NOÉ (31) : cimetière
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Le cimetière de Noé est dominé par la tragédie que représenta la présence d’un camp d’internement dans la commune.
Ce camp fut créé, en 1941, par le ministère de la Guerre, pour accueillir les républicains espagnols et les juifs victimes de la politique antisémite de Vichy. Il occupait un terrain de 14 hectares au nord du village de Noé. De février 1941 à juillet 1942, 2500 étrangers y ont été enfermés, pour moitié des juifs, pour moitié des républicains espagnols. Officiellement « camp-hôpital », il devait recevoir les internés trop âgés ou trop affaiblis pour supporter les conditions sanitaires déplorables des immenses camps de la zone sud comme le camp de Gurs. Très vite, la situation se dégrada en raison de nombreuses épidémies dues à la surpopulation. On estime qu’à Noé, entre 200 et 300 Juifs sont morts entre 1941 et 1944. Plus de 700 autres furent déportées dans les camps de la mort, dont elles ne revinrent pas.
Le camp fut délivré par les maquisards le 19 août 19442. Il fut ensuite utilisé pour l’internement de collaborateurs, avec les mêmes gardiens.
Il ne reste quasiment plus aucun vestige de ce camp. Les baraquements sont restés là, quasiment intacts dans les années 50 et 60. Les vestiaires du stade ont pris place dans un ancien baraquement, tout comme l’actuel centre aéré.
C’est finalement au cimetière que la mémoire de ce camp est la plus vive. L’industriel
Jean Baptiste Doumeng fit ériger un monument, œuvre du peintre Jacques Fauché, dans l’enceinte du cimetière, entre le carré juif et le carré espagnol, en mémoire de tous les internés enterrés en ce lieu.
Des monuments identifient les victimes. Le carré israélite est toujours visible.
Jean-Baptiste DOUMENG (1919-1987), membre du PCF et surnommé « le milliardaire rouge », fut maire de Noé. Révolté par la condition sociale des paysans, il adhéra au Parti communiste français et participa activement à la campagne du Front populaire. Il tint un rôle majeur dans un réseau de la résistance communiste destiné à faire évader les détenus politiques et les juifs du camp. Après la guerre, il devint l’un des plus grands patrons de l’agroalimentaire mondial. Sa fortune était due pour l’essentiel au commerce qu’il développa avec les pays du bloc de l’Est pendant la période de la guerre froide. Il fut l’un des seuls hommes d’affaires à disposer d’un bureau à Moscou malgré la présence du rideau de fer. Fort en gueule et doté d’une faconde truculente, il a contrôlé de facto et indépendamment du pouvoir politique la totalité du commerce agro-alimentaire entre la France et l’URSS des années 1960 à 1981, date à laquelle l’arrivée d’Édith Cresson au ministère de l’Agriculture qui marqua le début de la reprise en main par l’État de ces échanges commerciaux. Il fut également président du Toulouse Football Club de 1961 à 1967, date à laquelle il fit fusionner le club avec le Red Star Football Club, pourtant basé à Saint-Ouen (93).
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