VERSAILLES (78) : le cimetière des Gonards
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Avec ses 12 hectares et ses 11 000 tombes, le cimetière des Gonards, ouvert en 1879, est à la fois le plus récent et le plus grand de la ville. Il se présente comme une vaste surface formant une pente remontant vers le haut du plateau. Il peut globalement se décomposer en trois parties :
les divisions à gauche de l’entrée constituent la partie la plus intéressante. Elles remontent progressivement vers le sommet du plateau, possèdent les tombes les plus anciennes ainsi que la quasi totalité des célébrités de la nécropole (que l’on trouve bordant l’allée marquant la limite haute du cimetière).
les divisions à droite de l’entrée sont occupées, pour une large part, par les tombes des soldats tombés lors des différentes guerres. On y trouve également une partie essentiellement composée de sépultures juives.
les divisions tout en haut du plateau, vastes quadrilataires bordées par des haies, sont plus récentes et offrent moins d’intérêt.
curiosités
Les hauteurs du cimetière offrent des vues dégagées sur la ville de Versailles. Malheureusement, ces vues ne donnent pas sur le château !
Histoire de la ville oblige, les familles de l’aristocratie et les congrégations religieuses sont bien représentées aux Gonards.
Il contient un très grand nombre de défunts anglo-saxons, lui donnant parfois un petit air de cimetière américain.
Les tombes militaires sont en grand nombre : une partie du cimetière est réservée aux défunts de confession musulmane, une autre aux Allemands.
Plusieurs parties de la nécropole sont réservées aux tombes d’enfants.
Sur le plateau, une partie du cimetière est réservé aux religieuses (reposant sous des tombes très simples), une autre partie, assez misérables, aux « Indigents », dont beaucoup de personnes âgées venant sans doute de maisons de retraite.
La chapelle d’Oyley, très travaillée, contient un gisant.
Les chapelles Devos-Logie et Mirand-Devos, qui sont des oeuvres d’Hector Guimard.
célébrités : les incontournables...
Beaucoup de « stars » dans ce cimetière, Versailles oblige...
Marc ALLÉGRET
Louis BLÉRIOT
Pierre BONAPARTE
Louis-François CARTIER
Eugène DELONCLE
Louis LÉPINE
Laurent MARQUESTE
Gabriel MONOD
Robert de MONTESQUIOU-FEZENSAC
Eugène WEIDMANN
Edith WHARTON
Le célèbre criminel Henri-Désiré LANDRU (1869-1922) avait été inhumé dans ce cimetière après sa décapitation à Versailles, à une époque où il existait une partie réservée aux condamnés à mort, qui se trouvait sensiblement dans le coin du cimetière, face à la tombe Cartier. Plus rien ne signale sa présence : l’administration du cimetière précise qu’elle ne possède plus aucune archive sur ce dernier, pas même l’ancien emplacement de sa tombe. Des bruits circulent : la famille aurait repris ses restes pour le réinhumer dans l’anonymat, il serait toujours ici, mais l’emplacement de sa tombe serait couvert par l’une des allées du cimetière... Bref, de quoi alimenter un peu plus le mystère autour de cette affaire !
On consultera aussi l’article sur le caveau de sa mère au cimetière d’Agen.
... mais aussi
l’artiste lyrique Anry BARAT (Henri Baraton : 1871-1929) et la peintre Lucie BOUSQUET-BARATON (1881-1976).
Abolhassan BANI SADR (1933-2021) : politicien iranien, ministre des Finances et ministre provisoire des Affaires étrangères en 1979 pour résoudre la crise des otages de l’ambassade américaine de Téhéran, à laquelle il s’opposait ; il fut élu en janvier 1980, président de la République à une très large majorité (76 % des voix), mais fut destitué en juin 1981 suite à un coup d’Etat des islamistes. Il s’exila en France et poursuivit son combat pour la démocratie en Iran. Il fut inhumé au cimetière des Gonards, à Versailles, en respectant sa dernière volonté qui était de reposer en France tant que la démocratie n’aura pas été instaurée en Iran.
L’architecte Clovis BRANCHU (1851-1899).
L’écrivain Emmanuel BROUILLARD (1963-2008) qui avait fondé, dans les années 1990, un journal humoristique, Le petit Brouillard illustré. Il collaborait à l’émission de France-Culture Des Papous dans la tête. Il était par ailleurs le conservateur en chef du Musée Botul, musée portatif où sont conservées les reliques imaginaires du philosophe Jean-Baptiste Botul.
