Hôtel des INVALIDES
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Immense complexe architectural ordonné par Louis XIV, l’Hôtel des Invalides est à la fois un hôpital, plusieurs musée, deux églises, et toute une série de bâtiments. Nous nous concentrerons évidemment sur les personnalités qui y reposent : elles sont très nombreuses et leurs tombeaux se trouvent en deux lieux distincts.
On pourrait penser qu’il n’y a qu’une église aux Invalides : il y en a en réalité deux, mais conçues de manière complémentaire, et désormais difficilement dissociables.
La plus ancienne est la cathédrale Saint-Louis, l’église des soldats, qui n’est pas visible de l’extérieur : son entrée, relativement modeste quoique surmontée d’une statue de Napoléon, donnant sur la cour d’honneur.
L’église du Dôme, chapelle à l’usage exclusif de la famille royale et postérieure d’une dizaine d’années, est beaucoup plus monumentale.
Paradoxalement, ce n’est pas la plus monumentale qui est désormais la plus mise en lumière : toutes les cérémonies ayant lieu dans la cour d’Honneur, on voit davantage la cathédrale que l’église du Dôme, décor certes somptueux mais donnant rapidement sur le boulevard.
L’église du Dôme a évidemment un atout de taille : celui de posséder le tombeau de l’empereur au centre d’un ensemble de chapelles rayonnantes abritant les sépultures de quelques grands dignitaires militaires français. Néanmoins, dans le domaine funéraire qui nous intéresse, l’essentiel se trouve à l’abri des regards dans une crypte finalement assez exiguë compte-tenu de la monumentalité de l’ensemble.
Petite chronologie des Invalides sur la thématique funéraire, où l’usage politique des morts…
1678-1800 : En dehors des corps des gouverneurs des Invalides (François d’Ormoy fut le premier à « s’installer » en 1678), les Invalides ne servirent pas de nécropole particulière.
1800 : Napoléon décide d’y placer le premier tombeau, celui de Turenne, sauvé des ravages de la basilique Saint-Denis. La translation de son corps, lors d’une cérémonie pompeuse, se fit le 22 septembre, jour anniversaire de la proclamation de la République. Le ton est donnée : un empereur autocrate célèbre la République en récupérant les vieilles gloires de la monarchie !
1808 : un monument est édifié pour le cœur de Vauban.
1835 : on aménage une partie de la crypte pour les victimes de l’attenta de Fieschi dont le maréchal Mortier. Le roi Louis-Philippe se place ainsi dans la même logique d’utilisation des Invalides que Napoléon.
1840 : Louis-Philippe procède à la translation des restes de l’empereur. En attendant la construction de son tombeau central, ils sont installés dans la chapelle Saint-Jérôme.
1847 : le carditaphe de Vauban est remplacé par un autre reprenant la forme du tombeau de Turenne dans un souci d’harmonie symétrique. La même année sont aménagés les tombeaux de Duroc et Bertrand.
1858 : Jérôme Bonaparte installe la dépouille de son fils aîné et l’urne-carditaphe de son épouse dans le caveau affecté à la famille, situé sous la partie orientale de la chapelle de la Vierge.
1861 : Le tombeau de Napoléon est inauguré par Napoléon III
1862 : le tombeau de Joseph Bonaparte est aménagé. Il est installé dans la chapelle Saint-Augustin deux ans plus tard.
1904 : le cœur de la Tour d’Auvergne « premier grenadier de la République » est transporté dans le caveau des Gouverneurs. En 1927, il fut déplacé dans la chapelle Saint-Grégoire.
1915 : translation « provisoire » des restes de Rouget de l’Isle dans l’attendu du Panthéon.
1937 : achèvement du tombeau de Foch, dont les restes depuis sa mort étaient déposés dans le caveau des Gouverneurs.
1940 : le sarcophage du « roi de Rome » est rapporté d’Autriche sur l’ordre d’ Hitler et déposé dans la chapelle Saint-Jérôme.
1961 : la dépouille de Lyautey est transféré de Rabat à la demande de De Gaulle. Son tombeau, installé dans la chapelle Saint-Grégoire, est inauguré deux ans plus tard.
