SAINT-SATURNIN (63) : cimetière
par
Charmant petit cimetière dans sa gangue forestière, dont on apprend par une pierre à l’entrée qu’il date de 1890.
Y reposent :
Jacques BARDOUX (1874-1959) : fils d’Agénor Bardoux, ancien ministre de l’instruction publique et l’un des fondateurs de la IIIe République ; Chef de cabinet du maréchal Foch pendant la première guerre mondiale, il fut chargé après la victoire de nombreuses missions officielles. Professeur à l’Ecole des sciences politiques et à l’Ecole supérieure de guerre, il fut élu en 1925 à l’Académie des sciences morales et politiques. Elu en 1938 sénateur du Puy-de-Dôme, il assura la liaison avec la France libre en tant que secrétaire du Groupe des résistants du Sénat. A la libération il participa aux travaux des deux Assemblées constituantes. Député du Puy-de-Dôme de 1946 à 1956, il était le beau-père d’Edmond Giscard d’Estaing, et donc le grand-père de Valéry Giscard d’Estaing. Ne sachant pas qu’il reposait là lorsque j’ai visité le cimetière, je ne l’y ai pas cherché et ne l’ai pas identifié en passant devant sa tombe.
Blanche SELVA (1884-1942) : originaire des Pyrénées-Orientales, sa rencontre à seize ans avec Vincent d’Indy fut déterminante et celui-ci la nomma professeur de piano à la Schola Cantorum en décembre 1901. Elle partagea avec d’Indy, tout au long de son existence, les valeurs essentielles de l’art au point d’être considérée comme sa « fille spirituelle » et elle devint sa principale interprète.
Si Bach et César Franck furent ses compositeurs préférés, elle joua avec la même foi Rameau, Couperin, Schumann, Chopin, en extasiant chaque fois l’auditoire. Elle interpréta aussi Debussy, Ravel, Honegger, Rachmaninov, Smetana. Elle ouvrit ses programmes à son « mentor » Vincent d’Indy, mais également à ses amis compositeurs de la Schola Cantorum. Nombre de compositeurs lui dédièrent des œuvres et lui en confièrent la création : Albert Roussel, Paul Dukas, Albéric Magnard, Jean Roger-Ducasse... Pour Déodat de Séverac, ami et compositeur proche en esprit dont elle acheva la dernière œuvre et écrivit une monographie, elle créa aussi plusieurs de ses compositions pour piano.
Elle composa très peu, des mélodies, des pièces pour piano et un oratorio. Admirée des grands pianistes de son temps, elle fut, à son époque, une des pianistes française les plus renommées. Ainsi, elle sillonna la France et l’Europe pour donner des concerts et des récitals, souvent accompagnés de conférences explicatives.
De 1920 à 1924, elle se consacra à la promotion en France de la musique tchèque et fit connaître en Europe centrale la musique française. Elle partagea son temps entre le poste de professeur au conservatoire de Strasbourg, un autre à Prague et à l’École normale de musique de Paris. Parallèlement, elle fonda sa propre école en formant des professeurs diplômés selon sa méthode. À la fin de l’année 1924, elle s’installa à Barcelone où elle fonda sa propre académie, mais dut quitter la Catalogne en 1936 en raison de la guerre civile. Elle s’installa à Saint-Saturnin où elle demeura jusqu’à son transfert dans un hospice à Saint-Amant-Tallende (dans le Puy-de-Dôme) où elle décéda dans la solitude et un dénuement certain.
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