Chapelle du COLLÈGE DES QUATRE NATIONS
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En face du Louvre, auquel il est relié par la passerelle piétone du pont des Arts, le palais de l’Institut offre une belle perspective. Cet édifice est né de la volonté (et de la fortune) d’un homme : le cardinal Jules MAZARIN (Giulio Mazarini : 1602-1661), qui poursuivit auprès du jeune Louis XIV l’affirmation de l’absolutisme royal développé par son prédécesseur Richelieu auprès de Louis XIII.
A la fin de sa vie, soucieux de perpétuer la gloire de son nom, Mazarin décida l’édification d’un édifice aussi prestigieux que ceux laissés par son prédécesseur et son modèle, Richelieu, qui avait fait construire la chapelle de la Sorbonne et le palais Royal. Ainsi lègua-t-il par testament au jeune Roi Louis XIV une somme importante (plus de deux millions de livres) pour l’édification d’un collège, destiné à recevoir soixante jeunes nobles venus des quatre provinces conquises sous le ministère de Mazarin, rattachés à la France par les traités de Westphalie (1648) et des Pyrénnées (1659) : Artois, Alsace, Pignerol et Catalans du Roussillon et de Cerdagne. Il devait donc porter le nom de Collège des Quatre-Nations. En plus de ce collège, Mazarin voulait que l’établissement contînt une Académie où l’on enseignerait escrime, équitation et danse. Enfin, son tombeau devait reposer dans la chapelle de ce bâtiment, tout comme celui de son modèle, Richelieu, se trouvait dans la chapelle de la Sorbonne.
Mazarin s’éteignit au château de Vincennes. Sa dépouille et son coeur restèrent en dépôt provisoire dans la Sainte-Chapelle du château de Vincennes.
La réalisation du collège fut confiée à Le Vau, premier architecte du Roi, protégé de Colbert, et approuvé de Mazarin de son vivant. Les travaux débutent en 1663, ceux de la chapelle en 1664. Ils avancèrent très lentement, et quand l’architecte mourut en 1670, il n’était pas achevé et ne le furent que deux ans plus tard. La bibliothèque colossale de Mazarin déménagea dans l’étblissement, la fameuse bibliothèque mazarine, qui selon les dispositions de Mazarin fut ouverte deux jours par semaine au public.
Enfin, les restes de Mazarin furent transférés dans la chapelle en 1684, tandis que son coeur était déposé dans la chapelle du couvent des Théatins de Paris dont il avait été le fondateur. Celle-ci se trouvait à l’emplacement actuel du quai Voltaire : détruite, il n’en reste plus rien, et il en est de même du coeur de Mazarin. Sous la Révolution, les cendres de Mazarin furent jetées à la voirie tandis que le tombeau et tous les emblèmes de la monarchie et de la religion étaient détruits. Alexandre Lenoir (toujours lui) parvint à récupérer et à reconstituer ce tombeau dans son Musée des monuments français. Par la suite, il rejoignit le Louvre où il demeura jusqu’en 1964.
En 1806, Napoléon fit transférer dans ce bâtiment l’Institut de France, résultant de la fusion en 1795 des cinq académies (Académie française, Académie des inscriptions et des belles lettres, Académie des sciences, Académie des Beaux-Arts et Académie des sciences morales). Il prit alors le nom qu’il a gardé jusqu’à nos jours, le Palais de l’Institut. Siège de l’Académie française, c’est sous la coupole de la chapelle que se déroule la cérémonie solennelle de présentation des nouveaux membres.
Le tombeau
Oeuvre des sculpteurs Coysevox, Tuby et Le Hongre, le monument funéraire de Mazarin ne fut terminé qu’en 1693, soit plus de trente ans après sa mort. Initialement prévu pour être érigé au centre de l’édifice, sous la coupole, le cénotaphe trouva place dans une chapelle latérale. Le monument a été remis à son emplacement d’origine en 1961.
Il représente le cardinal dans un geste d’offrande de sa personne (la main gauche sur le coeur, la main droite en avant) à coté d’un ange tenant le faisceau du licteur.
Sur la droite, on reconnaît le chapeau de cardinal. Dans la partie inférieure, les trois figures féminines de bronze sont des allégories de Vertus (la Prudence, la Paix et la Fidélité).
Au dessus du cénotaphe, de la plaque commémorative et de la tête de mort, sont figurées les grandes armes du cardinal (encadrées par les représentations de la Religion et de la Charité) omniprésente dans l’Institut : le faisceau de licteur d’or lié d’argent avec sa hache et ses trois étoiles d’or.
Dans cette même chapelle furent également inhumés plusieurs membres de sa famille : ce fut le cas de sa nièce Hortense MANCINI (1646-1699), qui fut le premier amour du jeune roi Louis XIV. Considérée comme l’une des plus belles femmes de son temps, cette femme enjouée et aventurière passa l’essentiel de sa vie à fuir le mari que lui avait donné son oncle, Armand-Charles de La Porte de La Meilleraye (1632-1713), qui était à l’opposé austère et bigot. Neveu de Richelieu, il avait hérité grâce à ce mariage de toute la fortune de Mazarin, à la condition d’abandonner son nom et ses armes en prenant les noms et titres du Cardinal. Hortense voyagea à Rome, en Savoie, puis finalement en Angleterre : son époux eut le dernier mot puisqu’il fit revenir ses restes à Paris et les fit inhumés à cet endroit, qu’il rejoignit lui-même quatorze ans plus tard. Il ne reste strictement plus rien de leur présence dans cette chapelle.
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