1967 : Dépôt des restes du maréchal Juin, dernière inhumation à portée symbolique des Invalides
1969 : on transfère les restes du « roi de Rome » dans la cella centrale, face au tombeau de son père.
1973 : inhumation du dernier gouverneur des Invalides décédé, Jacques de Grancey
1992 : transfert des cendres de Larrey provenant du Père Lachaise.
Depuis cette date, personne n’a été inhumé aux Invalides. La cour d’honneur sert néanmoins très régulièrement aux obsèques ou funérailles nationales, mais aussi aux hommages nationales (la population a du mal à faire la différence !), rendus de manière officielle lors du décès d’une personnalité. Depuis François Hollande, on assiste à une inflation de ces hommages dont l’usage politique n’est pas absent. Rien que sous la présidence Macron, sept cérémonies de ce type furent organisées aux Invalides pour Simone Veil, Jean d’Ormesson, Arnaud Beltrame, Claude Lanzmann, Charles Aznavour, Jacques Chirac et Jean Daniel, tous inhumés ailleurs bien évidemment.
L’EGLISE DU DÔME
Depuis 1861, sous le dôme et les coupoles, repose le corps de l’empereur NAPOLEON Ier dans six cercueils successifs à l’intérieur d’un sarcophage de quartzite rouge, dans une crypte à ciel ouvert creusée à cet effet au centre de l’édifice. En face, dans la partie inférieure, les cendres de son fils, le roi de Rome, Napoléon (II)
Y reposent [1] :
chapelle Saint-Jérôme
Jérôme BONAPARTE, roi de Westphalie
l’une carditaphe de son épouse, Catherine de Wurtemberg
C’est dans cette chapelle que l’on plaça les restes de l’Aiglon entre 1940 et 1969. C’est également ici que fut placé le cercueil de son père entre 1841 et 1861, dans l’attente de la réalisation de son tombeau.
l’urne carditaphe du général Victor Emmanuel LECLERC.
chapelle de la Vierge
TURENNE
chapelle Saint-Grégoire
le maréchal LYAUTEY
urne-carditaphe de la TOUR-d’AUVERGNE
chapelle Saint-Ambroise
le maréchal FOCH
chapelle Sainte-Thérèse
le carditaphe de VAUBAN
chapelle Saint-Augustin
Joseph BONAPARTE, roi d’Espagne
LA CATHÉDRALE SAINT-LOUIS-DES-INVALIDES
À partir de 1676 sur la demande de Louis XIV, l’église Saint-Louis a été ajoutée en tant qu’annexe au complexe. Elle a été construite par Jules Hardouin-Mansart, après la conception par Libéral Bruant, l’architecte de l’hôtel des Invalides. L’église, siège d’une paroisse du diocèse de Paris jusqu’en 1791 a été ouverte pour les soldats en 1679. Ils étaient tenus d’y assister à la messe quotidienne.
En 1967, le « vicariat aux armées françaises » devint indépendant de l’archevêque de Paris. Le vicaire aux armées devient évêque et l’église Saint-Louis obtint alors le statut de cathédrale du diocèse aux armées françaises.
Le chœur de la cathédrale Saint-Louis est le seul de toutes les églises et cathédrales qui soit, en permanence, orné de drapeaux français.
L’intérieur de la cathédrale ne possède aucun tombeau. Ce qui peut tromper les visiteurs, c’est que certaines de ses colonnes sont ornées de plaques commémoratives qui font penser aux non-initiés qu’il s’agit de sépultures. Toutes ces plaques honorent des officiers qui sont inhumés dans la crypte des Gouverneurs à une exception près, celle du maréchal de Lattre de Tassigny, qui repose à Mouilleron-en-Pareds (Vendée).
LE CAVEAU DES GOUVERNEURS
On accède à cette crypte par une entrée sous l’autel de la cathédrale. Autant le dire de suite : cette visite n’est pas une mince affaire, car elle est très rarement ouverte, y compris lors des Journées du Patrimoine. Si vous êtes intéressé, il vous faudra vous y prendre à l’avance et bien vous renseigner sinon, frustration garantie.
