CLICHY-LA-GARENNE (92) : cimetière sud
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Le cimetière sud de Clichy n’est sans doute pas le plus étonnant à visiter dans la petite couronne parisienne. Pas le plus gai non plus : à gauche de l’entrée, au sein d’une végétation de moins en moins domptée, se révèle la partie la plus ancienne du cimetière. Il faut dire que cette nécropole est d’âge vénérable : elle résulte du transfert du cimetière situé près de l’ église Saint Médard en 1819. Elle fut agrandie à plusieurs reprises (1847, 1860, 1896) pour atteindre sa superficie actuelle. Jusqu’en 1870, le cimetière fut commun à Clichy et Levallois-Perret.
Longeant les voies ferrées, la bordure recèle quelques tombes d’enfants abandonnées depuis longtemps : la tristesse qui émane des lieux n’est pas sans rappeler le paysage assez similaire de la partie ancienne du cimetière de Saint-Ouen. Près de là, un carré militaire où s’allignent, impeccables, les rangées de stèles.
Petite histoire du cimetière sudCe petit paragraphe est issu du site de la ville de Clichy
La création du Cimetière Sud remonte aux années 1810-1815. Auparavant l’ancien cimetière se trouvait autour de l’église Saint-Sauveur Saint-Médard, sur l’emplacement de l’église Saint-Vincent de Paul, sur une partie du boulevard et jusqu’au parterre devant le supermarché. Le premier cimetière Sud avait une superficie de 1 200 m² de terrain. Il se situait entre la route de la Révolte (Boulevard de Douaumont) et la rue des Cailloux, qui, à cette époque, traversait le territoire de Clichy et de Courcelles (Levallois-Perret).
En 1844, on achète des terres de l’autre côté de la rue des Cailloux, pour agrandir le cimetière. Le quartier ne cesse de se transformer tout au long des années et de nouvelles rues à Clichy apparaissent. Les modifications s’arrêtent pendant la guerre de 1870, et pendant la période de la commune de Paris.
En 1872, la première porte principale du cimetière sud est édifiée avec la construction de la maison du Conservateur, face à la rue des Cailloux. Un dernier agrandissement du cimetière Sud fut mené en 1897- 1898. L’entrée est déplacée au centre de la rue Chance Milly. Le pavillon du Conservateur et l’auvent ont été dessinés par Bertrand Sincholles,architecte voyer de la ville. On a planté quatre rangées d’arbres le long de la rue Chance Milly pour faire une promenade.
Curiosités
— Peu de surprises globalement. La statuaire est réduite à peu de choses :
- une allégorie féminine tenant bouquet et palme sur le monument aux morts. L’oeuvre, de F. Andrieu, fut fondue par les ateliers Barbedienne.
- un double médaillon de profil sur la tombe Baudrillart.
- le buste en bronze sur colonne de granit de l’aviateur Williams Girard, oeuvre de Ruchot.
— Contre le mur du cimetière, dans la partie ancienne, trois plaques commémorent des événements de l’histoire de la ville, rappelant sa vocation ouvrière mais également les tensions violentes des années 30 :
- un hommage de la population clichoise aux morts de la Commune.
- une plaque à la mémoire de Tahar Acherchour (1908-1936), jeune algérien assassiné lors d’une grève dans une usine de Clichy, sans doute par des membres de la Cagoule proches du fils du patron. Il fut inhumé à Saint-Ouen.
- une plaque à la mémoire de six victimes tombées lors de la fusillade de Clichy, le 16 mars 1937 : des policiers tirèrent pour disperser une contre-manifestation organisée par les communistes et les socialistes locaux en protestation d’une réunion organisée à Clichy par les membres du PSF, anciens Croix-de-feu.
Les célébrités : les incontournables...
Ne cherchez pas Mesrine : il est au cimetière Nord.
Reposent ici le frère et les grands-parents de Michèle Morgan.
... mais aussi
Le peintre paysagiste italien Ermando BELLANTONIO (1900-1980).
L’acteur Paul BISCIGLIA (1928-2010), spécialisé dans des seconds rôles, qui eut près de 200 films à son actif.
L’abbé Ferdinand François CHATEL (1795-1857), ecclésiastique schismatique, fondateur en 1831 de l’Église catholique française. Le mouvement, principalement appuyé sur la contestation de l’autorité pontificale, présentait un caractère modérément novateur (liturgie en français, dénonciation des injustices sociales, etc.), et finit par prendre un tournant doctrinal orienté vers l’unitarisme. Elle fut dissoute en 1843. Il passa ses dernières années avec sa femme (car il s’était marié) dans la pauvreté. Sa chapelle, en piteux état, est recouverte de dessins obscènes.
Le militant homosexuel Jacques Alexandre LEMONNIER (1923-2006), qui en créant l’association « les Gays retraités » dont il fut le premier président, posa la question de l’âge dans une communauté très tournée vers le jeunisme.
Le comédien LHÉRITIER (Romain Thomas : 1809-1885), qui fut pendant 51 ans membre de la troupe du théâtre du Palais-Royal.
Georges QUICLET (1899-1981), jeune aide-comptable d’une entreprise de Clichy, qui fonda en France en 1927 avec le père Guérin la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), à l’image de ce qui avait été créé en Belgique par l’abbé Cardijn.
Le médecin Louis Félix Henri SECOND dit FÉRÉOL (1825-1891), qui fut membre de l’Académie de médecine.
Le peintre Tomaso SARTI (1904-1990).
Le militant révolutionnaire Alexis VIOLET (Jean-Michel Mension : 1934-2006), qui fonda avec Alain Krivine la Ligue Communiste, devenue par la suite -et après dissolution- la Ligue Communiste Révolutionnaire.
Photos Chatel - Violet - Bisciglia : M. Beleyme
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