Eglise SAINT-NICOLAS-DU-CHARDONNET
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Construite au XIIIe siècle (et reconstruite à partir du XVIIe siècle, l’église St-Nicolas est davantage connue pour être un bastion intégriste qu’un musée funéraire. Il possède néanmoins quelques oeuvres significatives dans ce domaine. En outre, de nombreuses personnalités y furent inhumées (même si, pour la plupart, il ne reste plus aucun témoignage de leurs tombeaux).
Ce que l’on peut encore y voir...
Jean de SELVE (1475-1529) : président du Parlement de Rouen, puis de celui de Toulouse, il négocia la délivrance de François Ier prisonnier de Charles Quint à Madrid. Il devint le premier président du Parlement de Paris. Son épitaphe, en latin sur marbre noir, est encore visible.
Jérôme BIGNON (1589-1656) : auteur, à l’âge de dix ans, d’une Description de la Terre Sainte remarquée, il fut nommé par Henri IV précepteur du Dauphin. Avocat général au Parlement de Paris, il fut nommé en 1642 grand-maître de la Bibliothèque du roi. Ses fils Jérôme et Thierry furent inhumés à ses côtés. Son tombeau, oeuvre de Girardon, se trouve toujours dans l’église... encore qu’il faille relativiser : le monument funéraire actuel comprant le buste de Jérôme Bignon, la Vérité et la Justice, deux statues de marbre placées à droite et à gauche, un bas-relief en pierre représentant Saint Jérôme se frappant la poitrine, et deux sculptures en demi-relief (la Foi et la Science) soutenant une couronne de chêne au-dessus d’un portrait de François de Sales. Le monument original, exécuté vers 1656, fut transporté jusqu’en 1796 au dépôt des Petits Augustins et exposé au musée des Monuments français. Lenoir le mentionna, par suite d’une confusion avec d’autres parties du tombeau qui étaient de la main de Michel Anguier, sous le nom de cet artiste. Le monument funéraire de Bignon, tel qu’il existe actuellement, a donc été composé par Alexandre Lenoir, lors de son séjour au musée des Petits Augustins. Le buste est la seule pièce qui faisait partie du tombeau primitif. Le tombeau fut rétabli en 1818 dans la seconde chapelle du chevet de l’église.
Charles LEBRUN (1619-1690) : élève de Vouet et protégé du chancelier Séguier, il se perfectionna à Rome sous la direction de Poussin. Après avoir servit Fouquet, il se mit au service de Louis XIV et devint Premier peintre du roi. Avec Philippe de Champaigne, il obtint du roi la fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture qu’il dirigea. En 1660, il participa à la création de la Manufacture des Gobelins et en devint également le directeur. En 1663, il fut nommé directeur de l’Académie royale par Colbert, qui souhaitait la réorganiser. En 1666 enfin, il fonda l’Académie de France à Rome. Lebrun est surtout connu pour la décoration intérieure du château de Versailles. Il est celui qui inventa et élabora les thèmes solaires omniprésents. On lui doit en particulier les peintures murales du plafond de la galerie des Glaces. Son tombeau, réalisé par Coysevox, est toujours visible. Ce monument funéraire est composé du buste de Charles Lebrun, de deux statues en marbre (la Piété et la Pénitence) et de l’inscription funéraire de Lebrun -et celle de sa femme- sur marbre noir. A la Révolution, le buste de Lebrun fut envoyé au dépôt des Petits Augustins, puis exposé au musée des Monuments français jusqu’en 1820, date à laquelle il fut remis à l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
Ce tombeau voisine avec celui de sa mère (+1668), exécuté sur ses plans par Gaspard Collignon : la mère du peintre y apparaît le jour du jugement dernier, sortant du tombeau en implorant le salut, alors qu’au-dessus d’elle un ange sonne la trompette et lui indique le ciel.
François DUCAUD-BOURGET (François Ducaud : 1897-1984) : prêtre de l’archidiocèse de Paris, il organisa en 1977 la prise de l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet pour en faire un lieu de culte où la messe tridentine serait seule célébrée. Il fut également l’auteur de poèmes et de pièces de théâtre. iL FUT est enterré dans le déambulatoire, un buste à son image surplombant sa pierre tombale.
Y furent inhumés (plus rien ne témoigne de leur présence ici)
Adrien BOURDOISE (1584-1655) : ecclésiastique français, il fut le fondateur du séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
Philippe CAFFIERI (1714-1774) : bronzier français, il réalisa de nombreux bronzes qui ornent le mobilier du style néo-classique qui émergeait à l’époque. Il a également réalisé des pièces (aujourd’hui disparues) pour les autels de Notre-Dame de Paris et de la cathédrale de Bayeux.
Michel de CHAMILLART (1652-1721) : protégé à la Cour par Madame de Maintenon, il intégra les services centraux de l’administration du royaume à Versailles. Il fut nommé contrôleur général des finances en 1699 et secrétaire d’État à la guerre l’année suivante : ces deux postes sont trop lourds pour ses minces compétences ; aussi fut-il écarté des affaires en 1708, en ce qui concerne les finances, et en 1709, en ce qui concerne la guerre. Son administration et le choix des généraux pendant la guerre de Succession d’Espagne (1701-1713) furent vivement attaqués.
Trois frères, membres de l’illustre famille de botanistes JUSSIEU, reposent ici sans que plus rien ne rappelle leur souvenir : Antoine (1686-1758), membre de l’Académie des sciences, qui expérimenta l’effet de certains plantes contre les fièvres ; Bernard (1699-1777), qui fut professeur de botanique au Jardin du roi et s’illustra également en zoologie (il fut le premier à avoir séparé la baleine des poissons et proposa un système de classification des espèces) et Joseph (1704-1779), qui accompagna, en tant que botaniste, Charles Marie de La Condamine, qui dirigea l’expédition chargée de mesurer à l’Équateur l’arc du méridien. Contrairement aux autres membres de cette expédition, il resta en Amérique du Sud afin d’y continuer ses études naturalistes et y demeura trente-six ans.
Nicolas LEGENDRE (1619-1671) : sculpteur français, membre de l’Académie dans laquelle il enseigna, il excella dans le travail du bois et fut souvent employé à la décoration des demeures royales.
René LE VOYER de PAULMY D’ARGENSON (1623-1700) : diplomate français, il fut ambassadeur à Venise. Il fut inhumé dans cette église tout comme son fils, Marc-René LE VOYER de PAULMY D’ARGENSON (1652-1721), qui fut ministre d’État et lieutenant général de police pendant vingt-et-un ans de 1697 à 1718. Il fut ensuite garde des Sceaux de 1718 à 1720 et président du Conseil des finances sous la Régence (son opposition au système de Law l’amena à démissionner). Membre honoraire de l’Académie des sciences (1716) et de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, il fut reçu à l’Académie française en 1718. Son corps fut inhumé dans cette église tandis que son coeur fut remis au prieuré de la Madeleine-du-Traisnel.
Le poète néolatin Jean de SANTEUL (1630-1697), inhumé primitivement en l’abbaye Saint-Victor de Paris, fut transféré dans cette église en 1818.
Le cimetière
Le cimetière Saint-Nicolas-du-Chardonnet ne se trouvait pas à côté de l’église, mais bordait la rue d’Arras où il était mitoyen du collège d’Arras. Un mur l’entourait au nord, à l’est et au sud tandis que sa façade ouest était fermée par une maison de cinq étages. De taille très modeste, il était occupé par par neuf fosses communes, chacune servant un an. Il était connu pour ses exhalaisons méphitiques qui lui valurent sa fermeture en 1790.
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