TURENNE (Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de : 1611-1675)
par
Maréchal de France en 1643 et maréchal général des camps et armées du roi en 1660, il fut l’un des meilleurs généraux de Louis XIII puis de Louis XIV.
Lors de la Fronde, séduit par la soeur du Grand Condé, la duchesse de Longueville, il se laissa convaincre de retourner ses armes contre le roi. Les armées royales lui infligèrent une sévère défaite à Rethel, dans les Ardennes, en 1650. Un an plus tard, il sollicita et obtint le pardon du roi Louis XIV. Dès lors, il combattit les frondeurs. En 1658, par la bataille des Dunes, il contraignit Dunkerque à la reddition et ouvrit la voie à la conquête d’une partie de la Flandre espagnole, ce qui aboutit à la paix des Pyrénées.
Après la guerre de Dévolution, ce fut en 1674 la guerre de Hollande (1672-1678). Il occupa l’Alsace ainsi que le Palatinat, n’hésitant pas à dévaster ce pays allemand, en vue d’affamer l’armée des Impériaux et de la couper de ses bases de ravitaillement.
Pris à revers par les Impériaux de l’archiduc d’Autriche, il évacua l’Alsace puis, en plein hiver, repartit à l’offensive. Les Impériaux furent écrasés à Turckheim : l’Alsace fut désormais aux mains des Français. À Paris, Turenne reçut un accueil triomphal. Pourtant, lors d’un nouvel engagement à Salzbach en 1675, il fut tué par un boulet de canon.
- Un premier tombeau de Turenne ?
- Turenne eut-il un premier tombeau à Salzbach, comme le laisse penser un grand nombre de gravures anciennes ? Cet obélisque, qui fut reconstruit après la Seconde Guerre mondiale, fut plutôt édifié à l’endroit où Turenne fut frappé.
Louis XIV accorda à Turenne l’honneur posthume d’être enseveli à la basilique Saint-Denis, avec les rois de France, comme seul le connétable Du Guesclin l’avait été. Le tombeau dessiné par Charles Le Brun fut sculpté, entre 1675 et 1680, par Gaspard Marsy et Jean-Baptiste Tuby.
Pendant la Révolution française, son tombeau fut ouvert par des ouvriers ayant reçu les ordres d’exhumation des tombeaux royaux. Le corps de Turenne fut trouvé dans un très bon état de conservation. Il fut exposé à la foule puis remis à un gardien de la basilique qui l’exposa plusieurs mois et, comme pour beaucoup de corps lors de la profanation des tombes de la basilique Saint-Denis, n’hésita pas à vendre ses dents au détail. Puis il fut transféré aux Jardin des plantes de Paris, y fut exposé en pièce de curiosité pendant cinq ans et, en 1799, fut transporté dans le musée des monuments français où un son tombeau de Saint-Denis avait été récupéré. L’année suivante, Napoléon Bonaparte fit transférer sa dépouille et son ancien tombeau à l’église Saint-Louis des Invalides. Il fut le premier transféré ici, inaugurant pour Napoléon la logique de récupération des gloires de l’Ancien Régime mais également la volonté de faire des Invalides un Panthéon militaire.
Son cœur embaumé connut bien des tribulations également : déposé au couvent des Carmélites d la rue Saint-Jacques, il fut envoyé à l’abbaye de Cluny en 1693. Enfermé dans un reliquaire, il fut rendu à la famille en 1820 et conservé dans un coffret de plomb, au château de Saint-Paulet (11).
Le tombeau
L’œuvre se compose d’un groupe autour du maréchal allongé, au-dessus du tombeau proprement dit, décoré d’un bas-relief en bronze et flanqué de deux allégories éplorées. Le tout est surmonté d’une pyramide de marbre gris.
Vêtu à l’antique, Turenne est allongé sur la dépouille du lion de Némée, rappelant ainsi le caractère d’exploit de ses succès militaires, semblables à ceux d’Héraclès. À l’origine, il brandissait un bâton de maréchal qui s’est perdu depuis. À ses pieds, un aigle impérial évoque la soumission du Saint-Empire, contre lequel il livra ses dernières campagnes des années 1672-1675. Une femme le soutient et lève une couronne de laurier vers laquelle le grand capitaine lève les yeux. S’agit-il d’une allégorie de la Foi chrétienne, celle qui l’aura fait renoncer au protestantisme familial en 1668 pour embrasser le catholicisme, ou bien d’une allégorie de l’Immortalité, celle à laquelle il accède en quittant son corps mortel ?
Les deux femmes qui pleurent sa disparition sont à droite une allégorie de la guerre sculptée sous les traits d’une Athéna désolée par la mort du général, t à gauche d’une allégorie de la Générosité (ou de la Science). Le bas-relief représente la bataille de Turckheim, qui donna l’Alsace à la France.
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