SAUMUR (49) : cimetière
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Saumur, comme partout en France, possédait jadis ses multiples cimetières paroissiaux ( il y avait en particulier trois petits cimetières protestants aujourd’hui totalement disparus).
On décida sous la Révolution l’ouverture d’un cimetière urbain : ce fut le cimetière des Sablons [1], ouvert en 1794. Il s’avéra que le terrain choisi était totalement inadapté, et ce cimetière fut très vite remplacé au début du XIXe siècle par l’actuel cimetière.
Bagneux était une ancienne commune rattaché en 1973 à la ville de Saumur : le cimetière de Bagneux est donc également désormais un cimetière de Saumur.
Ce « nouveau » cimetière fut aménagé par l’architecte voyer de la ville, Antoine Calderon (qui y repose). Il subsiste quelques tombes anciennes (la plus vieille date de 1817). Le premier acte d’importance en ce lieu fut l’édification d’une colonne commémorant un incendie survenu dans la rue de la Petite-Bilange en décembre 1821, où six personnes, pompiers et militaires, avaient péri.
- Monument aux victimes de l’incendie
La partie ancienne du cimetière est évidemment la plus intéressante. Je la qualifierai de « délabrement élégant ». Délabrement dans la mesure où beaucoup de tombes anciennes, souvent fort travaillées, ont mal résisté au temps. Elégant parce que le site l’est : pensé à l’origine avec une dimension paysagère : les allées sillonnent tout en courbes, rompant avec la symétrie mortifère de la plupart des cimetières, et lui donnent l’aspect d’un parc à l’anglaise. L’endroit, malgré le délabrement de certains tombeaux, est bien entretenu, et la végétation y est très présente ; parfois intrusive depuis la disparition des toxiques phytosanitaires. Il est un parc romantique comme le pensait le premier XIXe siècle.
Plus symétrique et moins végétalisée, l’extension contemporaine est beaucoup moins intéressante.
Curiosités
Le 14 juillet 1919, la ville fête dans l’euphorie la victoire et le retour progressif des soldats. A la nuit tombée, un grand feu d’artifice doit être tiré à partir d’une petite barque installée au large du quai du Marronnier. La poudre explose au début des tirs, tuant sur le coup les occupants du bateau.
Obélisques et monuments mégalithiques ne manquent pas dans ce cimetière.
Les monuments des familles notables sont souvent élégants. En revanche, très peu d’œuvres d’art (bustes, médaillons…).
Le poète L. Proust, dit Guzot, était enterré sous un amoncellement de coquillages et d’ammonites fossiles, ensemble qui est devenu un chaos.
Une stèle monumentale commémore les victimes civiles des bombardements de Saumur en 1944.
Célébrités : les incontournables...
Aucune célébrité de premier ordre ici. Il reste un cimetière provincial et les personnalités y sont locales : négociants ayant fait fortune, magistrats, élus, architectes, militaires, particulièrement dans la cavalerie évidemment, Saumur oblige.
... mais aussi
Le maitre-verrier Michel ACEZAT (1880-1944).
Fernand ANGIBAULT (1894-1986) : marbrier, ancien maire de Saumur, il fut député de Maine-et-Loire de 1956 à 1958.
Victor BORET (1872-1952) : cultivateur, il commença une carrière politique à Saumur mais l’essentiel se passa dans la Vienne où il fut député de Loudun de 1910 à 1927 et sénateur de la Vienne de 1927 à 1936. Il fut ministre de l’Agriculture et du Ravitaillement de 1917 à 1919. Lors de ma visite, je ne savais pas encore qu’il y reposait et n’ai donc pas cherché sa tombe.
L’architecte voyer Antoine CALDERON de la BARCA (+1841), Cubain passé au service la France. Il fut le concepteur du plan moderne de la ville et, comme il a été dit, celui du cimetière dans lequel il se trouve.
Charles JOLY-LETERME (1805-1885), architecte voyer de Saumur qui prit la succession de Calderon. Le Maine et Loire et Saumur lui doivent bien des rénovations, mais aussi des constructions (en particulier de gares).
Charles LOUVET (1806-1882) : banquier, maire de Saumur de 1844 à 1869, député de Maine-et-Loire de 1849 à 1870, il fut un éphémère ministre de l’Agriculture et du Commerce en 1870.
Paul MAYAUD (1814-1881) : industriel fabricant de chapelets et d’objets religieux, il fut député du Maine-et-Loire de 1871 à 1876, où il siégea à droite. Il repose dans un caveau de famille très peuplé, en particulier avec son épouse, Ursule de Foucault de Pontbriand, très lointaine cousine de Charles de Foucauld.
[1] Il en reste quelques traces aujourd’hui, dont l’enclos funéraire désormais isolé de la famille du député Félix Bodin.
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