SCEAUX (92) : cimetière
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Bien que de dimension modeste (un peu plus de 2 hectares), le cimetière de Sceaux est passionnant. Il dispose en tout premier lieu d’un conservateur d’une rare gentillesse qui fait faire le "tour du propriétaire" à tous les visiteurs de passage qui semblent intéressés (il regrette de voir beaucoup moins de monde depuis le transfert des Curie au Panthéon). Ayant tout à fait conscience de l’importance du patrimoine communal que représentent les champs de repos, il est un infatigable promoteur du passé de Sceaux : il fut l’un des auteurs d’une brochure sur le cimetière que l’on ne trouve malheureusement plus au Syndicat d’initative de la ville. Ce cimetière possède encore des sépultures anciennes, qui lui donnent un véritable caractère. En outre, un grand nombre de célébrités y ont élu domicile.
Curiosités
Une sépulture de Bavarois morts lors de la guerre de 1870, ce qui n’est pas si fréquent dans les cimetières français.
un monument aux morts français de cette même guerre qui figure une croix formée par l’intersection de la hampe d’un drapeau et d’un fusil.
une tombe, rare mais abîmée, en terre céramisée rose orangée, datée de 1927, appartenant à la famille des céramistes Bigot.
Le cimetière possède la tombe de plusieurs proches de célébrités inhumés ailleurs : Georges Franck, professeur d’histoire de l’art et fils de César Franck, l’épouse et le fils de Charles Peguy, qui résida à Bourg-la-Reine ; les descendants de Pierre Loti, la première épouse de Pierre Bellemare...
Célébrités inhumées : les incontournables...
Victor BALTARD
Augustin-Louis CAUCHY
Marie CURIE
Pierre CURIE
Ernest DENIS
Jean-Pierre CLARIS de FLORIAN
Irène JOLIOT-CURIE
Jean-Frédéric JOLIOT-CURIE
Emmanuel LEROY-LADURIE
Henry Ossawa TANNER
VALENTIN le désossé (Jules -et non pas Jacques- Renaudin)
... mais aussi
Nicolas Alexandre BARBIER (1789-1864) : peintre français très oublié qui travailla pour Louis-Philippe : le château de Chantilly possède certaines de ses oeuvres. Il fut en outre le père du librettiste de Gounod, Jules Barbier, inhumé à Chatenay-Malabry.
Le paléographe et archiviste Elie BERGER (1850-1925).
Le médecin Paul BERGER (1845-1908).
André BRULE (1879-1953) : acteur de cinéma (il tourna des années 10 aux années 30) mais aussi de théâtre : il fut à l’origine de l’existence du Théâtre de la Madeleine, institution qu’il dirigea.
Le biologiste Yves DELAGE (1854-1920), membre de l’Institut.
Le chimiste Jean FLAHAUT (1922-2015)
Charles GOUJON (1912-1957) : l’un des plus prestigieux pilotes d’essais français, combattant aux 193 missions de guerre et aux 5.000 heures de vol. Il périt en vol lors d’une mission d’essai.
Le poète Alexandre GUINLE (1884-1957). Il fut également librettiste et critique littéraire. Avec lui repose son fils Pierre (1940-2012), qui fut critique de cinéma.
Le linguiste Victor HENRY (1850-1907), qui enseigna dans diverses facultés dont celle de la Sorbonne à Paris.
Charles IMBERT des MOTTELETTES (1799-1861) : juriste belge qui repose sous un tombeau très ouvragé.
Le peintre et lithographe Czesław Borys JANKOWSKI (1862-1941)
Jean-Marie LE CHEVALLIER (1936-2020) : Après avoir été proche des courants giscardiens, il rejoignit le Front national. Sous cette étiquette, il fut élu député européen en 1984 et député du Var en 1997. Il devint maire de Toulon en 1995, le parti d’extrême droite remportant ainsi pour la première fois une ville de plus de 100 000 habitants. Il quitta le FN en 1999 et perdit son mandat local deux ans plus tard. Catholique traditionaliste, il fleurissait chaque année la tombe du maréchal Pétain sur l’île d’Yeu.
L’homme de lettres Henri LEMAITRE (1881-1946), qui fut bibliothécaire à la Bibliothèque Nationale et professeur à la Faculté des lettres de l’Institut catholique de Paris.
Ladislas LEWKOWICZ (1880-1939) : tour à tour entrepreneur, inventeur, industriel et passionné d’aviation et d’automobile, il aménagea en 1920, à Châtenay et Sceaux, le quartier dit des "Sablons" et fit, à ce titre, construire une centaine de pavillons. Il baptisa les rues du quartier du nom d’aviateurs connus (Garros, Pégoud ou encore Guynemer) et de prénoms de membres de sa famille (Marguerite, sa seconde épouse et Jacqueline, sa fille). Il fit fabriquer des pièces automobiles, des vêtements civiles et militaires : à ce titre, il fut l’inventeur du Sidal (envers de ladis), un matériau qui servit pendant la guerre de protection contre les gaz de combat. À l’issue de la guerre, il reconvertit son procédé à la confection vestimentaire. Dans la même tombe repose le producteur Bernard MARÇAY (Bernard Competissa : 1925-2020).
