PAILHARÈS (07) : ancien cimetière
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Le minuscule village de Pailharès ne se livre qu’après un périple conséquent dans le magnifique paysage des monts de l’Ardèche. Édifié sur une colline, il possède déjà, malgré sa taille modeste, un "nouveau" cimetière. L’ancien se trouve tout en haut, juste derrière l’église, et offre de ses allées étagées en pente un très beau paysage d’arrière plan.
- Le "nouveau" cimetière, en contrebas...
- ... et l’ancien, derrière l’église.
Bien qu’il y soit très probablement encore, on cherchera en vain l’identification précise de la sépulture de celui qui se fit connaître dans les heures sombres de la collaboration : Xavier VALLAT (1891-1972).
Issu d’un milieu catholique fervent et monarchiste militant, il devint, dès les débuts de la parution de l’Action française de Maurras, en 1908, l’un des fidèles abonnés. Soldat durant la Grande Guerre, il fut blessé en mars 1918, dut être amputé d’une jambe et perdit un œil. Il fut élu député en 1919, puis, après un échec en 1924, fut réélu sans cesse de 1928 à 1940. Ses idéaux politiques, inspirés des idées de Maurras, étaient profondément nourris d’antisémitisme et d’hostilité aux francs-maçons. En 1936, à la Chambre des députés, il interpella violemment Léon Blum, affirmant que « pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par un talmudiste subtil ».
Sous le gouvernement de Vichy, il fut nommé secrétaire général aux Anciens Combattants – il créa à ce poste la Légion des Combattants, destinée à diffuser dans le pays les idéaux de la révolution nationale de Vichy - puis fut nommé, en mars 1941, commissaire général aux Questions juives. A ce poste, il mit en œuvre le second statut des juifs (2 juin 1941) et l’« aryanisation » de l’économie (loi du 22 juillet 1941), qui étendait à la zone Sud la spoliation des biens des juifs, déjà réalisée en zone occupée par les Allemands. Cependant, considéré par les Allemands comme insuffisamment déterminé, il fut remplacé à ce poste en mai 1942 par Darquier de Pellepoix. Vallat se consacra alors à la question du ravitaillement, puis, après l’exécution de Philippe Henriot par la Résistance, remplaça celui-ci au micro du Radio-Journal de Vichy jusqu’en août 1944.
En 1947, devant la Haute Cour, qui jugeait les ministres et collaborateurs de Vichy, il défendit ses positions antisémites. Vallat fut condamné à dix ans d’internement et à l’indignité nationale, puis fut amnistié en 1954. Il travailla dès lors pour la revue Aspects de la France.
Lors de ses obsèques, le couple Klarsfeld se tenait devant la porte du cimetière à la fois en protestation mais également pour témoigner de la présence d’éventuels collaborateurs qui se seraient rendus à son enterrement. Aujourd’hui, le patronyme Vallat est très présent dans le cimetière, mais plus aucune tombe n’indique sa présence précise.
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