre un cimetière de campagne et un cimetière urbain. Pas mal de vieilles tombes conservées, ce qui ravira le taphophile.
- Vue sur la tour de télédiffusion du fort de Romainville
curiosités
A l’entrée du cimetière, un Jean Robic vous accueille : il s’agit d’un homonyme du cycliste qui lui repose à Wissous !
un impressionnant monument aux morts (dont les statues sont de Desruelles) représentant une femme (la mort ? La mère ? La patrie ?... les trois à la fois sans doute) veillant sur deux soldats morts à ses pieds.
Avant d’y accéder, un sobre monument commémore la mémoire de quatre Lilasiens morts durant la guerre de 1870.
depuis 2000, une sculpture de David Erevantzi commémore le génocide arménien : il est vrai qu’une minorité arménienne importante habite les Lilas.
Sur la tombe de François Anselme Péan, ancien maire des Lilas et conseiller général (+1895), un médaillon par Jules Déchin.
Sur la tombe Vidard, un buste en terre-cuite par Claude Cochey daté de 1876.
Un médaillon en bronze par Paul Duboy de 1857 sur la tombe Paufard.
Un petit médaillon non signé sur la tombe Bauchart-Godfrin.
Une tombe avec une longue épitaphe pour le capitaine Jean Edmond Labbé (+1883).
les célébrités : les incontournables...
... mais aussi
Le sculpteur, orfèvre, joaillier, graveur et médailleur de style Art nouveau puis Art déco Edmond BECKER (1871-1971), mort centenaire. Une de ses œuvres orne sa tombe. Elle représente son fils, mort à 20 ans, et inhumé dans ce caveau.
Le comédien Mabô KOUYATÉ (1989-2019), fils du comédien Sotigui Kouyaté et de la costumière et actrice suisse-allemande Esther Siraba Kouyaté-Marty (+2018, à coté de laquelle il repose), révélé au grand public grâce au film Moi, César, 10 ans 1/2, 1m39.
La résistante Francine FROMOND (1917-1944), fusillé par les Allemands. Plusieurs établissement scolaires portent son nom dans la région parisienne.
Le peintre, dessinateur et lithographe Gabriel GOSTIAUX (1838-1910).
Le peintre Jef GRAVIS (1938-2015), qui fut proche du mouvement Figuration Libre dans les années 1970-1980, puis qui bascula vers l’abstraction à la fin des années 1980. Il consacra plus de dix ans à des œuvres autour du sel avant de renouer avec la figuration vers 2010 : ses collages et ses impressions numériques reprirent ses thèmes favoris (le corps, le temps, le quotidien). Ses cendres ont été déposées au columbarium du cimetière.
Henri JOLY (1866-1945), précurseur du cinéma, qui réalisa dès la fin du XIXe siècle lui-même des appareils de prise de vues.
Les sculpteurs Mathurin et Auguste MOREAU
le romancier Paul de KOCK (1793-1871) eut l’audace, en pleine époque romantique, de se consacrer à une littérature légère annonçant le vaudeville. Il eut sous la Restauration un succès fou. Il est vrai que le public se reconnaissait dans son oeuvre, de Kock y peignant le monde des commis, des grisettes, des servantes et des valets. Il fut en outre l’auteur de plusieurs chansons qui restèrent totalement inconnues de son vivant, mais qui connurent un très grand succès plus tard lorsque, mises en musique, elles furent interprétées par Yvette Guilbert (Madame Arthur, Quand on vous aime comme ça...).Sa fille Amélie repose dans la même division, à l’arrière de sa tombe, dans une sépulture désormais quasiment illisible.
le comédien Jean YONNEL (1891-1968) qui tourna des années 10 aux années 60 avec Delannoy, Dréville ou Tourneur et qui fut sociétaire de la Comédie française de 1926 à 1955. Son dernier rôle fut dans Un drôle de paroissien de Mocky, aux cotés de Bourvil. Il repose dans la sépulture Champion.
Merci à Jean-Yves Tartrais pour la tombe Kouyaté.
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