L’escalier descend vers un premier palier sur lequel se trouvent face-à-face les tombeaux des généraux DUROC et BERTRAND, gardant les portes monumentales menant au tombeau de l’empereur.
En bas de l’escalier, dans une crypte se situant en dessous de la chapelle Saint-Grégoire se trouvent les victimes de l’attentat de Fieschi.
La crypte Saint-Grégoire
À l’occasion de l’anniversaire de la révolution de Juillet, Louis-Philippe doit passer en revue la Garde nationale sur les grands boulevards. Malgré les rumeurs d’attentat, il refuse d’annuler la revue à laquelle il se rend entouré des aînés de ses fils, de plusieurs ministres, et de nombreux maréchaux et officiers. À la hauteur du n° 50 du boulevard du Temple, une « machine infernale », alignant 25 canons de fusils, et conservée aujourd’hui au musée des Archives nationale, est placée sur l’appui de la fenêtre d’une maison explose. Miraculeusement, le roi n’a qu’une éraflure au front, ses fils sont indemnes, tandis que le maréchal Mortier est tué sur le coup avec dix autres personnes. Parmi les dizaines de blessés, sept meurent dans les jours suivants.
Parmi ses victimes figure en particulier François-Marie Alexandre LABROUSTE (1762-1835), qui fut membre du Conseil des Cinq-Cents en 1796. Il fut choisi pour être consul provisoire mais malade, déclina cette mission. Nommé membre du Tribunat de 1799 jusqu’en 1807, il fut à ce titre un des acteurs de la proclamation de l’Empire. Il était le père des architectes Henri et Théodore Labrouste.
Louis Philippe qui a survécu à cet attentat décide de réaliser un caveau en hommage aux victimes. La mention de la profession ou de l’âge des victimes dénonce la violence aveugle de l’attentat. Quatorze d’entre-elles, dont le maréchal Mortier, reposent ici.
Avant d’arriver à la crypte stricto-censu, on passe dans un couloir contenant des plaques dorées indiquant les personnalités qui s’y trouvent ( la liste n’est pas exhaustive).
A l’origine, cette crypte n’était destinée qu’à abriter les dépouilles des gouverneurs des Invalides, morts en fonction puisqu’ils étaient nommés à vie (ce n’est plus le cas maintenant). Napoléon décida d’élargir sa vocation aux gloire militaires de l’Empire, fonction qui lui est restée de manière variable selon les époques. Globalement, à trois exceptions près (voir plus loin), deux siècles de dignitaires de l’armée reposent ici. On ne peut s’empêcher néanmoins d’avoir un regard plus acéré sur ceux le choix qui a été fait à toutes les époques :
En premier lieu, si l’on fait le détail entre l’église du Dôme et cette crypte, les absences sont criantes : pour l’Empire, une bonne partie des maréchaux les plus prestigieux sont ailleurs (en particulier au Père Lachaise). Pour la seconde partie du XIXe siècle, on remarquera des absences comme celle de Cavaignac (qui est à Montmartre), de Denfert-Rochereau (qui est à Montbéliard), de Boulanger (exilé en Belgique) ou de Galliffet (qui est à Montparnasse)… et que dire du XXe siècle, puisque Foch, Gallieni, Pétain, De Gaulle sont ailleurs...
Plusieurs raisons expliquent ces absences : la volonté de ces officiers (ou de leur famille) à reposer au milieu des leurs plutôt qu’ici ; leur parcours pas toujours très justifiable (c’est évidemment vrai pour un Boulanger ou un Pétain, mais aussi pour Galliffet, le boucher de la Commune, qui meurt en 1909 à une époque où la jeune République trentenaire veut honorer d’autres héros… Cependant, la « popularité » compte finalement modérément : les héros d’hier ne sont pas forcément ceux d’aujourd’hui ou demain, et cette crypte abrite également des individus de sinistre réputation (on pense par exemple à Nivelle ou à Denis Duchêne).
Pour remédier en partie à ces absences, on en revint à des pratiques d’un autre âge : celle de désolidariser les corps (qui restent dans leur tombeau) des cœurs, que l’on vient placer ici. On en compte un certain nombre.
