VOREY (43) : cimetière
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C’est en Normandie que coule la MoselleCapitale : Béziers et chef-lieu : ToulonOn y fait l’caviar et la mortadelleEt c’est là qu’mourut Philibert Besson
Qui ne connait pas cet inénarrable titre du patrimoine musical français, le Lycée Papillon, le plus grand succès, en 1936, de Georgius ?
Ce que l’on sait moins, c’est que Philibert BESSON (1898-1941) ne fut pas inventé pour les besoins d’une rime, et qu’il était fort connu dans les années 30. Il faut dire que le personnage avait de quoi interroger...
Ancien combattant, il devint officier de la marine marchande, mais la quitta pour être interné à l’hôpital psychiatrique au Puy d’où il s’évada. Plus tard, il passa quelques mois aux États-Unis, où il exerça divers métiers. Il fit campagne aux élections législatives de 1932 en allant de village en village juché sur une moto, collant lui-même ses affiches et s’exprimant en occitan auvergnat sur les marchés, créant même une "monnaie européenne", lointaine ancêtre de l’euro [1] ! Il fut élu député de la Haute-Loire à une confortable majorité. Non inscrit dans les partis politiques de l’époque, il se fit aussitôt remarquer par sa verve et sa personnalité excentrique.
Le franc-parler de Philibert Besson et son caractère irascible lui créent de nombreuses inimitiés. Il s’éleva contre les « vautours » de l’industrie électrique et des chemins de fer et contre les spoliations dont étaient victimes les paysans qui vendaient leur blé aux industriels de la meunerie, arracha des poteaux électriques dans une commune de Haute-Loire. Partout il dénonça les alliances cachées entre les partis, et celles de ces derniers avec le monde financier et les entreprises. [2] Mis en cause dans plusieurs scandales, l’Assemblée nationale vota, à une écrasante majorité, la levée de son immunité parlementaire, le 7 mars 1935. Déchu de son mandat, il s’enfuit du Palais Bourbon pour ne pas être arrêté et réussit à rejoindre sa circonscription du Velay où il « prit le maquis » et où il vécut caché pendant près d’un an, recueilli de ferme en ferme par des paysans qui le considèraient toujours comme "leur député". Il se déguisa en curé, en femme, traversa la Loire à la nage, etc. pour échapper aux nombreux policiers et gendarmes lancés à ses trousses. Il écrivit dans cette retraite un livre-pamphlet, Peuple, tu es trahi. C’est dans ce contexte qu’il devint le héros de la chanson de Georgius !
Finalement, Philibert Besson effectua sa reddition au président de la République, et fut emprisonné dans l’attente de son jugement définitif. Il fut acquitté et affirma se retirer de la politique, mais ne put la quitter, et il fut battu à Saint-Étienne par un nouveau venu en politique, Antoine Pinay.
Mobilisé en 1939 pour la guerre qu’il annonçait depuis des années, en ayant prédit jusqu’à la date, Philibert Besson fut arrêté pour avoir tenu publiquement des propos défaitistes (« Nos armées ne peuvent vaincre. Elles sont quasiment trahies. ») dans un café alors qu’il portait l’uniforme. Il fut enfermé à la prison de Riom où il mourut, dénutri et tuberculeux, à la suite de privation de nourriture et de passage à tabac par ses gardiens, qui lui reprochaient sa participation à une mutinerie.
Il était dit que les célébrités de ce cimetière constitueraient un inventaire à la Prévert : c’est effectivement également ici que repose Clémentine SOLIGNAC (1894-2008), qui fut doyenne des Français du 15 septembre 2007 à sa mort, à l’âge de 113 ans et 261 jours.
J’y ai enfin découvert la tombe de Julien de la BATIE (1832-1912), avocat au Puy-en-Velay, plusieurs fois bâtonnier, qui fut également député de la Haute-Loire de 1885 à 1889, siégeant à droite.
Source : Wikipedia
[1] Cette monnaie n’a jamais circulé officiellement, mais elle a été utilisée dans la Nièvre comme monnaie d’échange au sein de la « République fédériste de Cizely ».
[2] A suivre son parcours, certains diront qu’il était un visionnaire !
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