SERRIÈRES (07) : cimetière
par
Edifié sur une pente assez raide, le cimetière de Serrières domine la vallée du Rhône sur laquelle il offre de belles vues. Des résidents notables de la commune y reposent :
L’architecte Robert BISET (1924-2006), premier Grand prix de Rome en Architecture en 1950, qui fut l’architecte urbaniste des villes d’Hyères, Saint-Tropez et Draguignan. Il repose avec son épouse la compositrice Adrienne CLOSTRE (1921-2006), ancienne élève d’Yves Nat pour le piano et de Darius Milhaud, Jean Rivier et Olivier Messiaen pour la composition, qui fut Premier Grand Prix de Rome en composition en 1949. Elle fut l’auteure d’opéras et spécialiste du théâtre lyrique.
Le peintre et graveur Jean-Marcel HÉRAUT-DUMAS (1920-1982), ancien élève d’Albert Gleizes (voir plus bas), connu pour ses paysages d’eau, ses marines et ses cartons de tapisseries.
Marie-Ludovic ROCHE (1828-1880), qui fut un éphémère évêque de Gap de 1879 à sa mort. Enterré dans un premier temps au cimetière de son village natal, son corps fut transféré en la crypte de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Arnoux de Gap en 2012.
Dans un même tombeau reposent :
L’avocat et journaliste Jules ROCHE (1841-1923). Maire de Serrières, Député du
Var (1881-1885), de la Savoie (1885-1898) puis de l’Ardèche (1898-1919), il fit, en un premier temps, partie de la garde rapprochée de Georges Clemenceau, avant de s’éloigner des radicaux. Ainsi, il se fit connaître à l’extrême gauche, votant toutes les motions radicales et anticléricales (il élabora une proposition de loi pour supprimer le budget des cultes, disperser les congrégations religieuses et séculariser leurs biens), il s’opposa en 1905 à la séparation des Églises et de l’État ! Il fut ministre du Commerce, de l’Industrie et des Colonies de 1890 à 1892. Il était le parrain de Jean Cocteau.
Juliette ROCHE (1884-1980), sa fille, fut une artiste originale dont l’œuvre est peu
connue : issue de la grande bourgeoisie, elle n’a pas éprouvé le besoin de faire carrière ce qui explique qu’elle ait peu exposé de son vivant (des envois aux Salons, une exposition à la prestigieuse galerie Bernheim-Jeune en 1914, une rétrospective dans une galerie provinciale en 1962). Ses premiers tableaux trahissent l’influence de Maurice Denis et de Paul Sérusier auprès desquels elle semble s’être formée. A partir de 1915, Juliette qui a suivi son mari à New York, puis à Barcelone, où elle continua à peindre des scènes urbaines, entra en
contact avec les milieux Dada fédérés autour de Francis Picabia et de sa revue 391. Elle participa à ce mouvement qui prônait le non-art et le recours à l’absurde par une peinture-collage et surtout par un récit à clefs et des poèmes. Parallèlement elle réalisa des objets décoratifs à l’exemple de Sonia Delaunay, qui comptait parmi ses amies proches, tout comme Marie Laurencin qui peignit son portrait à deux reprises à Barcelone.
Albert GLEIZES (1881-1953), son époux, qui fut l’un des fondateurs du cubisme. Il
rejoignit les cubistes regroupés autour de Robert Delaunay en 1910. Peu de temps après, Gleizes découvrit son propre langage pictural qui, tel le futurisme, décompose l’objet et ordonne ses éléments de manière rythmique. Avec Metzinger, Gleizes rédigea le texte élémentaire Du Cubisme portant sur le cubisme synthétique en 1912. Les débats théoriques sur l’art de Gleizes furent parachevés dans le groupe « La Section d’or » fondé la même année par Jacques Villon. Il exerça une grande influence sur les autres peintres comme Le Fauconnier, Roger de
Fresnaye, Robert Delaunay et Fernand Léger. A la fin de la guerre, ses œuvres prirent un tournant religieux et il s’efforça de transmuer des thèmes chrétiens en langage pictural cubiste. L’intérêt porté par Albert Gleizes à l’art religieux du Moyen Age déboucha en 1927 sur la création de la commune des artistes de Moly-Sabata. En 1939, il s’établit à Saint-Rémy de Provence et se consacra à la peinture murale sacrée dans les dernières années de son existence.
La céramiste Anna DANGAR (1885-1951), qui fut l’une des plus ferventes
disciples du précédent, qui lui confia à partir de 1930 la gestion de la communauté d’artistes de Moly-Sabata. Elle vécut un tiers de sa vie à Moly-Sabata, et c’est là qu’elle créa l’essentiel de son œuvre céramique.
Gustave TOURSIER (+1950), qui fut célèbre, dans l’entre-deux-guerres, comme fondateur de l’Union générale des Rhodaniens, association régionaliste qui regroupa la quasi-totalité des villes du Rhône, de sa source à son embouchure. Il fonda en 1896 les premiers guides touristiques de France, les guides Pol.
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