CHÂTEAUROUX (36) : cimetière Saint-Denis
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Le cimetière Saint-Denis, ouvert en 1819, est la plus ancienne nécropole de la ville et la seule qui soit situé « intra muros ».
Son plan répond aux différentes phases d’agrandissements. Beaucoup de vieilles tombes ont été conservées, sévères et sombres tombeaux de familles sur un sol sablonneux clair en contraste.
On notera la présence en très grand nombre de militaires, et en particulier de familles d’officiers. Plusieurs familles de l’aristocratie ont également leur tombe ici, ce qui donne à certaines bordures un air monumental.
Curiosités
Deux carrés militaires y sont aménagés près de l’entrée principale.
Plusieurs ossuaires égrènent les noms de ceux qui n’ont plus de tombe.
Célébrités : les incontournables...
Aucune
C’est dans ce cimetière que fut inhumé le plus humblement du monde le maréchal de France Bertrand, avant que son corps ne soit transféré en 1847 aux Invalides.
... mais aussi
Gabriel-Albert AURIER (1865-1892) : écrivain, poète, critique et théoricien de l’art français de la fin du XIXe siècle, il fut, avec Alfred Vallette et son ami, le poète et critique d’art, Julien Leclercq, l’un des fondateurs du Mercure de France, dans lequel il publia de nombreux articles sur des peintres alors peu connus : Paul Gauguin, Van Gogh, Puvis de Chavannes, Gustave Moreau, Monet, Renoir, Berthe Morisot. Il écrivit le premier un article sur Vincent van Gogh. Figure incontournable du premier symbolisme, Aurier révéla au public les impressionnistes. Il mourut de la fièvre typhoïde à l’âge de 27 ans. Ses amis accompagnèrent le cercueil jusqu’à la Gare d’Orléans (devenue aujourd’hui le musée d’Orsay) d’où il fut ramené en train jusqu’à Châteauroux pour être inhumé dans le caveau familial.
Joseph BELLIER (1854-1936) : maire de Châteauroux de 1900 à 1908, puis de 1925 à 1936, il fut député de l’Indre de 1902 à 1910.
L’homme de lettres Henry BERTON (1874-1943).
La dresseuse de fauves et charmeuse de serpents Sarah CARYTH-RANCY (1897-1979). Son premier époux, le dompteur Gino Spiny (Henry Pigault de la Mesnardiêre :1898-1932), mort dans un accident de voiture, repose au cimetière de Saint-Lactencin (36).Elle épousa ensuite André Rancy, de la célèbre dynastie circassienne, mais il ne repose pas avec elle. Pour en savoir plus.
Dans la massive chapelle Charlemagne repose quatre générations de député : Jérôme LEGRAND (1746-1817), ancien député du Tiers Etat, qui proposa le principe de l’Assemblée Nationale. Il fut en 1806 à nouveau député de l’Indre au Conseil des Anciens. Avec lui repose son gendre, Jean-Claude CHARLEMAGNE (1762-1853), député de 1815 à 1823 ; Edmond CHARLEMAGNE (1795-1872), fils du précédent, député de 1831 à 1851, et Raoul CHARLEMAGNE (1821-1902), son fils, député de 1859 à 1878.
L’aventurier Adolphe COMBANAIRE (1859-1939), qui explora de nombreuses fois l’Asie du Sud-Est, se lança dans de nombreuses entreprises d’exploitation (hévéa, gutta-percha...), et laissa de nombreux ouvrages, en particulier sur l’Indochine.
François DURIS-DUFRESNE (1769-1837) : beau-frère du maréchal Bertrand, officier lui-même, il fut membre du corps législatif de 1804 à 1809, puis député de l’Indre de 1827 à 1834, siégeant à gauche. D’abord favorable à la Monarchie de Juillet, il passa ensuite dans l’opposition. C’est dans son tombeau de famille qu’avait été inhumé initialement le maréchal Bertrand, avant son transfert aux Invalides.
Le journaliste François GERBAUD (1927-2010), qui fut député gaulliste du département de 1967 à 1973, puis sénateur de 1989 à 2008.
Le sculpteur Narcisse GIRAULT-DUPIN (1836-1898), qui s’illustra dans les reconstructions d’édifices religieux de la région. Son œuvre principale est sans nul doute les chapiteaux néoromans de l’église Notre-Dame de Châteauroux en 1882.
Eugène GRILLON (1800-1868) : maire de la ville, il fut député du département de 1848 à 1851.
Ernest NIVET (1871-1948) : élève de Rodin, ami de Camille Claudel et de François Pompon, ce sculpteur fut l’auteur d’une oeuvre marquée par la paysannerie idéalisée, proche de celle que l’on retrouve dans les romans de George Sand. Il fut également l’auteur de nombreux monuments aux morts de la région. La ville lui offrit des funérailles grandioses. Il repose sous une de ses oeuvres.
Le cimetière possède plusieurs tombeaux de la famille Patureau-Miran(d). Dans l’un d’entre-eux repose l’ancien maire de Châteauroux Joseph PATUREAU-MIRAN (1873-1945), qui fut également député de l’Indre à plusieurs reprises entre 1910 et 1932. Dans le même tombeau repose son frère, Anselme PATUREAU-MIRAN (1875-1958), qui fut également député de 1919 à 1924.
Pierre-Auguste Olinde PETEL (1836-1897), assistant et gendre d’Alexandre Dumas.
Dans le caveau de famille des Ratouis de Limay (et Cadet de Limay) repose Louis RATOUIS de LIMAY (1863-1951), qui fut le conservateur et le réorganisateur du musée de la ville.
Le poète Maurice ROLLINAT (1846-1903), qui reçut les conseils de Georges Sand, une amie de son père. Il se rendit à Paris et commença à publier des poèmes. Les premiers (Les Brandes, 1877) décrivent l’aspect paisible de la nature berrichonne, alors que plus tard, Les Névroses, nettement plus noirs, s’inscrivirent dans la lignée d’Edgar Poe et de Charles Baudelaire, dont il mit d’ailleurs plusieurs poèmes en musique. Ce dernier recueil lui valut la reconnaissance littéraire parisienne. Il entra alors dans le groupe des Hydropathes, fondé par Émile Goudeau, où se rassemblaient de jeunes poètes décadents se voulant anticléricaux, antipolitiques et antibourgeois. Malade et fatigué, il se retira pourtant dans la Creuse. Il repose auprès de son père, l’avocat François ROLLINAT (1806-1867), grand ami de George Sand, qui fut député de l’Indre dans l’Assemblée de 1848. Il transmit sa nature taciturne et dépressive à son fils.
Le peintre paysager Paul RUE (1866-1954).
Le député montagnard de la Convention Guillaume THABAUD-BOISLAREINE (1755-1836), le seul de la délégation Indrienne a avoir voté la mort de Louis XVI. Membre du Conseil des Cinq Cents, puis du Corps législatif, il fut fait baron d’Empire. Son tombeau est l’un des plus anciens du cimetière.
Just VEILLAT (1813-1866), peintre et surtout fondateur du musée de la ville. La famille Veillat a fait don, vers 1819, d’une parcelle pour que soit aménagé le premier cimetière communal de la ville à condition de pouvoir disposer d’un cimetière privé. Ce cimetière privé existe toujours mais il est cerné par les agrandissements successifs du cimetière communal.
Merci à Monique Moreau pour les compléments photos (Rue, Petel et Combanaire).
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