Louise BRYANT (Anna Louisa Mohan : 1885-1936) : auteure et journaliste américaine aux sympathies communistes et anarchistes connue pour son radicalisme politique et ses prises de position féministes, elle publia tout au long de son existence des articles dans diverses revues de gauche radicale. Elle épousa le journaliste américain John Reed avec lequel elle fut témoin de la révolution bolchévique en Russie. Après la mort de ce dernier, elle épousa un ancien ministre du président Wilson, fréquenta les milieux lesbiens et fut contrainte à un divorce terrible dans lequel elle fut privée de sa fille. Sa fin de vie fut pénible, rongée par la maladie et l’alcool. Dans le film Reds, tourné en 1981, Diane Keaton joue le rôle de Louise Bryant tandis que Warren Beatty jour John Reed.
le tombeau de famille CHANCEL (où reposent Jules (1867-1944), journaliste et dessinateur pour enfants. Ses séries les plus connues sont Les enfants à travers l’histoire ou Les enfants aux colonies. Plusieurs de ses œuvres furent couronnées par l’Académie française ; son fils, le Compagnon de la Libération Jean-Louis (1899-1977), qui milita au sein de la ligue de la Solidarité française. Malgré cette orientation fasciste, son anti germanisme l’éloigna de toute sympathie à l’égard du nazisme allemand et l’amenèrent à la Résistance (il est porté sur sa tombe sous le prénom de Roger, l’une de ses identités dans la Résistance), et son second fils, le diplomate Ludovic (1901-1976), qui fut à plusieurs reprises ambassadeur de France (Haïti de 1950 à 1952, Irak de 1953 à 1954, Afrique du Sud de 1956 à 1958, Tchécoslovaquie de 1961 à 1964), mais également chef du protocole de la République française de 1958 à 1961 (l’année de décès portée sur la tombe est 1971 ?). [1]
Le journaliste de télévision Noël COPIN (1929-2007), qui fut également directeur de la rédaction de La Croix de 1983 à 1994, et président de la section française de Reporters sans frontières de 1994 à 2004.
Le lieutenant de parachustiste Roger DEGUELDRE (1925-1962), qui s’illustra en Indochine. Envoyé en Algérie, il fut le créateur et responsable des commandos Delta de l’OAS qui commirent l’attentat de Château-Royal dans la commune d’El-Biar, près d’Alger (dans la salle de réunion étaient rassemblés six dirigeants des centres sociaux qui furent alignés contre un mur de la cour et abattus à l’arme automatique). Arrêté, condamné à mort, il fut fusillé au Fort d’Ivry. Sa tombe est désormais un lieu de commémoration pour les nostalgiques de l’Algérie française.
La comédienne Hélène DIEUDONNÉ (18897-1980), qui fit carrière dans le théâtre mais que l’on vit également au cinéma (abonnée aux rôles de grands-mères affables) et surtout à la télévision (Janique aimée, Ardéchois, coeur fidèle).
Le Compagnon de la Libération Charles GONARD (1921-2016). En juin 1940, encore lycéen et exaspéré par la défaite, il tenta de rejoindre Londres, sans succès. En novembre 1941, il s’engagea dans la Résistance au sein du mouvement Combat. Il commença par porter des valises ou distribuer des tracts, avant de rejoindre d’autres mouvements de résistance à Paris. À Nice et Marseille, il entreprit des actions plus significatives : sabotages, exécutions de traîtres, attaques contre la Milice ou la Gestapo. En février 1944 il fut affecté au Comité d’action militaire (COMAC), où il fut chargé de réorganiser les groupes francs. A la tête d’un commando du COMAC, il exécuta avec un de ses hommes le collaborationniste Philippe Henriot. Il dut renoncer en revanche à exécuter Joseph Darnand à la gare de Lyon, « par crainte de faire des victimes dans la foule ». Parti en Indochine pour combattre les Japonais, il arriva après leur défaite et refusa de prendre part à la lutte contre les indépendantistes. Il publia dans Franc-Tireur un article contre la colonisation.
