Les Bourbon et Orléans
par
Henri IV le Grand (1553-1610) : roi de Navarre, puis roi de France de 1589 à 1610. Avec lui monte sur le trône la dynastie des Bourbon, héritière du trône de Navarre. Il fut inhumé dans la basilique Saint-Denis (il est le dernier monarque pour lequel on procède à l’exposition de l’effigie) tandis que son cœur fut placé dans l’église Saint-Louis du collège des Jésuites de la Flèche. Un monument très postérieur (1840) rappelle sa présence à Saint-Denis, composé du moulage d’un buste d’après un modèle de B. Tremblay et d’un autre moulage imité du monument funéraire de Christophe de Thou. Quant à sa tête, elle connut après les profanations révolutionnaires d’étonnantes aventures avant de revenir, en 2011 seulement, à Saint-Denis rejoindre le corps. Sa première épouse, Marguerite de Valois, la fameuse « Reine Margot », sœurs des rois précédents, fut elle aussi inhumée à Saint-Denis où une plaque rappelle sa présence (une inscription gravée pour le musée des Petits-Augustins d’Alexandre Lenoir, datant de la fin du XVIIIe siècle), tandis que son cœur fut déposé aux Augustins réformés de Paris. Sa seconde épouse, Marie de Médicis, fut inhumée dans la cathédrale de Cologne, puis rapatriée dans la basilique Saint-Denis, tandis que son cœur était placé, comme pour celui de son mari, dans l’église Saint-Louis du collège des Jésuites de la Flèche, et ses entrailles dans la chapelle des Trois Rois de la cathédrale de Cologne. A Saint-Denis, la présence de la souveraine est rappelée par une épitaphe en vers commandée par Alexandre Lenoir. Les cœurs des souverains furent brûlés durant la révolution mais les cendres, conservées, furent replacées dans les niches des monuments.
- Cénotaphe de Henri IV - Saint-Denis.
- Carditaphe de Henri IV - La Flèche. Source : Stéphane.Thomas.
- Carditaphe de Marie de Médicis - La Flèche. Source : Stéphane.Thomas.
- Plaque funéraire de Marguerite de Valois - Saint-Denis.
- Epitaphe de Marie de Médicis - Saint-Denis.
Louis XIII le Juste (1601-1643) : roi de France et de Navarre de 1610 à 1643. Il fut inhumé en la basilique Saint-Denis (où plus rien ne rappelle sa présence), son cœur fut placé dans la maison professe des Jésuites de la rue Saint-Antoine (actuelle église Saint-Paul-Saint-Louis) et ses entrailles dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Son épouse, Anne d’Autriche, fut également inhumée à Saint-Denis tandis que son cœur était déposé dans l’abbaye du Val-de-Grâce de Paris.
Voir également les reliefs du carditaphe de Louis XIII au Louvre
- Plaque carditaphe de Louis XIII - Saint-Paul-Saint-Louis.
Louis XIV le Grand (1638-1715) : roi de France et de Navarre de 1643 à 1715. Il fut inhumé en la basilique Saint-Denis, son cœur fut placé dans la maison professe des Jésuites de la rue Saint-Antoine (actuelle église Saint-Paul-Saint-Louis) et ses entrailles dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. A Saint-Denis, son monument cénotaphe fut réalisé entre 1841 et 1842. Il est orné d’un médaillon d’après François Girardon. Son épouse, Marie-Thérèse d’Autriche, fut inhumée à Saint-Denis tandis que son cœur était déposé dans l’abbaye du Val-de-Grâce de Paris. Un monument en provenance de l’église Saint-Séverin, rapporté en 1840, lui tient lieu de cénotaphe à Saint-Denis. Louis XIV se remaria morganatiquement avec Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon, qui fut inhumée dans la chapelle de la maison royale Saint-Louis de Saint-Cyr (78) qu’elle avait créée : elle fut tout d’abord enterrée dans l’allée centrale de l’église de la Maison Royale de Saint-Louis. Une longue épitaphe, composée par l’abbé Vertot, fut inscrite sur la dalle de marbre noir. Son tombeau et son corps furent profanés durant la Révolution. Ses restes furent à nouveau inhumés en pleine terre en 1802 et on lui édifia un nouveau tombeau, qui fut à nouveau détruit en 1805. Les quelques restes furent placés dans un coffre et relégués pendant trente ans dans le débarras de l’économat. En 1836, elle a droit à un troisième tombeau dans un mausolée de marbre noir placé dans un renfoncement du choeur de l’église. En 1895, son ancien tombeau est restauré et on y place toutes les reliques (ossements et bouts de tombeau) que l’on a pu y trouver. En 1944, après les bombardements qui ont détruit l’école, ses restes sont à nouveau déplacés pour Versailles. En 1969, ultime voyage, ils sont placés devant l’autel de la chapelle restaurée du jeune Collège Militaire de Saint-Cyr.