Plus intéressant : on remarquera que Louis XVIII, Charles X, mais aussi la Seconde République utilisèrent peu les Invalides, trop associés à « l’Ogre Corse » alors que Louis-Philippe, qui durant tout son règne chercha à récupérer la gloire impériale (l’acte le plus notable étant le retour des cendres de l’empereur), n’hésita pas. La Première Guerre mondiale fut également une période durant laquelle on utilisa beaucoup les Invalides, volonté patriotique marquée par son anti germanisme, même si on peut rester parfois dubitatif sur l’identité de ceux qui reçurent les honneurs de la République : pourquoi eux et pas d’autres officiers ? A partir de 1945, le choix des Invalides fut moins évident, et la Seconde Guerre mondiale (et les conflits qui suivirent : Indochine, Algérie…) est largement sous-représentée aux Invalides. Sans doute qu’honorer des « héros militaires français » était passé de mode, sans compter que l’essentiel des guerres post-1945 furent des guerres coloniales.
La crypte des Invalides, comme tous les monuments symboliques de la République française, tel le Panthéon, ne saurait donc être vu comme un simple dépositoire, mais bien comme une mise en scène qu’elle donne d’elle-même. Les choix funéraires qui furent faits relèvent d’une écriture de l’histoire qui varia selon les orientations politiques et philosophiques de l’époque.
La crypte, que l’on pourrait imaginer immense, est en réalité de taille assez modeste. Elle se présente de la manière suivante :
au fond, central, un autel au pied duquel se trouvent un certain nombre de dalles (certaines quasiment illisibles) qui signalent la présence des restes des gouverneurs des Invalides de l’Ancien Régime, tous les anciens enfeus ayant été profanés sous la Révolution, sauf celui du premier gouverneur, François d’Ormoy, sans que l’on sache la raison de cet « oubli ».
sur les parois, 10 alvéoles de sept cercueil en enfeu (il reste un emplacement vide uniquement). Au pied de ces alvéoles, d’autres plaques signalent les anciens gouverneurs.
- Alvéole n°4
Sur des cippes en marbre, quelques carditaphes
La plupart des gouverneurs des Invalides
La page Wikipédia sur l’Hôtel des Invalides indique que tous les gouverneurs (sauf Sombreuil) reposent ici. Un peu rapide et nous allons voir que c’est faux [2] : 10 gouverneurs sur 40 décédés ne reposent pas ici.
Les gouverneurs des Invalides de l’Ancien Régime
Leurs tombeaux furent profanés sous la Révolution, et dont il ne reste aucune trace de la plupart :
1er (1670-1678) : François LEMAÇON d’ORMOY.
2e (1678-1696) : André BLANCHARD de SAINT-MARTIN de TALEY (1613-1696).
3e (1696-1705) : Nicolas d’ORANGE des ROCHES (1626-1705).
4e (1705-1728) : Alexandre de BOYVEAU (ca1660-1728).
5e (1728-1730) : Eugène de BEAULIEU de JAUGES (1656-1730).
6e (1730-1738) : Pierre de VISSECQ de GANGES (1652-1738).
7e (1738-1742) : Joseph de MORNAY de SAINT-ANDRÉ (1670-1742)
8e (1742-1753) : Jean Marie CORNIER de la COURNEUVE (1670-1753).
9e (1753-1766) : François d’AZEMARD de PANAT de la SERRE (ca1695-1766).
10e (1766-1783) : Jean Joseph SAHUQUET d’ESPAGNAC (1713-1783), qui dispose d’une plaque commémorative à l’intérieur de la cathédrale.
11e (1783-1786) : Charles Benoît de GUIBERT (1715-1786). Une plaque à l’intérieur de la cathédrale lui rend hommage.
12e (1786-1792) : Charles-François VIROT de SOMBREUIL (1727-1794) ne repose pas ici. Guillotiné, ses restes furent jetés dans la fosse commune désormais au cimetière de Picpus. Sa mémoire est évoquée ici par la présence ducœur de sa fille, Marie-Maurille de Sombreuil, « l’héroïne au verre de sang » !
De 1792 à 1796, les Invalides furent gérés par un conseil général d’administration
Les gouverneurs des Invalides post-Révolution
13e (1796) : le général Arnaud BAVILLE (1757-1813), commandant. Mort à l’hôpital de Magdebourg (Allemagne), il ne repose pas ici.
