Les Mérovingiens

lundi 11 février 2008
par  Philippe Landru

La France telle que nous la connaissons aujourd’hui n’existe pas à cette époque : les barbares se sont partagés la partie occidentale de l’Empire romain : le dernier empereur est déposé en 476. La Gaule romaine est partagée entre plusieurs peuplades (Burgondes, Wisigoths...). Parmi eux, les Francs ne sont à l’origine pas les plus puissants, et les terres qu’ils occupent ne constituent finalement qu’une minuscule partie de notre actuelle France : le centre de gravité de leur « Etat » est davantage centré sur la Belgique actuelle. C’est pourtant eux, de cette base, qui vont progressivement unifier les royaumes barbares sous leur domination

Les lieux d’inhumations de certains Mérovingiens sont inconnus. Quant ils le sont, sauf exception, il ne reste plus rien pour en rappeler le souvenir. Certains lieux sont connus sans grandes précisions (inhumés à Metz...). Ce sont quelques chroniques de cette époque (en particulier celle de Grégoire de Tours et celle du pseudo Frédégaire) qui nous donnent quelques trop rares informations. Nous n’aborderons ici que ceux dont il reste la présence - ou le souvenir - d’une sépulture.

Pour les remarques générales, on consultera l’introduction

Pour les liens généalogiques, on pourra se référer à cette page.

- Childéric Ier (ca436-481) : le premier Mérovingien « historique » (on ne sait rien de son hypothétique père, Mérovée, qui donna son nom à la dynastie). Il fut inhumé à Tournai, mais on ne retrouva sa tombe, intacte, que le 27 mai 1653 : elle contenait des bijoux et un anneau sigillaire portant son nom, ainsi que des chevaux sacrifiés pour l’occasion. Un tumulus de terre la protégeait. Ce « roi des Francs saliens » avait conservé les coutumes barbares, héritées des temps préhistoriques. De son épouse, Basine de Thuringe, on ne connaît que des récits légendaires.

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La Gaule en 481

- Clovis Ier (ca466-511) : roi des Francs, c’est lui qui fit édifier en 510, en haut du mont Lucocetius, une basilique dédiée aux Saints Apôtres dans laquelle il se fit inhumer avec son épouse Clotilde, princesse burgonde. C’est cette église, située à l’origine sur le site du lycée Henri IV et de la rue Clovis, qui fut à la base de l’abbaye Sainte-Geneviève-du-Mont, mais dont l’église actuelle, qui date du XIIe siècle, ne recouvre pas exactement l’emplacement. On ne sait rien sur le lieu d’inhumation de sa première épouse. En revanche, on inhuma également dans cette église ses petits-fils Théobald et Gontran, fils de Clodomir, assassinés par Clotaire, leur oncle. Un gisant de Clovis, bien postérieur puisque commandé entre 1220 et 1230, avait été placé dans l’église Sainte-Geneviève : il fut déplacé en 1817 en la basilique Saint-Denis où il se trouve.

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Gisant de Clovis Ier - St Denis.
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Le partage de 511

- Thierry Ier (ca485-533) roi de Reims (futur royaume d’Austrasie) : fils d’un premier lit de Clovis. Il fut inhumé à Metz. On ne sait rien sur le tombeau de ses épouses Eustère et Suavegothe.

- Childebert Ier (ca495-558) : roi de Neustrie, puis d’Orléans, puis de Reims, puis d’Auvergne. C’est en 558, à la demande de l’évêque Saint-Germain de Paris, qu’il fit édifier l’église Saint-Vincent-Sainte-Croix à Paris (actuel site de l’église Saint-Germain des Prés) dans laquelle fut placée l’étole de Saint-Vincent qu’il avait rapportée de Saragosse lors de sa guerre contre les Wisigoths. Il serait mort le lendemain de sa consécration et s’y fit inhumer. Ce fut la première tentative de nécropole royale. Son épouse Ultrogothe fut également inhumée en cette église. Leurs ossements furent réunis en 1656 dans un cercueil en plomb. En 1163, un gisant de Childebert, considéré comme le plus ancien de la France du Nord, fut placé dans l’église, devenue celle de Saint-Germain : il fut déplacé en 1816 dans la basilique Saint-Denis.

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Gisant de Childebert Ier - St Denis. Le souverain est représenté dans la tradition romaine et chrétienne : en un geste dédicatoire, il présente à Dieu l’église qu’il a fondé, c’est à dire celle de Sainte-Croix-Saint-Vincent.

- Clotaire Ier (ca497-561) : roi de Soissons puis roi des Francs. Inhumé en l’église Saint-Médard de Soissons, seconde tentative de nécropole royale. On découvrit en 1959 dans la crypte de la basilique Saint-Denis le tombeau de sa seconde épouse (sur 6 !), Arégonde. Sa quatrième épouse Radegonde, canonisée peu de temps après sa mort, se trouve dans l’église Sainte-Radégonde de Poitiers, qu’elle avait fondée.

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Sarcophage d’Aregonde - St Denis.
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Tombeau de Radegonde - Poitiers

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Le partage de 561

- Caribert Ier (ca517-567) : roi de Paris de 561 à sa mort. Il aurait été inhumé en la basilique Saint-Vincent de Paris.

- Gontran Ier (ca520-592) : roi d’Orléans puis roi de Bourgogne. Il fut inhumé en l’abbaye Saint-Marcel de Chalon-sur-Saône qu’il avait fondé sur le site hypothétique du martyr de Saint-Marcel. Lui-même fut canonisé.