- Cénotaphe de Louis XIV - Saint-Denis.
- Plaque carditaphe de Louis XIV - Saint-Paul-Saint-Louis.
- Cénotaphe de Marie-Thérèse - Saint-Denis.
- Tombeau de Madame de Maintenon (début XXe siècle) - Saint-Cyr.
- Plaque tombale de Madame de Maintenon (état actuel) - Saint-Cyr.
Ce qu’il advint des cœurs de Louis XIII et de Louis XIV, et de ceux des autres membres de la famille royale...
Les cœurs de Louis XIII et de Louis XIV avaient été placés dans de magnifiques reliquaires, œuvres de Sarrazin et de Coustou, en l’actuelle église Saint-Paul-Saint-Louis. A la révolution, ils furent, ainsi que ceux déposés au Val-de-Grâce, envoyés à la fonte à l’Hôtel des monnaies.
L’histoire qui suit, fort étonnante, est néanmoins sujette à caution : un internaute me précise « L’histoire des coeurs utilisés par Martin Drolling et Saint-Martin ne repose sur aucune base sérieuse, sinon les affabulations de Schunck reprises par Lenotre en 1905. Voir par exemple l’article de Suzanne Dagnaud dans les Cahiers alsaciens d’archéologie d’art et d’histoire, Strasbourg, 1957 »
Voici l’histoire :
Les cœurs furent vendus à l’encan. Deux peintres s’en portèrent acquéreurs : Martin Drolling et Saint-Martin. Le but pour eux était de les transformer en mummie, matière organique provenant de la macération des organes mélangée à de l’huile, donnant aux tableaux un glacis parfait. Drolling utilisa la totalité des cœurs en sa possession, en particulier pour l’élaboration de son tableau « intérieur de cuisine » qui fut longtemps exposé au Louvre, et qui se trouve aujourd’hui au musée des Beaux-Arts de Strasbourg.
- « Intérieur de cuisine » de Martin Drolling.
Saint-Martin, qui avait récupéré ceux de Louis-XIII et de Louis XIV, se servit avec modération du cœur du second et ne toucha pas à celui du premier. Il les remit plus tard à Louis XVIII qui le dédommagea d’une tabatière en or. Les restes des deux cœurs se trouvent désormais dans la basilique Saint-Denis. Reste à préciser que c’est à l’occasion de ces profanations que le cœur du fils aîné de Louis XVI disparut, ce qui alimenta ensuite grandement les rumeurs autour de la survie de Louis XVII : le cœur placé dans la basilique Saint-Denis à une date récente ne serait que celui de ce premier fils retrouvé, et non celui de Louis XVII. C’est du moins ce que prétendent les tenants de la survie du jeune roi.
- Débris monarchiques ! De g. à d. et de haut en bas : parcelle de corps de Louis XIV / coeur de Charles-Ferdinand, duc de Berry / parcelle de corps d’Henri IV / coeur de Louis XIII / coeur de Louis XIV / coeur de Louis XVIII / entrailles de Louise d’Artois, fille du duc de Berry. Le huitième emplacement, désormais vide, contenait le coeur de Louis XVII - chapelle des Princes, Saint-Denis.
Louis de France « le Grand Dauphin » (1661- 1711) : fils de Louis XIV, il ne régna pas puisqu’il mourut avant son père. Il fut inhumé avec son épouse, Marie-Anne de Bavière, dans la basilique Saint-Denis tandis que leurs deux cœurs furent placés dans l’abbaye du Val-de-Grâce de Paris. Plus rien ne signale leur présence.
