VOUZIERS (08) : cimetière civil
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Saluons l’intelligence de la commune de Vouziers qui, par une plaque, indique les tombes intéressantes du cimetière.
La "star" du lieu est bien évidemment Roland GARROS (1888-1918). Ce serait en revanche une erreur de croire que c’est dans le tennis que Roland Garros acquit ses titres de gloire ! Dans le cyclisme, à la rigueur, dont il fut champion de France en 1906 ! S’il joua bien au tennis, ce fut en amateur.
En réalité, cet aviateur français fut l’un des pionniers de l’aviation. Pilote reconnu, il enchaîna les meetings et les compétitions aéronautiques. Il passa à la postérité pour avoir réussi, le 23 septembre 1913, la première traversée de la Méditerranée en avion en partant de Fréjus, en 7 heures et 53 minutes. À bord de son Morane-Saulnier H, malgré un moteur qui subit deux pannes, au large de la Corse et au-dessus de la Sardaigne. Il lui restait 5 litres d’essence quand il se posa à Bizerte.
La Première Guerre mondiale le fit naturellement pilote de guerre : il remporta quatre victoires. Son expérience lui permit d’apporter des améliorations qui eurent un grand impact sur le développement de l’aviation de guerre, comme le système de tir de mitrailleuse à travers l’hélice. Une panne le contraignit d’atterrir en territoire occupé et il fut fait prisonnier avant d’avoir pu détruire son avion. Il ne parvint à s’évader qu’au bout de trois ans, fut à cette occasion le co-fondateur de l’Union Nationale des Évadés de Guerre et reprit vite sa place dans l’escadrille « SPA26 » du fameux groupe des « Cigognes ». Il fut tué lors d’un combat aérien le 5 octobre 1918 à Saint-Morel dans les Ardennes, près de Vouziers où il fut enterré. Un obélisque à sa mémoire fut érigé en 1919.
- Tombe originelle de Roland Garros.
De manière plus globale, Roland Garros repose au sein du carré militaire du cimetière, où se trouvent 158 militaires décédés majoritairement dans les hôpitaux allemands lors de la Première Guerre mondiale [1]. Y reposent également 73 soldats russes, un Roumain et un Britannique.
Au centre du cimetière, le monument aux morts de la guerre de 1870 est en fait une tombe sous laquelle reposent vingt-et-un soldats français.
Peu d’ornements dans ce cimetière. Quelques tombes originales.
- Un véritable musée de l’art sulpicien !
Signalons la tombe de l’avoué Jean-Baptiste Taine, père de l’académicien Hippolyte Taine.
Quelques autres personnalités reposent ici :
Pierre-Augustin CHERVIN (1786-1848) : marchand de bois, il fut commandant la garde nationale puis maire de Vouziers de 1834 à 1843.
Nicolas Constant GOLZART (1758-1827) : député des Ardennes pendant près de 18 ans, avec quelques interruptions, il traversa les régimes, très différents, de la première République (il fut ainsi député à l’Assemblée nationale législative siégeant avec les Feuillants, et membre du conseil des Cinq Cents), du Consulat, du premier Empire et de la restauration de la monarchie.
Le prêtre Jean LEFLON (1893-1979), qui fut professeur d’histoire à l’Institut catholique de Paris en 1943. Homme d’études ayant une prédilection marquée pour les sciences, il s’est intéressé à la vie de Gerbert d’Aurillac et d’Eugène de Mazenod ainsi qu’à la Révolution française. En 1956, il devient maître de recherches au C.N.R.S., puis directeur de recherches en 1960. Il fut élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1966. Il repose dans la tombe Ladame.
L’ancien maire de Vouziers Louis Eugène PÉRONNE (1832-1892), qui fut député (1877-1881) puis sénateur (1882-1892) des Ardennes, sur les bancs de la gauche républicaine. Sa tombe est désormais quasiment illisible.
[1] Les Ardennes étaient entièrement occupées et gérées par une administration allemande.
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