Sud-Ouest : Les vedettes de nos cimetières
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Où se trouvent les dépouilles des personnages célèbres de notre département ? Un point, non exhaustif. La progression du nombre de crémations va sans doute donner bien du fil à retordre aux historiens de demain pour évoquer les lieux où sont supposés reposer les personnalités les plus célèbres de notre département. C’est ainsi. Les cendres de Bernard Giraudeau, l’acteur, réalisateur, écrivain rochelais décédé l’an dernier à Paris, ont été dispersées en mer, selon ses vœux. Celles de Georges de Caunes, mort à La Rochelle en 2004, ont été déposées dans une urne au cimetière de Coursan, dans l’Aude, où sa famille possédait une maison. Leur mémoire ne disparaît pas pour autant. Mais pour ceux qui ont besoin de savoir où se trouve la tombe des « gens qui ont compté » dans l’histoire du département, voici un petit tour d’horizon des cimetières, à l’occasion de la Toussaint.
1 Les disparus récents
Jean Tabary, le créateur d’Iznogoud, mort le 18 août dernier à l’âge de 81 ans, a été inhumé dans le cimetière de la commune où il résidait depuis une vingtaine d’années avec sa famille, Pont-l’Abbé-d’Arnoult. [à découvrir ici]
Décédé le 17 mars dernier à 80 ans, Claude Caillé, le fondateur du zoo de La Palmyre, a été enterré au cimetière des Mathes, la commune dont il fut le maire après que sa dépouille eut défilé dans les allées du parc zoologique.
Championne olympique du 400 mètres en 1968 à Mexico, Colette Besson était native de Saint-Georges-de-Didonne. La « petite fiancée de France » a été emportée par un cancer le 9 août 2005, alors qu’elle n’avait que 59 ans. Elle repose dans le cimetière d’Angoulins, commune où elle a passé les dernières années de sa vie et où réside toujours son mari, Jean-Paul Noguès.[à découvrir ici]
Michel Crépeau, l’emblématique député-maire de La Rochelle, a été enterré dans le petit cimetière rochelais de Saint-Maurice, le 1er avril 1999, deux jours après son décès et une semaine après s’être effondré à l’Assemblée nationale, victime d’un infarctus alors qu’il défendait les petits épargnants.
2 Les disparus historiques
Des milliers d’automobilistes roulent chaque jour sur la tombe de Jean Guiton sans le savoir. Le maire qui a tenu tête à Richelieu et à Louis XIII lors du Grand Siège de La Rochelle a été enseveli en 1954 dans un cimetière à la sortie ouest de la ville, très exactement là où a été tracée l’avenue Jean-Guiton. Un peu plus haut à l’ouest, dans le cimetière de Saint-Maurice où repose Michel Crépeau, se trouve également la tombe d’Eugène Fromentin (1820-1876), le peintre orientaliste rochelais et auteur de « Dominique », best-seller du XIXe siècle.
Autre écrivain, autre orientaliste, le Rochefortais Julien Viaud, alias Pierre Loti, a été enterré en 1923 dans le jardin de la maison des aïeuls, à Saint-Pierre-d’Oléron, après des funérailles nationales. Il n’était pourtant pas mort en Charente-Maritime mais à Hendaye où il a passé les dernières années de sa vie.
Parfois surnommé affectueusement le « petit père de la République », Emile Combes est à l’origine de la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’État. Il est aussi l’un des pionniers du radicalisme en Charente-Maritime. Mort à Pons en 1921, sa tombe s’y trouve toujours au cimetière. Un monument a également été érigé en sa mémoire près du donjon. Monument vandalisé en 2005 puisqu’on y a volé la tête sculptée représentant le chef de gouvernement.
20 kilomètres au sud, Emile Gaboriau (1832-1873), né à Saujon et considéré comme le père du roman policier à la française, repose au cimetière de Jonzac.
René Caillié a été enseveli dans le cimetière de Pont-l’Abbé-d’Arnoult, commune où il résida de nombreuses années. Il vivait alors chez un ami notaire. L’explorateur, premier occidental à revenir de Tombouctou, est mort à 39 ans à la Gripperie-Saint-Symphorien des suites des maladies contractées lors de ses voyages en Afrique.[à découvrir ici]
Au cimetière de Pont- l’Abbé toujours, repose un révolutionnaire « tombeur » de la Bastille en 1789, Jean-Martin Bienassis, dit Saintonge la Liberté. Joli pseudo pour un combattant du peuple.[à découvrir ici]
3 Tombes d’outre-mer et d’ailleurs
Inutile de chercher la tombe de Samuel Champlain dans le petit cimetière de sa commune natale, Brouage. Le fondateur de Québec a été enterré (1635) tout là-bas, de l’autre côté de la mer, d’abord dans une tombe provisoire en attendant que le monument définitif soit achevé. Mais, malgré de nombreuses fouilles, le tombeau définitif n’a jamais été retrouvé. Qu’importe, sa statue face au Saint-Laurent fait office de lieu de mémoire.
Juste avant sa mort en 1819, le révolutionnaire rochelais Jacques Billaud-Varenne, s’est réjoui d’être enseveli là, « sur une terre qui veut la liberté ». C’était à Port-au-Prince en Haïti.
Natif de Pons, le Saintongeais Théodore Agrippa d’Aubigné (1552-1630), écrivain et poète protestant, est allé mourir à Genève. Ancien ministre du Commerce, l’amiral Guy-Victor Duperré (1775-1846), dont la statue regarde le port de La Rochelle, sa ville natale, est mort à Saint-Servan, tout près de Saint-Malo et a été enterré aux Invalides après des funérailles nationales.
Les soldats russes de l’île d’Aix
On ignore toujours comment ils sont vraiment morts. Mais ils ont été enterrés là, dans le petit cimetière de l’île d’Aix : Nicolas Godoff, Alexis Krevenko, Igor Mathorin, Ilia Theuktistoff et Jean Voevodine sont cinq soldats russes embrigadés au fort Liédot pour actes de mutinerie. Engagés dans l’armée française en 1915 à la suite d’une sombre négociation entre l’État français et la Russie, ils se rebellèrent en 1917 pour les mauvais traitements infligés et parce que la révolution russe avait éclaté et leur donnait des idées.
Les meneurs de cette mutinerie furent donc emprisonnés dans l’île et certains y moururent. De maladie ? De représailles pour avoir tenté de s’évader ? Peut-être les deux. A proximité de leurs tombes, on peut également voir les sépultures de soldats sénégalais qui étaient peut-être leurs geôliers.
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