Louis de France (1682-1712) : petit-fils de Louis XIV, il ne régna pas plus que son père et pour les mêmes raisons. Il fut le père de Louis XV. Il fut inhumé avec son épouse, Adélaïde de Savoie, dans la basilique Saint-Denis tandis que leurs deux cœurs furent placés dans l’abbaye du Val-de-Grâce de Paris. Plus rien ne signale leur présence.
Louis XV le Bien-Aimé (1710-1774) : roi de France et de Navarre de 1715 à 1774. Il fut inhumé nuitamment dans la basilique Saint-Denis où plus rien ne signale sa présence, hormis une pleureuse de J.G Moitte, fragment d’un monument composé en son honneur en 1841. Son épouse, Maria Leszcynska, fut inhumée à Saint-Denis (où une simple plaque signale sa présence) tandis que son cœur était déposé dans l’église de Bonsecours de Nancy (54), auprès des restes de ses parents.
- Monument dédié à Louis XV - Saint-Denis.
- Plaque mortuaire de Maria Leszcynska - Saint-Denis.
- Carditaphe de Maria Leszcynska - église de Bonsecours de Nancy. Source : Stéphane.Thomas.
Louis, le Dauphin (1729-1765) : fils de Louis XV, il ne régna pas car il mourut avant son père. Il fut le père de Louis XVI, de Louis XVIII et de Charles X. Sa première épouse, Marie-Thérèse de Bourbon, fut inhumée à Saint-Denis. Il fut inhumé avec sa seconde épouse, Marie-Josèphe de Saxe, dans la cathédrale de Sens tandis que leurs deux cœurs étaient déposés dans la basilique Saint-Denis. Leur sépulture fut profanée en 1794 et leurs restes jetés dans une fosse commune du cimetière de l’Hôtel-Dieu, mais ces derniers furent retrouvés en 1814 et remis dans le tombeau qui occupe le chœur de la cathédrale.
- Tombeau de Louis de France et de Marie-Joséphe de Saxe - Cathédrale de Sens.
Louis XVI (1754-1793) : roi de France et de Navarre de 1774 à 1793. Lui et son épouse, Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, furent après leur exécution inhumés au cimetière de la Madeleine de Paris. Leur corps furent transférés le 21 janvier 1816, date anniversaire de la mort du roi, dans la basilique Saint-Denis où ils furent placés sous des dalles portant leur nom tandis que sur le site du cimetière de la Madeleine était construite la Chapelle Expiatoire. A Saint-Denis, outre leurs deux tombeaux, une sculpture, œuvre de Gaulle en 1820, les représente en priants dans la nef de l’église.
- Tombeau de Louis XVI - Saint-Denis.
- Tombeau de Marie-Antoinette - Saint-Denis.
- Louis XVI et Marie-Antoinette en priants - Saint-Denis.
- Chapelle expiatoire de Paris, sur l’emplacement du cimetière de la Madeleine.
- Autel de la chapelle expiatoire, construit à l’emplacement où fut retrouvé le cadavre du roi.
Louis XVII (1785-1795) : roi de France et de Navarre (en titre seulement !) de 1793 à 1795. Je ne m’appesantirai pas sur les innombrables thèses concernant les tribulations de son cœur ni sur le grand nombre de « dauphins » qui se présentèrent par la suite. Il fut inhumé dans le petit cimetière Sainte-Marguerite de Paris (l’emplacement n’est pas connu mais une croix signale sa présence). Son cœur fut déposé en 2004 lors d’une cérémonie solennelle dans la basilique Saint-Denis, où une plaque avec médaillon signale sa présence.
- Cénotaphe de Louis XVII - cimetière désaffecté Sainte-Marguerite.
- Carditaphe de Louis XVII - Saint-Denis.
- Coeur de Louis XVII - Saint-Denis.
Louis XVIII le Désiré (1755-1824) : roi de France et de Navarre en 1815, puis de 1815 à 1824, son règne ayant été interrompu par les Cents Jours. Inhumé en la basilique Saint-Denis, il fut d’ailleurs le dernier souverain français à l’être. Son épouse, Marie-Louise de Savoie, fut inhumée dans la chapelle du roi Henry VI dans l’abbaye de Westminster (le couple était alors en exil), puis transférée en 1811 dans la cathédrale Santa-Maria de Cagliari, en Sardaigne. Elle repose sous un tombeau datant de 1830. Il est à noter qu’elle ne porta jamais le titre de reine de France puisqu’elle mourut avant que Louis XVIII ne monte sur le trône.
