ASHFORD (Royaume-Uni) : Bybrook cemetery
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A la sortie du Tunnel sous la Manche, Ashford est bien trop près de Londres pour que l’on s’y attarde vraiment. C’est dans l’un de ses cimetières que repose néanmoins, malgré la brièveté de sa carrière, l’une des philosophes les plus influentes du XXe siècle.
Enseignante en philosophie, communiste anti-stalinienne, Simone WEIL (1909-1943) passa quelques semaines en Allemagne, au cours de l’été 1932, dans le but de comprendre les raisons de la montée en puissance du fascisme. À son retour, avec beaucoup de lucidité, elle exprima dans plusieurs articles ce qui risquait de survenir. Loin du confort, elle travailla comme ouvrière, s’engagea dans la guerre d’Espagne. En 1942, elle emmena ses parents en sécurité aux États-Unis, mais, refusant un statut qu’elle ressentait comme trop confortable en ces temps de tempêtes, elle fit tout pour se rendre en Grande-Bretagne et travailla comme rédactrice dans les services de la France libre.
Simone Weil se rapprocha peu à peu du christianisme, jusqu’à mener des expériences mystiques. Sa vie, comme son œuvre, auront consisté en un effort continu pour rétablir la légitimité de la rigueur intellectuelle dans la vie intérieure et celle de l’inspiration dans les sciences.
Atteinte de tuberculose, elle mourut d’un arrêt cardiaque au sanatorium d’Ashford, d’où sa présence ici, au fond du cimetière, quasiment contre le mur.
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