ROUGET de LISLE Claude (1760-1836)
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Faut-il encore présenter l’auteur de notre hymne national ? Rappelons le contexte : soldat en garnison à Strasbourg, au début de la Révolution, il fit la connaissance de Philippe-Frédéric de Dietrich, maire de la ville, dans une loge maçonnique. À la demande de celui-ci, il composa plusieurs chants patriotiques, dont Le Chant de guerre pour l’armée du Rhin, le 25 avril 1792, chanté par Philippe-Frédéric de Dietrich lui-même (et non pas par Rouget de Lisle) pour la première fois en public dans son salon.
Face à l’invasion des armées coalisées, l’Assemblée déclare la « patrie en danger », et les fédérés des provinces gagnent Paris pour participer à la défense de la Patrie. Des fédérés marseillais entonnent et répandent sur leur chemin le chant de Rouget de Lisle, qui était déjà parvenu chez eux. C’est ainsi que Le Chant de guerre pour l’armée du Rhin devient la Marche des Marseillois, puis La Marseillaise.
Ce que l’on sait moins, c’est qu’il fut quelques années plus tard, sous la Restauration, l’auteur d’un hymne royaliste (Vive le roi). Proche des monarchiens, favorable à une monarchie parlementaire modérée ; hostile à l’Empire, il fit plusieurs séjours en prison et échappa de peu à la guillotine.
Rouget de l’Isle fut le recordman du nombre de sépultures ! Qu’on en juge plutôt :
Lorsqu’il mourut en 1836, il fut inhumé dans l’ancien cimetière de Choisy-le-Roi, alors rue de Vitry. L’épée de capitaine du génie, entourée de branches de laurier, fut déposée sur le drap mortuaire avec la croix de la Légion d’honneur. Quatre personnes tinrent les coins du poêle : le général Blein, Louis Cantien Boivin, maire de Choisy-le-Roi, M. de Quer, ancien administrateur des armées, et le sculpteur Théophile Bra. Cette première tombe, selon les témoignages, était très simple : pas de pierre tombale, juste une croix en bois portant son identité.
En 1839, les Choisyens signèrent une pétition car le cimetière était devenu trop petit mais le Conseil municipal n’avait alors pas les fonds pour acheter un nouveau terrain afin d’y bâtir un cimetière plus grand. Inquiet pour la tombe de son ami, Blein obtint l’autorisation de placer les restes de Rouget de L’Isle dans un petit enclos situé à Thiais – commune voisine de Choisy-le-Roi – destiné aux membres de sa famille. Il commande alors un monument qui est béni en juin 1843, à l’occasion de l’anniversaire de la mort de Rouget de Lisle. Ce monument fut inauguré en mars 1844 espérèrent y voir transféré le corps, mais Blein mourut en 1845. La tombe de 1844 n’a donc jamais contenu les restes de Rouget de Lisle. La stèle était ornée d’une réplique en marbre blanc du médaillon représentant le profil de Rouget de L’Isle par David d’Angers, qui en avait exécuté une réplique et l’avait offerte à Blein. Après la mort de Blein, en 1844, sa fille se maria et quitta la région en emportant le médaillon de David d’Angers.
Un nouveau cimetière à Choisy-le-Roi fut ouvert rue Demanieux, en 1853. Le terrain de l’ancien cimetière fut aussitôt désaffecté et dut être repris en novembre 1863. Informé de la situation, Charles-Arthur Perrotin acheta une concession perpétuelle dans le nouveau cimetière et fit ériger un nouveau tombeau pour y recueillir les restes mortels de Rouget de L’Isle. Le 8 novembre 1861, le corps fut exhumé et placé dans une nouvelle tombe dans le nouveau cimetière. Celle-ci était recouverte d’une pierre tombale et d’une stèle surmontée d’un obélisque. Elle était décorée d’un médaillon en terre cuite de forme ovale avec le profil de Rouget de L’Isle, réplique de celui de David d’Angers. Cette tombe très abîmée est encore visible contre l’un des murs du cimetière.
- Le tombeau tel qu’il était à l’origine...
- ... et ce qu’il en reste !
Le conseil municipal de Choisy-le-Roi prit en 1901 la décision de remplacer la tombe par un monument en granit de Vire plus résistant aux intempéries. Ce troisième tombeau fut réalisé en 1902 sur les plans de l’architecte communal Léon Bonnenfant. Cette tombe portait elle-aussi un médaillon en bronze, une épée gravée et dorée, ainsi que quatre portées de la partition de la Marseillaise. Nouveau déménagement des restes de Rouget de l’Isle ! Ce monument est toujours visible dans le cimetière, toutefois depuis 1915, ce n’est plus une tombe mais un cénotaphe.
Si ce dernier avait servi dans l’armée - comme la très grande majorité des hommes de l’époque - rien n’autorisait a priori la présence de ses cendres aux Invalides. Mais en pleine guerre mondiale, la République française décida de faire de Rouget de L’Isle un symbole national. Le 14 juillet 1915, la France ordonna le transfert des cendres du compositeur au Panthéon. Pour être effective, la décision devait être entérinée par un vote des deux chambres. Problème : à cause de la guerre, le Sénat et l’Assemblée nationale ne pouvaient se réunir. Ses cendres furent donc provisoirement transférées aux Invalides en 1915. Une situation “provisoire”, qui dure depuis maintenant 115 ans !
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