- Tombeau de Louis XVIII - Saint-Denis.
- Tombeau de Marie-Joséphe de Savoie - Cathédrale de Cagliari. Source : Stéphane.Thomas.
Charles X (1757-1836) : dernier roi de France
et de Navarre, de 1824 à 1830. Mort en exil, il fut inhumé dans le couvent des Franciscains de Castagnavizza, en Slovénie. Son épouse, Marie-Thérèse de Savoie, fut inhumée au couvent des Franciscains de Castagnavizza, en Slovénie.
On pourra néanmoins signaler l’existence de :
son fils, Charles-Ferdinand, duc de Berry (1778- 1820), qui ne régna pas et mourut assassiné. Il fut inhumé en la basilique Saint-Denis, où son cercueil est visible dans la chapelle des Princes. Son cœur fut déposé dans la chapelle de l’hospice Saint-Charles de Rosny-sur-Seine (78) tandis que ses entrailles étaient placées dans l’église Saint-Maurice à Lille. A noter qu’un monument, à valeur de cénotaphe, se trouve dans l’église Saint-Louis de Versailles (78). Son épouse, Marie-Caroline des Deux-Siciles, connue pour ses extravagantes tentatives pour faire monter son fils sur le trône, fut inhumée dans une chapelle du cimetière de Mureck, en Autriche.
- Cercueil du duc de Berry - chapelle des Princes, Saint-Denis.
- Tombeau d’entrailles du duc de Berry - église Saint-Maurice de Lille.
- Mausolée-mémorial du duc de Berry - église Saint-Louis de Versailles.
Louis-Antoine, duc d’Angoulême (Louis XIX pour les légitimistes : 1775-1844) : frère du précédent, il épousa sa cousine Marie-Thérèse de France, « Madame Royale », fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Tous deux furent inhumés au couvent des Franciscains de Castagnavizza, en Slovénie.
Henri, comte de Chambord (Henri V pour les légitimistes : 1820-1883), fils du duc de Berry, qui eût sans doute pu régner s’il avait accepté le drapeau tricolore ! Mort en exil, il fut inhumé avec son épouse, Marie-Thérèse d’Autriche-Este, au couvent des Franciscains de Castagnavizza, en Slovénie.
Louis-Philippe Ier (1773-1850) : roi des Français de 1830 à 1848, il appartenait à la branche cadette des Bourbons, issue de Philippe, duc d’Orléans (d’où le nom de la lignée), frère de Louis XIV. Il fut le seul Orléans à ceindre la couronne (en abandonnant le titre de roi de France et de Navarre). Louis Philippe et son épouse, Marie-Amélie de Bourbon-Naples, moururent en exil et furent inhumés dans la chapelle Saint-Charles Borromée à Weybridge. Ils furent transférés le 09 juin 1876 dans la chapelle royale Saint-Louis de Dreux (28). En surface du mausolée, une monumentale statue représentant le roi et la reine est une œuvre d’Antonin Mercié.
- Tombeau monumental de Louis-Philippe Ier et de Marie-Amélie de Bourbon - chapelle royale de Dreux.
Ses descendants sont les prétendants au trône de France pour les orléanistes, qui reconnaissent ce droit au comte de Paris, titre du fils aîné de la branche. Il s’opposent ainsi aux légitimistes, pour lesquels la couronne doit revenir aux descendants de Philippe V d’Espagne, fils de Louis XIV de France, qui avait abandonné ses droits à la couronne de France pour monter sur le trône de Madrid, abandon contraire aux Lois fondamentales de la monarchie française.
Tandis que la crypte du couvent de Castagnavizza est devenue un lieu d’hommage pour les légitimistes français, les derniers bourbons de la branche française s’y étant fait inhumer, la chapelle royale de Dreux est devenue le panthéon de la famille d’Orléans.
à suivre : les gouvernements révolutionnaires de 1792 à 1804
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