CHARTRES (28) : cimetière Saint-Chéron
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D’une superficie de treize hectares, le cimetière Saint-Chéron est situé en surplomb de la ville et offre donc des vues magnifiques sur la cathédrale et la ville, même quand le temps n’est pas de la partie et qu’il enveloppe l’édifice médiévale dans une chape cotonneuse...
De grandes avenues existent également, le long desquels s’égrènent les mausolées des notabilités, certains assez imposants.
Il existe une belle harmonie entre les contrastes d’ocre du sable (qui domine le cimetière), celui, plus clair, des chapelles, et le vert des cyprès.
Curiosités
Comme c’est toujours le cas des villes épiscopales, on y trouve pléthore de membres du clergé (chanoine, archidiacre...) dont le rassemblement des sépultures, au centre d’une rotonde ancienne, constitue le coeur ancien du cimetière. On trouve cependant des tombes d’ecclésiastiques dans tout le cimetière, les unes et les autres développant l’intégralité de la symbolique pastorale funéraire (ciboire, pallium, Saint-Esprit...).
La tombe du curé Pierre Alexandre Lecomte est ornée d’un beau médaillon.
On notera particulièrement la virtuosité d’une stèle reproduisant des édifices religieux de la ville.
La tombe de famille des verriers et vitrailliste Lorin. La Maison Lorin à été fondée à Chartres en 1863 par Nicolas Lorin (1815-1882), peintre-verrier, et fut reprise par son fils Charles en 1882, à la mort de son père. Très active, la Maison Lorin a réalisée des vitraux sur l’ensemble du territoire et dans de grandes villes à travers le monde entier (Vienne, New York, Saïgon). L’établissement Lorin est considéré comme le plus ancien atelier chartrain encore en activité. La chapelle, anonyme à l’extérieur, est ornée d’un buste en bronze représentant Nicolas Lorin par Fosse, ainsi que de vitraux réalisés par Alfred Manessier.
En mai 1898, un incendie terrible ravagea le village de Puits Drouet, à proximité de Chartres. Sur 26 maisons de cultivateurs et de vignerons, seules 5 se maintinrent debout. Cet incendie fit cinq victimes, mortes sous les décombres, dont quatre enfants de la famille Chedeville. Leur tombe se trouve dans ce cimetière. Un très intéressant dossier sur ce drame a été réalisé par un généalogiste : il est accessible ici.
Présence de la tombe de Louise Aline de Sainte Beuve (+1893), la mère de l’économiste Léon Walras.
Une étonnante tombe en mosaïque, malheureusement très abîmée (sans doute par un bombardement durant la guerre).
L’inventeur d’instruments agricoles Adam (+1907) dispose d’un beau médaillon en terre-cuite.
Quelques oeuvres disséminées dans le cimetière
Célébrités : les incontournables...
... mais aussi
Raoul BRANDON (1878-1941) : architecte, professeur à l’École nationale supérieure des beaux-arts, , on lui doit de nombreuses et remarquables réalisations, parmi lesquelles on peut citer l’Hôtel des postes de Chartres, un ensemble d’habitations à bon marché à Bagnolet, de magnifiques immeubles de rapport à Paris (172 avenue du Maine, 1 et 2 rue Huysmans, 199-201 rue de Charenton...), ainsi qu’un certain nombre de monuments funéraires au Père-Lachaise. Après la Première Guerre mondiale, il se lança en politique. De convictions socialistes réformistes, il devint conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine en 1925. Il fut député de la Seine de 1928 à 1940, et s’y fit l’inlassable avocat de la construction d’habitations à bon marché. Le 10 juillet 1940, il vota en faveur de la remise des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain et décéda sous l’occupation allemande. Avec lui repose son frère, Daniel BRANDON (1884-1942), également architecte.
Georges FESSARD (1844-1918) : notaire, il fut l’un des fondateurs du journal la dépêche d’Eure-et-Loir, où il écrivit de nombreux articles. Conseiller municipal de Chartres en 1890, il fut maire de 1893 à 1912. Sénateur d’Eure-et-Loir de 1905 à 1912, il était inscrit au groupe de la Gauche républicaine.
Louis Ambroise HERVET (1790-1870), ancien "garde du corps du roi Louis XVIII".
Raymond ISIDORE dit Picassiette (1900-1964) : étonnant parcours de cet homme qui passa toute sa vie à Chartres. En 1929, il acheta un terrain et commença la construction de sa maison. Il exerçait alors le métier de balayeur au cimetière de Chartres. A partir de 1938, il décora les objets usuels avec des morceaux de vaisselle trouvés au cimetière et dans les décharges publiques. Ainsi commença l’édification de la maison Picassiette : à l’instar du facteur Cheval, pendant 25 ans, cet homme sans culture artistique fut à l’origine d’une œuvre d’art brut intéressante et représentative de ce mouvement. On dit qu’il puisait son inspiration dans ses rêves. Les mosaïques de la maison Picassiette nous montrent les croyances de l’artiste. Parmi les thèmes s’y côtoient, on trouve la ville de Chartres, sa cathédrale et la porte Guillaume, des animaux, exotiques ou non, des symboles religieux divers, et des voyages qu’il n’avait jamais réalisés. La maison Picassiette se visite toujours à Chartres.
- La tombe de Raymond Isidore, devant la cathédrale qui l’inspira.
L’abbé Claude-Adrien JUMENTIER (1749-1840), vicaire épiscopal, député suppléant du Clergé pour le bailliage de Chartres aux États généraux de 1789, qui fut l’un des fondateurs de la bibliothèque municipale de Chartres dont il fut conservateur et président. Sa tombe est ornée d’un beau médaillon en bronze par Henri Parfait.
- Acte de décès de Claude-Adrien Jumentier - Chartres, 1840.
L’ingénieur Emile LEVASSOR (1843-1897), qui s’associa avec René Panhard pour fabriquer des automobiles sous la marque Panhard & Levassor (la marque de fabrique devint un monogramme associant les lettres P et L, initiales des patronymes des deux fondateurs). Il inventa, perfectionna et n’hésita pas à « essayer » en course ses automobiles et gagna une des toutes premières courses automobile sur « engin à pétrole », le Paris-Bordeaux-Paris de 1895. Il mourut subitement à sa table de dessin.
Gustave LHOPITEAU (1860-1941) : sénateur du département de 1912 à 1930, il fut un éphémère Garde des Sceaux en 1920.
L’architecte et entrepreneur Emile PEULVEY (1836-1906).
Anne Nicolas Alexandre TEXIER (1772-1846), député de la majorité conservatrice de l’Eure-et-Loir de 1830 à 1834.
Le peintre Albert THIBAULT (+1951).
Actes : cercle de recherches généalogiques du Perche-Gouët.
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