- Sigebert Ier (ca535-575) : roi de Reims devenu pendant son règne l’Austrasie. Il fut le premier souverain « français » assassiné. Inhumé à Lambres, il fut transféré en l’église Saint-Médard de Soissons auprès de son père, Clotaire Ier. Son épouse, la fameuse reine Brunehaut, fut inhumée après son supplice en l’église Saint-Martin d’Autun qu’elle avait fondée : son tombeau se trouve dans l’actuel musée Rollin d’Autun.

- Thierry II (587-613) : roi de Bourgogne, puis d’Austrasie. Il aurait été inhumé à Metz.

- Chilpéric Ier (523-584) : roi de Soissons, puis de Neustrie, puis roi des Francs. Roi de sinistre mémoire dans le cadre de la guerre entre la Neustrie et l’Austrasie, et époux de la terrible Frédégonde (du moins telle qu’elle apparaît dans la chronique de Grégoire de Tours). Après son assassinat, il fut inhumé dans l’église Saint-Vincent. Il y fut rejoint par sa meurtrière, sa troisième épouse la reine Frédégonde. Pour cette dernière, un gisant du XIIe siècle en pierre et fils de cuivre fut édifié en l’église Saint-Germain : il fut transféré en 1816 en la basilique Saint-Denis. On sait par Grégoire de Tours que son fils Theodebert (+575) fut inhumé à Angoulème, et que son autre fils Clovis (+580) fut inhumé à Noisy le Grand où il avait été assassiné.

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Gisant de Frédégonde - St Denis.

- Clotaire II (584-629) : fils du précédent et de Frédégonde, roi de Neustrie, de Bourgogne puis roi des Francs. Il fut l’assassin de sa tante Brunehaut. Il fut inhumé en l’église Saint-Vincent de Paris tout comme sa seconde épouse, la reine Bertrude, mère de Dagobert.

- Dagobert Ier (ca603-639) : roi d’Austrasie, puis roi des Francs. Il est celui qui parvint à réunifier les royaumes francs. Il est également celui de la chanson (qui ne date que du XVIIIe siècle). Il est surtout celui qui fit édifier la basilique Saint-Denis et le premier souverain à y avoir été inhumé : ce fut donc le troisième essai, réussi cette fois, de nécropole royale même si, comme nous le verrons, ses successeurs immédiats ne s’y firent pas tous inhumer. Son très beau gisant date du XIIIe siècle (commande de Saint-Louis) et fut restauré au XIXe siècle par Viollet-le-Duc. Sa seconde épouse, Nanthilde, repose également à Saint-Denis. Le frère de cette dernière, Landregesile, avait été le premier, vers 631, à être inhumé dans l’édifice.

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Tombeau de Dagobert Ier - St Denis.
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Détail du gisant de Dagobert - Saint-Denis.
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Le partage de 635

- Caribert II (606-632) : frère de Dagobert, roi d’Aquitaine. Il fut inhumé en l’église Saint-Romain de Blaye, en Gironde.

- Sigebert III (630-656) : roi d’Austrasie, second fils de Dagobert. Considéré comme le premier « roi fainéant », terme totalement impropre désignant simplement les souverains dépossédés progressivement du pouvoir par la dynastie montante des Pippinides qui accaparent la fonction de maire du Palais. Inhumé en l’église Saint-Martin-des-Champs de Metz, il fut transféré en 1552 en l’église Saint-Georges de Nancy. La révolution française profana les reliques. Fait incroyable, la chair était encore adhérente aux ossements. C’est ce qu’atteste une pièce du 8 pluviose de l’an XI signée par l’autorité. Le corps fut brûlé et des témoins sauvèrent quelques reliques, qui furent rendues au premier curé de la cathédrale après la tourmente révolutionnaire. Sigebert devint le saint patron de Nancy.

- Clovis II (634-657) : roi de Bourgogne et de Neustrie. Inhumé en la basilique Saint-Denis. Son gisant en pierre, commandé par Saint-Louis vers 1263, se trouve toujours dans la nef. Son épouse Bathilde, qui fonda les monastères de Chelles et de Corbie, et qui fut canonisée, reposa au monastère de Chelles : ses reliques se trouvent toujours dans une chasse de l’église Saint-André de Chelles (77).

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Chasse de Ste Bathilde à Chelles - Merci à Nicolas Dargegen pour la photo.

- Clotaire III (ca652-673) : roi de Bourgogne et de Neustrie, fils du précédent. Il fut inhumé en la basilique Saint-Denis mais ne possède pas de gisant.

- Childéric II (ca653-675) : roi d’Austrasie puis roi des Francs. Inhumé en l’église Saint-Vincent de Paris, tout comme son épouse Bilichilde.

- Thierry III (ca654-691) : roi de Neustrie et de Bourgogne puis roi des Francs. Inhumé en l’abbaye Saint-Vaast d’Arras (62).

- Dagobert II (ca652-679) : dernier roi d’Austrasie. Certaines sources le disent inhumé dans l’église Saint-Rémy de Stenay (57).

- Clovis IV (ca681-695) : roi des Francs (en titre : les maires du Palais détiennent l’intégralité du pouvoir). Inhumé en l’église Saint-Etienne de Choisy-sur-Oise.

- Childebert II (ca683-711) : roi des Francs. Inhumé en l’église Saint-Etienne de Choisy-sur-Oise.

- Dagobert III (ca699-715) : roi des Francs. Inhumé en l’église Saint-Etienne de Choisy-sur-Oise.

- Chilpéric II (ca670-720) : roi de Neustrie. Inhumé à Noyon.

à suivre : les Carolingiens


Commentaires

Les Mérovingiens
lundi 18 mars 2013 à 15h05

stenay est dans le 55