TORTONI Famille
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Le Café Tortoni de Paris est un café parisien qui a connu un très grand succès au XIXe siècle. Ses propriétaires successifs, d’origine italienne et glaciers de profession, ont fait de cette maison un « établissement de luxe ouvert à tous ». Là se retrouvaient des hommes politiques, des intellectuels, boursiers, dandys, femmes du monde et parfois des cocottes, ou demi-mondaines. Situé à l’angle du boulevard des Italiens et de la rue Taitbout (respectivement aux n° 22 et n° 2), le Café Tortoni était au centre des lieux d’animation de la vie parisienne, à proximité de l’Opéra et de la Bourse. Il avait été créé par un glacier vénitien, Gaëtan Baldisserd Velloni (1750-1827) qui le confia à François Tortoni, avant de lui vendre en 1804.
Trois générations de Tortoni se succédèrent comme propriétaires.
- Arbre généalogique dressé par Gérard Aubry
François-Xavier-Laurent TORTONI (1767-1818) et Marie Delaban (1777-1817)
Né à Rome, il était le fils de Gervais Tortoni et de Victoire Romaine. Cette dernière avait eu deux autres filles d’un autre lit, Cléria et Marguerite Mattéi. Ce fait est important car Cléria Mattéi épousa Jean-Simon Gérard : ils furent les parents du célèbre peintre François Gérard, qui épousa sa propre tante Marguerite !
En 1804, nous l’avons vu, il devint le seul maître du café, qui désormais portait son nom. Il eut un grand succès dès l’Empire, et la renommé montante du peintre Gérard, son neveu mais également son « demi-beau-frère », y fut sans doute pour quelque chose. François-Xavier transforma le 2, rue Taitbout. Au rez-de-chaussée, il ajouta de petits salons particuliers et, au premier étage, un grand salon de billard, dont un certain Spolar fit la réputation. Sur le boulevard, en terrasse, il installa tables et chaises en paille où élégantes en calèche et hommes du monde s’arrêtaient, discutaient, tout en savourant des glaces.
Il perdit sa femme Marie Delaban en novembre 1817 et la fit inhumer au Père Lachaise, dans la « pièce de la Cave », nom que l’on donnait à l’époque aux divisions 49, 52 et 53 (actuellement la 49ème division).
- Registre d’inhumation journalier du Père Lachaise.
L’année suivante, sans doute dépressif et surmené, il se suicida le 30 décembre 1818 et il fut inhumé avec elle.
- Registre d’inhumation journalier du Père Lachaise.
- Il m’a fallu de l’énergie pour nettoyer et parvenir à déchiffrer la mention de son identité sur la colonne brisée. On y lit (difficilement) que repose « avec son épouse » François Laurent Tortoni, décédé le 30 décembre 1818.
Leur tombe existe encore dans la 49e division, fatras lapidaire qui au gré des saisons (et de la mousse) devient illisible.
François-Aldégonde TORTONI (1800-1876) et Adèle Charbonnier (1803-1866)
- François Aldégonde, portrait attribué à François Gérard.
Fils unique et héritier du couple, il reprit l’établissement de la rue Taitbout : c’est lui qui en fit une institution. En 1822, il épousa Adèle Charbonnier. Elle lui apporta en dot un vaste domaine issu de l’ancienne seigneurie de Rosoy-en-Multien, village situé à 55 km au nord-est de Paris. Dès la fin des années 1820, à la tête d’une belle fortune, il investit à Rosoy, dans son nouveau domaine qu’il transforma partiellement en résidence d’agrément. En 1830, il devint maire de Rosoy et le resta pendant quarante-quatre ans.
Sous la Restauration, Louis-Philippe et Napoléon III, le Café Tortoni devint l’endroit le plus en vogue de Paris. Toute l’élite le fréquenta : George Sand y rencontra son futur mari, Talleyrand aimait le « petit salon bleu » et le salon de billard, le jeune Adolphe Thiers y venait parader à cheval... Pour tout lecteur des ouvrages du XIXe siècle, impossible de ne pas connaître le café Tortoni : il est cité par Stendhal dans Le Rouge et le Noir, par Dumas dans Le Comte de Monte-Cristo, par Flaubert dans L’Éducation sentimentale, par Hugo dans Napoléon le petit, dans les Contes du jour et de la nuit de Maupassant ; apparaît dans la plupart des romans de Balzac, de Proust...
- Chez Tortoni par Manet
- Tortoni vu par Willette
Après la mort de sa femme Adèle, en 1868, après la fin de l’Empire et la guerre de 1870, il semble s’être retiré des affaires. Il abandonna sa charge de maire en 1874 et mourut à Paris deux ans plus tard. Il fut inhumé près de son épouse dans le nouveau cimetière de Rosoy qu’il avait créé, en tant que maire, dès avant 1866.
Louise Elisa TORTONI (1824-1900) et Ferdinand Louis Gervais [1] (1817-1877)
Fille unique et héritière du couple. Après la guerre de 1870, le couple Tortoni-Gervais resta propriétaire, mais n’était plus gérant du Tortoni, qui avait « su se maintenir », « sinon dans sa splendeur passée, du moins comme possédant encore une clientèle choisie. C’était le rendez-vous du turf et du sport. Le café fut finalement mis en vente en 1892 : en 1893, lorsqu’il ferma ses portes, l’International Herald Tribune annonça : « Tortoni a disparu de Paris aujourd’hui. Le café du coin du boulevard des Italiens et de la rue Taitbout, renommé pendant plus d’un siècle comme le haut lieu des grands noms de la littérature, des arts, et de l’aristocratie, sera remplacé par le café Brébant ».
- Le lieu aujourd’hui
- A la place du café Tortoni se dresse aujourd’hui le siège de BNP Paribas.
Elle mourut peu de temps après et fut inhumée avec ses parents à Rosoy.
Source et photo du tombeau de Rosoy-en-Multien : Wikipedia.
[1] Malgré la proximité d’activités, aucun lien avec Charles Gervais.
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