14e (1796-1797) : le général Louis-Adrien BRICE de MONTIGNY. Mort à Strasbourg (67), il ne repose pas ici et j’ignore où se trouve sa sépulture.
15e (1797-1804) : le général Jean-François BERRUYER (1738-1804). Il participa
à la guerre de Sept Ans à partir de 1757, eut la charge d’organiser le maintien de l’ordre lors du procès puis de l’exécution de Louis XVI, puis de la répression contre les Vendéens.
16e (1804-1815) : le maréchal Jean Mathieu Philibert SÉRURIER
17e (1816-1821) : le maréchal François-Henri FRANQUETOT de COIGNY.
18e (1821-1822) : le maréchal Louis-Antoine de LIGNAUD de LUSSAC (1755-1832). Mort à Orléans (45), il ne repose pas ici et j’ignore où se trouve sa sépulture.
19e (1822-1830) : le général Victor de FAY de La TOUR-MAUBOURG fut inhumé à l’ancien cimetière de Dammarie-les-Lys (77).
20e (1830-1833) : le maréchal Jean-Baptiste JOURDAN.
21e (1833-1842) : le maréchal Bon Adrien JANNOT de MONCEY
22e (1842-1847) : le maréchal Nicolas Charles OUDINOT.
23e (1847-1848) : le maréchal Gabriel Jean Joseph MOLITOR.
24e (1848-1852) : le prince Joseph BONAPARTE, inhumé dans l’église du Dôme des Invalides.
25e (1852-1853) : le général Jean-Thomas ARRIGHI de CASANOVA
26e (1853-1863) : le maréchal Philippe Antoine d’ORNANO.
27e (1863-1870) : le général Anatole de LAWŒSTINE (1786-1870) mort en fonction. Il refusa les honneurs des Invalides et fut inhumé au cimetière Montmartre de Paris (75).
28e (1870-1871) : le général Edmond-Charles de MARTIMPREY.
29e
(1871-1891) : le général Louis SUMPT (1816-1891).
30e (1891-1902) : le général Paul-Edouard ARNOUX (1902).
31e (1902-1919) : le général Gustave Léon NIOX (1840-1921), qui fut également historien militaire, ne repose pas ici mais dans la caveau familial du cimetière des Bruyères de Sèvres (92).
32e (1919-1923) : le général Pierre Gabriel MALLETERRE (1858-1923).
Combattant de la Première Guerre mondiale, il fut amputé de la jambe droite. Promu général de brigade en 1915, il fut nommé directeur du Musée de l’Armée. Il dispose dans l’église d’une plaque commémorative.
33e (1924-1944) : le général de brigade Augustin Eugène MARIAUX (1864-
1944), commandant puis gouverneur en 1941, mort en fonction. Personnalité originale, il avait été dans sa jeunesse compositeur et auteur de poésies et de chansons, et s’était produit dans les cabarets montmartrois. En tant que gouverneur, il tenta de soustraire les œuvres d’art des Invalides à la rapine allemande.
34e (1944) : le général Guy PINON (1888-1947). N’étant pas mort en fonction, il ne repose sans doute pas ici et rien ne le laisse penser [3].
35e (1944-1951) : général Antoine RODES (1870-1951).
36e (1951-1960) : général d’armée aérienne Jean HOUDEMON (1885-1960).
37e (1961-1962) : général André KIENTZ (1896-1962).
38e (1962-1964) : général Ralph MONCLAR (Charles Raoul Magrin-Vernerey :
1892-1964). Officier général français parmi les plus décorés, il s’illustra durant les deux conflits mondiaux, et particulièrement dans les rangs des Forces françaises libres. Il fut l’un des premiers officiers supérieurs à répondre à l’appel du 18 juin. Il commanda le bataillon français de l’ONU pendant la guerre de Corée.
39e (1964-1973) : général Jacques de GRANCEY (1894-1973), chef d’état-major
de l’armée des Alpes en 1940, il rejoignit la Résistance. Nommé en 1944 par de Gaulle chef militaire de la région Périgord-Limousin, il fut arrêté en mars 1944 par la Gestapo et déporté en Allemagne.
