BLOIS (41) : cimetière de Blois-ville
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Créé en 1857, il est le principal cimetière de la ville.
De taille assez importante, le contraste entre le sol sablonneux et la vieille pierre salie des monuments lui donne un caractère à la fois ancien et austère. J’ignore pourquoi dans une telle densité, mais l’ensemble des tombeaux semblent effectivement usé, pollué et recouvert de mousse.
Dans le centre du cimetière, un espace circulaire est entouré de conifères du plus bel effet.
Curiosités
Quelques tombes de notables sont ornées d’oeuvres d’art :
- La tombe du docteur Blanchon (1840-1894) est ornée d’un beau médaillon en bronze par sa nièce, Marguerite Blanchon. Un descendant de cette famille m’a confirmé que cette dernière reposait dans un autre tombeau du même cimetière.
- Le bas-relief en bronze par Alfred Jean Halou du sapeur-pompier Clamet (+1923).
- Ferdinand Douin.
- La tombe de l’ancien maire Pierre Stanislas Maigreau.
Le cimetière contient encore la tombe de plusieurs officiers royaux ou impériaux :
- le vicomte Charles Joseph Armand de Carbonnières (+1855), officier du roi et « ancien page de la reine Marie-Antoinette ».
- tombeau du chef d’escadron Louis-Urbain d’Harbelot (+1847), constituée d’un sarcophage en pierre taillée avec blason, surmonté d’un heaume, entourée par quatre petits piliers soutenant au quatre angles une dalle.
- L’écuyer et secrétaire royal Jacques Boesnier de Clairvaux (+1821).
- Charles Vivant de Vernot de Jeux (+1885), qui fut garde du corps de Louis XVIII et de Charles X.
Célébrités : les incontournables...
Auguste POULAIN
Henri PELLETIER
Jean-Eugène ROBERT-HOUDIN
Une partie de la famille des historiens Augustin et Amédée Thierry se trouve dans ce cimetière (voir Les Thierry : une dynastie entre Paris et Blois)
... mais aussi
Edouard BLAU (1836-1906) : librettiste et auteur dramatique français, il est surtout connu pour les livrets du Cid et de Werther de Jules Massenet ou Le Roi d’Ys d’Édouard Lalo. Il fut peint par Frédéric Bazille (voir ci-contre).
L’architecte Emile BRUNET (1872-1952) : ancien élève de l’École des Arts Décoratifs, élève de Génuys et d’Anatole de Baudot, il exerça ses fonctions dans les Côtes-du-Nord, l’Eure-et-Loir, la Seine-et-Marne et l’Aisne, et à Notre-Dame de Paris. En 1937 il fut nommé Inspecteur général. Son nom reste attaché aux restaurations des monuments de l’Aisne après la guerre de 1914. C’est lui qui releva de leurs ruines la basilique de Saint-Quentin et la cathédrale de Soissons. Il fut aussi l’auteur de l’église Saint-Léon à Paris.
L’architecte Jean Baptiste Augustin Philibert DUFRESNÉ (1808-1881), qui fut entrepreneur de l’éclairage au gaz de la ville de Blois, et son fils Auguste Victor DUFRESNÉ (1851-1895), également architecte.
Le général Camille de LA FORGUE de BELLEGARDE (1841-1905), qui fut également médaillé de bronze olympique d’équitation en saut en longueur aux Jeux olympiques d’été de 1900 organisés à Paris !
Paul FRANZ (Paul Gautier : 1876-1950), qui fut l’un des plus illustres ténors de sa génération. Il remporta en 1908 le concours des revues Musica et Comoedia et se trouva sur le champ engagé à l’Opéra de Paris. Il tint l’affiche jusqu’en 1938 comme membre essentiel de la troupe. Il participa à de nombreuses créations à l’Opéra de Paris : Parsifal, Les Troyens, La Fille de Roland, Padmavati... En 1938, il devint professeur au Conservatoire de Paris.
