LE 14 mai 1940, l’armée allemande perçait les lignes françaises à Sedan. Français et Allemands ont subi de grosses pertes au cours de quatre semaines de combats qui ont suivi. La plupart des morts ont été enterrés sur place, près d’un chemin, dans un jardin, non loin du poste de secours, parfois en forêt, au bord d’un layon, au pied d’un arbre… Certains ont été à demi ensevelis par l’éclatement de bombes ou d’obus à proximité de tranchées, de fossés ou de bâtiments abritant des soldats.
Sur toute la ligne de résistance, de Villy à Asfeld, des milliers de tombes étaient ainsi disséminées en divers lieux. Parmi les soldats qui sont tombés dans les Ardennes, un illustre « inconnu », Charles de Funès, le frère de Louis, le célèbre acteur, alias commissaire Juve… Charles De Funès était alors âgé de 32 ans. Il combattait à l’entrée de Sault-lès-Rethel, quand il est tombé sous la mitraille. La guerre terminée, son frère Louis, avait essayé d’inhumer son corps dans un cimetière national et non pas le long de la voie ferrée, au tunnel de Tagnon, là où il était tombé en 1940.

Louis de Funès ami de Rethel

Aujourd’hui, les enfants de l’acteur disparu, dont Patrick, auteur du best-seller Médecin malgré moi, nous raconte cet épisode : « Mon père adorait son frère, il venait régulièrement dans les Ardennes, il voulait qu’il soit enterré au cimetière militaire, et ce n’est qu’après maints courriers au ministère de la Guerre, qu’il obtint gain de cause en 1976. Du coup, mon oncle Charles a pu être enterré au cimetière militaire de Rethel.  » Le fils de Charles, Eddie, revient régulièrement à Rethel sur la tombe de son père. « En général, je viens le 30 mai, date anniversaire de sa mort.  ». Charles de Funès, est en réalité le seul soldat de la guerre 40 qui soit enterré au cimetière militaire où reposent uniquement des soldats victimes de la Première Guerre mondiale. « C’est vrai c’est une petite anomalie, reconnaît l’historien local Robert Marcy, mais Louis de Funès tenait absolument à ce que son frère ait une tombe décente. D’ailleurs il était sympathisant du comité des amis du musée de Rethel et chaque année nous recevions un chèque de 500 francs ».
Pour la famille de Funès, la mort de Charles fut une vraie douleur comme pour toutes celles qui ont perdu un homme, un ami à la guerre, et comme le relate Patrick de Funès, « Mon père en parlait beaucoup à la maison, d’ailleurs cela m’a fait rire, quand on a insinué qu’il était d’extrême droite, lui qui ne supportait pas les militaires. Les Français se sont admirablement battus contre les Allemands. Cette débâcle de 1940 n’était que le fruit d’erreurs de stratégie de l’état-major. Mon oncle a été envoyé à l’abattoir par ses chefs  »

La tombe de Charles De Funès est située tout en haut, du cimetière militaire de Rethel, sur la dernière ligne de croix à droite.