Paul HALLOPEAU (1876-1924), chirurgien chef à l’hôpital Trousseau « qui fit l’essai de la première automobile chirurgicale en 1914 ». Sa tombe est ornée d’un bas-relief circulaire.
l’écrivaine et dessinatrice Louise HERVIEU (1878-1954) avait été inhumée dans ce cimetière, mais la concession expirée ayant été reprise, plus rien ne signale sa présence. Elle avait fait les illustrations des Fleurs du Mal de Baudelaire, et on lui doit également, dans un autre domaine, la création du « carnet de santé ».
La poétesse et journaliste Lise LAMARRE (+1951), dont la tombe est ornée d’un médaillon en bronze.
la tombe, avec médaillon, de l’aviateur Bernard LAUGAROT (1880-1913).
Le collectionneur et bibliographe d’origine britannique, John Patrick Auguste MADDEN (1808-1889).
le peintre Raymundo de MADRAZO (1841-1920), qui était le beau-frère de Reynaldo Hahn.
Maurice MARTIN du GARD (1896-1970), le fondateur en 1922 des Nouvelles littéraires.
Benjamin MILHAUD (1865-1957), avocat et politicien de centre-gauche qui fut maire de Montpellier de 1929 à 1935. Dans le même caveau repose Pierre BREILLAT (1909-1986), conservateur en chef de la Bibliothèque de Versailles, à qui l’on doit plusieurs ouvrages sur la ville.
Jacques PELISSIER (1917-2008) : préfet des régions Languedoc-Roussillon (1964), Bretagne (1967) puis Rhône-Alpes (1972), ce proche de Jacques Chirac fut président de la SNCF de 1975 à 1981.
le militant communiste syndicaliste Théophile POTREAU (1895-1943), auteur de nombreux sabotages durant la guerre, qui fut fusillé au Mont Valérien.
le poète parnassien Armand RENAUD (1836-1895), amoureux de l’Orient et auteur des Nuits Persanes, qui fut mis en musique par Debussy et Saint-Saëns. Inhumé sous un buste très expressif de Crauk.
L’économiste Charles RIST (1874-1955), qui fut professeur d’économie politique à la Faculté de droit de Montpellier de 1899 à 1913, puis professeur d’économie politique, d’économie sociale et d’histoire des doctrines économiques à la Faculté de droit de Paris. Par la suite, il devint professeur à l’École libre des sciences politiques de Paris. Il fut l’auteur, avec Charles Gide, protestant comme lui, d’une Histoire des doctrines économiques dont la première édition parue en 1909. En 1926, il conseilla le Cartel des gauches et devint membre du Comité des Experts et Sous-gouverneur de la Banque de France. Représentant à la Conférence de Lausanne en 1932 et délégué français à la Conférence économique mondiale de Londres en 1932-1933, il fut également chargé de mission pour les gouvernements turc et espagnol par la suite. Il épousa la fille de Gabriel Monod, Germaine Monod, petite-fille d’Alexandre Herzen, et c’est dans le caveau de famille Monod qu’il repose.
Le comédien Georges SAILLARD (1877-1967), qui tourna des années 10 aux années 50.
le peintre d’histoire Abel TERRAL (1811-1886).
le journaliste TOUCHATOUT (voir tombeau Marqueste)
le syndicaliste Yves TOUDIC (1901-1944), tué sur la place de la République à Paris le 14 juillet 1944 lors d’une manifestation patriotique. Une rue de Paris porte son nom.
l’horticulteur Georges TRUFFAUT (1872-1948), fondateur en 1897 de l’entreprise éponyme ayant pour vocation d’appliquer au jardinage les techniques modernes. Son nom est aujourd’hui indissociable du jardinage éclairé.
Joseph-René VILATTE (1854-1929), connu pour son activité de fondateur de communautés ecclésiales (non reconnues par les Églises) et pour avoir ordonné évêque, sans autorisation, plusieurs personnes, aussi bien en France qu’en Amérique du Nord. Il fut aussi évêque de l’Église vieille-catholique.
un beau bas-relief sur la tombe du violoniste Johannes WOLFF (1861-1931).
La tombe de Louise Bryant provient du site http://www.versailles-france.com/
Merci à Jacky Allard pour celle d’Hélène Dieudonné, à cp pour les tombes Copin et Bani Sadr, et à Didier Brunet pour la tombe Chancel.
[1] Division F et 4° ligne Sud
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