40e (1973-1991) : le général Gabriel de GALBERT (1912-2001). Il ne repose pas ici mais avec son épouse dans le cimetière d’Arradon (56).
Toujours parmi nous (pour information)
41e (1991-1996) : le général Maurice SCHMITT (né en 1930)
42e (1997-2002) : le général Bertrand de SAUVILLE de la PRESLE (né en 1937)
43e (2002-2009) : le général Hervé GOBILLIARD (né en 1941)
44e (2009-2014) : le général Bruno CUCHE (né en 1947)
45e (2014-2017) : le général Bertrand RACT-MADOUX (né en 1953)
46e (2017-...) : le général Christophe de SAINT-CHAMAS (né en 1959)
Des personnalités liées à la vie militaire française
Un président de la République
vingt cinq maréchaux de France
Achille BARAGUEY d’HILLIERS
Jean-Baptiste BESSIÈRES
Thomas BUGEAUD.
François CERTAIN de CANROBERT
Rémi EXELMANS
Emile FAYOLLE
Louis FRANCHET D’ESPÈREY
Marie-François FRANQUETOT de COIGNY (voir plus haut)
Jean-Baptiste JOURDAN (voir plus haut)
Alphonse JUIN
Jean-Ambroise BASTON de LARIBOISIÈRE
Philippe LECLERC de HAUTECLOCQUE
Armand-Jacques LEROY de SAINT-ARNAUD
Patrice de MAC-MAHON (voir plus haut)
Michel MAUNOURY
Gabriel MOLITOR (voir plus haut)
Edouard MORTIER (voir plus haut)
Georges MOUTON de LOBAU
Philippe-Antoine d’ORNANO (voir plus haut)
Nicolas OUDINOT (voir plus haut)
Aimable PÉLISSIER
Auguste REGNAUD de SAINT-JEAN-D’ANGÉLY
Horace SEBASTIANI.
Jean Mathieu Philibert SÉRURIER (voir plus haut)
Sylvain Charles VALÉE.
sept amiraux (dont deux amiraux de France)
Augustin BOUÉ de LAPEYRÈRE
Victor DUPERRÉ
Ernest FOURNIER (1842-1934), qui commanda l’escadre de la Méditerranée de
1898 à 1900, participa à la guerre franco-prussienne de 1870 et réprima la Commune.
Dominique GAUCHET (1857-1931), qui prit le commandement de l’escadre des
Dardanelles en 1915 lors du débarquement, puis dirigea la guerre navale dans toute la Méditerranée en succédant à Dartige du Fournet. Il fut un organisateur des convois pour contrer les attaques de sous-marins et organisa le blocus de la flotte autrichienne depuis Corfou. En juin 1917, il dirigea l’occupation du canal de Corinthe.
Emile GUÉPRATTE (1856-1939), qui commanda en 1915 la division de
complément de l’armée navale opérant dans les Dardanelles.
Ferdinand HAMELIN
Pierre RONARC’H (1865-1940), qui fut chargé en 1914 de commander la brigade
de fusiliers marins envoyée secourir l’armée belge. Il fut nommé chef d’état-major général de la marine, poste qu’il occupa jusqu’en février 1920. Il était l’oncle du vice-amiral Pierre-Jean Ronarc’h.
Sept ministres
L’amiral Augustin BOUÉ de LAPEYRÈRE (voir plus haut)
L’amiral Victor DUPERRÉ (voir plus haut)
Le général Adolphe GUILLAUMAT
L’amiral Ferdinand HAMELIN (voir plus haut)
Le maréchal Armand-Jacques LEROY de SAINT-ARNAUD (voir plus haut)
Le maréchal Auguste REGNAUD de SAINT-JEAN-D’ANGÉLY (voir plus haut)
Le général Pierre-Auguste ROQUES
Six gouverneurs de l’Algérie
Thomas BUGEAUD (voir plus haut)
Charles-Marie Denys de DAMRÉMONT (voir plus bas)
Patrice de MAC-MAHON (voir plus haut)
Edmond-Charles de MARTIMPREY (voir plus haut)
Aimable PÉLISSIER de MALAKOFF (voir plus haut)
Sylvain Charles VALÉE (voir plus haut)
Deux académiciens français
Louis FRANCHET D’ESPEREY (voir plus haut)
Alphonse JUIN (voir plus haut)
Trois personnalités qui n’étaient pas officiers militaires
Le baron LARREY
Claude ROUGET de l’ISLE
Geneviève de Gilbert de Meriac, qui était l’épouse du lieutenant-colonel major des Invalides de 1767 à 1793, dispose d’une dalle.