L’architecte Jules de la MORANDIÈRE (1813-1905) : d’abord avocat, il entra à l’école des Beaux-Arts en 1843 et fut l’élève de Félix Duban. Il fut architecte du département de Loir-et-Cher à partir du 4 octobre 1845 et de la ville de Blois à partir de la même année. Attaché à la commission des monuments historiques, inspecteur de Duban sur le chantier de restauration du château de Blois, il construisit la chapelle du grand séminaire et devint architecte diocésain. Parmi son oeuvre, on compte également les viaducs ferroviaires de Besnault à Noyant-de-Touraine et à Beaugency.
Le maréchal de camp André OCHER de BEAUPRÉ (1775-1850), qui servit à la Martinique, où il se distingua contre les Anglais en 1815, avant d’être fait prisonnier de guerre avec toute la garnison de l’île à la capitulation du 24 février 1809. À la bataille de Waterloo, il était aide de camp du prince Jérôme Bonaparte. Il prit encore part, en 1830, à l’expédition d’Alger au combat de Sidi-Kalef et aux opérations qui précédèrent la prise d’Alger. De retour en France, il commanda les départements de Tarn-et-Garonne et celui de Loir-et-Cher. Dans le même tombeau repose son frère, le général Edouard Ocher de Beaupré (+1867).
Claude Louis ROUSSEAU (1735-1810) : ancien prédicateur de Louis XV et Louis XVI, évêque de Coutances en 1802, puis d’Orléans à partir de 1807, il mourut à Blois baron d’Empire et son ancienne dalle, préservée, se trouve désormais dans ce cimetière. Sa tombe rappelle la mémoire de son frère, Jean-Joseph Rousseau, qui fut maire du 3ème arrondissement de Paris et dont la tombe, surmontée d’un buste, se trouve au Père Lachaise.
Louis de la SAUSSAYE (Jean-François de Paule Louis Petit de la Saussaye : 1801-1878) : conseiller général de Loir-et-Cher sous le Second Empire, recteur des académies de Poitiers puis Lyon, cet érudit dirigea plusieurs restaurations de châteaux entre 1850 et 1873, en particulier celui de Blois. Numismate, il fonda en 1835 la Revue de la numismatique française avec Étienne Cartier, revue qui devient plus tard la Revue numismatique. Il fut membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, de 1845 à sa mort.
Pierre SUDREAU (1919-2012) : chef d’un réseau de la Résistance dès 1941, il fut déporté à Buchenwald. Repéré par le général de Gaulle à la Libération en raison de son très jeune âge, il fut successivement préfet du Loir-et-Cher, membre du cabinet d’Edgar Faure à la présidence du Conseil, commissaire à la construction et à l’urbanisme de la région parisienne puis ministre de la Construction dans les gouvernements de Michel Debré et Georges Pompidou de 1958 à 1962, et quelque mois ministre de l’Éducation. En désaccord avec la réforme constitutionnelle instaurant l’élection du président de la République au suffrage universel, il démissionna du gouvernement en octobre 1962. Commença ensuite pour Pierre Sudreau une vie d’élu bien remplie : député centriste du Loir-et-Cher (1967-1981), maire de Blois (1971-1989) où il fut battu par Jack Lang, président de la région Centre. Il fut aussi chargé en 1975 par Valéry Giscard d’Estaing d’un rapport sur la réforme de l’entreprise qui ouvrit la voix aux « Lois Auroux » de la gauche. Toute la dernière partie de la vie de sa vie fut consacrée, notamment à la présidence de la Fondation de la Résistance, à transmettre aux plus jeunes générations les valeurs de la résistance. A sa mort, il était le dernier survivant du gouvernement formé par De Gaulle en juin 1958. Suite à la lettre d’admiration qu’il avait envoyé à Saint-Exupéry alors qu’il n’avait que 12 ans, et à l’amitié qui unit l’aviateur et le jeune homme par la suite, il aurait inspiré l’écrivain pour son personnage du Petit Prince.
Le poète lyrique Nikolas VLADIMIROFF (1880-1955).
Merci à Simon Tiron pour la photo Sudreau
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