La poétesse Françoise LUCOT (1923-2009).
Edmond MORIN (1824-1882) : peintre et graveur français. Son tombeau, fort abîmé, possède un buste de lui, oeuvre de Doublemard. 2017 : la tombe a été rénovée et le buste remis à sa place.
Le marquis Hippolyte MORTIER de TREVISE (1840-1892), dont le père avait fait construire l’actuel château de Sceaux. Il repose dans un enclos rouillé auprès de son épouse, Louise Jenny Gabrielle de Belleyme, petite-fille de Louis-Marie de Belleyme. Sa présence est néanmoins également indiquée dans le tombeau de famille de la 28ème division du Père Lachaise.
Le scientifique Maurice ROSEAU (1982-2015), membre de l’Académie des Sciences. Ses recherches portèrent sur la théorie des ondes et vibrations non linéaires.
Claude SEIGNOLLE (1917-2018) : écrivain, folkloriste et éditeur, il a commencé par collecter le patrimoine légendaire des régions françaises avant de développer une œuvre littéraire personnelle. Il résida en Sologne, où il recueillit les traditions locales qui lui inspirèrent plusieurs ouvrages. Il est considéré comme l’un des meilleurs « fantastiqueurs » français, avec notamment La Malvenue et Le Rond des sorciers. Grâce à l’éditeur belge Marabout, Seignolle conquit un vaste public avec des recueils de nouvelles comme Histoires vénéneuses, Contes sorciers et Histoires maléfiques.
Plusieurs membres de la famille belge Serruys reposent dans plusieurs tombeaux différents :
Daniel SERUYS (1875-1950) fut un universitaire et haut-fonctionnaire français. Maître
de conférences de philologie grecque, puis directeur d’études à l’École pratique des hautes études historiques et philologiques, il fut élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1949. Il fut en outre Haut-commissaire à l’Économie nationale du 15 septembre 1939 au 20 mars 1940. Délégué du maréchal Hubert Lyautey pour l’exposition coloniale de 1931, il présida de 1944 à 1947 le Comité de l’empire français.
Avec lui repose sa soeur, Yvonne SERUYS (1873-1950), sculptrice qui exposa à Paris au Salon. Son œuvre représente deux cent cinquante statues, ainsi que plus de trois cents pièces en verre. Membre active du Salon des artistes français, elle y rencontra celui qui devint plus tard son mari, l’écrivain et journaliste Pierre Mille, qui ne repose pas avec elle ; son autre sœur Jenny BRADLEY-SERUYS (1886-1983), agent littéraire internationalement connu qui fut un train d’union entre les auteurs et les éditeurs de Paris et ceux de New York. Elle fut l’épouse de William Aspenwall Bradley. Elle aida également James Joyce qui était dans le besoin ; Max SERRUYS (1905-1985), fils de Daniel, qui fut ingénieur et professeur de mécanique au CNAM.
William Aspenwall BRADLEY (1878-1939) fut directeur artistique et conseiller littéraire, époux de Jenny Serruys (voir plus haut). Il fut l’auteur de plusieurs ouvrages et brochures sur l’art et en particulier sur les estampes et les gravures, mais aussi de recueils de poésies. Il repose dans un autre caveau de famille.
Le biologiste Jean SOLOMIDÈS (1911-1979), connu pour avoir développé et commercialisé en toute illégalité des médicaments dont l’efficacité n’a pas été prouvée, et condamné à ce titre à plusieurs reprises.
Elisabeth SONREL (1874-1953) : peintre française de talent, son oeuvre mystique et allégorique n’est pas sans rappeller ses influences préraphaélites. Elle fut également portraitiste.
Paul de TCHITCHAGOFF (1767-1849) : amiral russe et ministre de la marine du tsar, il s’opposa à Napoléon puis s’installa en 1822 à Sceaux. Sa dalle, usée et anonyme, devrait être prochainement restaurée.
- Tombe rénovée (2019)
- Photo JM Albert
Eugène TRAIN (1832-1903) : architecte français, il se spécialisa dans la réalisation des édifices scolaires. A ce titre, on lui doit à Paris le collège Chaptal, le lycée Voltaire, bon nombre d’écoles parisiennes ainsi que les autels des églises Saint-Augustin, la Madeleine, et Passy.
L’académicien Louis de VIEL-CASTEL (1800-1887)
Le journaliste polonais Zigmunt ZAREMBA (1895-1967), qui fut un militant et un des cadres du parti socialiste polonais. Il fut également député en Pologne, avant de s’installer en France en 1946.
Merci à Olivier Camus pour les photos Le Chevallier, Seignolle, Solomidès et Lewkowicz.
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