Des généraux qui s’illustrèrent sous la Révolution et l’Empire
Le comte d’Empire Baptiste-Pierre BISSON (1767-1811). Il repose au cimetière de Cuiseaux (71). Seul son cœur est ici.
- Carditaphe aux Invalides
Vincent Marcel de CONCHY (1768-1823) : soldat de la Révolution, général et baron de l’Empire, il mourut sous la Restauration lors du blocus de Pampelune. Son cœur se trouve ici.
Jean-Baptiste EBLÉ (1758-1812), baron de l’Empire, gouverneur de la province de Magdebourg ; il fut ministre de la guerre du roi de Westphalie Jérôme Bonaparte. Il dirigea l’artillerie de l’armée du Portugal sous les ordres du maréchal Masséna et fut chargé en 1812 de construire deux ponts de bateaux sur la Bérézina. Seul son cœur est ici : son corps repose dans l’Église catholique de Königsberg, en Allemagne.
Le cœur du général Jean Joseph Ange d’HAUTPOUL
Le cœur de Jean-Baptiste KLÉBER
Antoine de LASALLE (1775-1809), qui accumula les victoires contre les Prussiens puis en Espagne, et qui mourut frappé d’une balle en plein front aux dernières heures de la bataille de Wagram. Il avait déclaré « Tout hussard qui n’est pas mort à trente ans est un jean-foutre » : il dépassa de quatre ans la limite d’âge qu’il s’était lui-même fixée. Ses restes furent ramenés d’Autriche aux Invalides en 1891.
une partie des cendres du général MARCEAU
Des généraux qui s’illustrèrent durant les guerres coloniales
Charles-Marie Denys de DAMRÉMONT (1783-1837) : officier, il fit les campagnes napoléoniennes. En 1830, il fit partie de l’expédition d’Afrique commandée par Marmont. Nommé pair de France en 1835, Louis-Philippe le nomma deux ans plus tard « gouverneur général des possessions françaises dans le nord de l’Afrique ». Il fut mortellement touché par un boulet lors de la seconde expédition de Constantine. Lors de sa messe funéraire fut joué pour la première fois le Requiem de Berlioz. Une plaque illisible indique sa présence. A côté de l’autel, une boite en bois renferme son cœur.
Franciade DUVIVIER (1794-1848), qui fit l’essentiel de sa carrière en Algérie dans le cadre de la colonisation. En février 1848, le gouvernement provisoire le chargea de l’organisation de 24 bataillons de garde nationale mobile. Il résigna ces fonctions pour être représentant du peuple à l’Assemblée nationale pour le département de la Seine. Il défendit, en juin 1848, l’hôtel de ville de Paris contre les insurgés, mais reçut une balle dans le pied. Mal soignée, la blessure s’infecta rapidement et il en mourut.
Le cœur de François NÉGRIER
Des généraux qui s’illustrèrent sous le Second Empire
Louis BARAGUEY d’HILLIERS (carditaphe).
Des généraux qui s’illustrèrent lors de la Première Guerre mondiale
Albert d’AMADE (1856-1941) : Général « pacificateur » du Maroc (créateur des goum), gouverneur militaire de Marseille, commandant du Corps expéditionnaire d’Orient pendant la Première Guerre mondiale chargé de combattre l’Empire ottoman. Inhumé ici en 1951. Cénotaphe au cimetière de la Paillette de Libourne.
Antoine BEAUCHERON de BOISSOUDY (1864-1926), qui servit pendant la Première Guerre mondiale. Son fils Guy fut Compagnon de la Libération.
Emilien CORDONNIER (1858-1936), combattant de la Première Guerre mondiale.
Denis DUCHÊNE (1862-1950), combattant de la Première Guerre mondiale qui laissa le souvenir d’un caractère détestable.
Augustin GÉRARD (1857-1926), combattant de la Première Guerre mondiale.
Jean-Joseph HUMBERT (1862-1921), qui fut avant la Première Guerre mondiale un officier des armées coloniales.
LANGLE de CARY Fernand de (1849-1927), combattant de la Première Guerre mondiale.
Paul HENRŸS (1862-1943), combattant de la Première Guerre mondiale, commandant en 1917 de l’Armée française d’Orient, il prit une part considérable aux succès définitifs des Alliés en Orient, en particulier dans la capitulation de la Bulgarie et de la Hongrie.
Charles LANREZAC (1852-1925), combattant de la guerre franco-prussienne puis de la Première Guerre mondiale.
Paul MAISTRE (1858-1922), combattant de la Première Guerre mondiale, inhumé précédemment au cimetière de Bourbonne-les-Bains (52).
Louis Ernest de MAUD’HUY (1857-1921), combattant de la Première Guerre mondiale. Nommé gouverneur militaire de Metz au sortir de la guerre, il fut élu député du Bloc national pour le département de la Moselle le 16 novembre 1919, siège qu’il conserva jusqu’à sa mort. Il possède un cénotaphe au cimetière de l’Est de Metz (57)
Antoine de MITRY (1857-1924), combattant de la Première Guerre mondiale.
Paul-Marie PAU (1848-1932), combattant de la Première Guerre mondiale. Il dirigea en 1914 l’armée d’Alsace.
Gabriel PUTZ (1859-1925), qui fut avant la Première Guerre mondiale un officier des armées coloniales. Durant la guerre, à la tête d’un détachement de l’armée belge, il essuya près d’Ypres la première attaque par les gaz menée par les Allemands.
Pierre Xavier Emmanuel RUFFEY (1851-1928), combattant de la Première Guerre mondiale.
Maurice SARRAIL (1856-1929), combattant de la Première Guerre mondiale. Il fut commandant en chef des armées alliées d’Orient et joua un rôle déterminant en déposant le roi Constantin Ier de Grèce en 1917. Il devint haut-commissaire de la République française en Syrie et commandant en chef de l’armée du Levant en 1924. Ce laïque militant débuta mal avec les chrétiens du Liban pourtant francophiles. Il fut rappelé à cause de sa manière violente de redresser la situation lors de la révolte des Druzes.
Victor d’URBAL (1858-1943), combattant de la Première Guerre mondiale.
Des généraux qui s’illustrèrent lors de la Seconde Guerre mondiale
Le général Aubert FRÈRE (1881-1944) avait prit en 1925 la direction de l’École d’application des chars. Lors de l’invasion allemande, suite à la percée de Sedan il fut propulsé en mai 1940 à la tête de la 7e armée reconstituée entre la Somme et l’Oise, et se trouva à ce titre le supérieur de Charles de Gaulle. Après l’armistice, il resta dans l’Armée de Vichy et fut nommé gouverneur militaire de Lyon. Il présida le tribunal militaire de Clermont-Ferrand qui condamna de Gaulle à mort par contumace. Il fut le fondateur de l’Organisation de résistance de l’armée (ORA) en décembre 1942, après l’invasion de la zone Sud, dont il prit le commandement. En juin 1943, il fut arrêté par la Gestapo et incarcéré à Clermont-Ferrand. En août, il fut transféré à Fresnes, puis déporté au Struthof où il mourut de mauvais traitements. Il ne possède évidemment pas de tombeau, mais une plaque lui rend hommage dans les couloirs de la crypte.
[1] A partir de l’entrée, en suivant les aiguilles d’une montre.
[2] J’ai indiqué sur la page « discussion » de cet article sur Wikipédia cette erreur.
[3] Sur les registres des convois de Paris, on découvre que son corps fut porté le 7 août 1947 à Saint-Honoré-d’Eylau (où il s’était marié en 1922) où eurent lieu les obsèques. Sans trop y croire, j’ai fait le tour des registres journaliers de tous les cimetières parisiens, en vain. Peut-être faudrait-il voir du coté de Beautheil (77), où son père possédait un château.
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