AMIENS (80) : cimetière de la Madeleine
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(article en construction)
Décidé à la fin du XVIIIe siècle, le transfert de l’ancien cimetière Saint-Denis situé en centre-ville (actuelle square de la place René Goblet) fut définitif lors de l’ouverture de cet actuel cimetière en 1817. Hors de la ville, le nouveau cimetière fut édifié sur le site d’une ancienne "maladrerie de la Madeleine". La succession de coteaux et de vallons de cet ancien refuge de lépreux se prêta à la réalisation d’un parc à l’anglaise dans le goût de l’époque.
Dès 1827, par vagues successives, le cimetière de la Madeleine s’agrandit vers le Nord. Ses 18 hectares séduisent le public des visiteurs. La richesse de la végétation ajoute à la personnalité du lieu. Il se présente désormais sous deux aspects différents :
le parc à l’anglaise, toujours constitué de vallons et de coteaux, alternent parties boisées profondes, clairières, bosquets et allées. C’est là que se trouvent les plus anciens mausolées, très souvent envahis par la végétation et illisibles, dans le plus grand désordre. Il constitue évidemment la partie la plus belle du lieu.
Des pelouses ou des plateaux moins arborés où se concentrent par alignement des tombeaux plus récents.
Curiosités
Comme au cimetière Saint-Acheul, saluons l’initiative de la municipalité d’avoir placé dans le cimetière un plan coloré permettant de localiser les tombes des principales célébrités du lieux, mais également les monuments classés du cimetière.
Plusieurs tombeaux ont été ornés par Albert Roze. Outre la tombe de Jules Verne, on citera :
- le buste en bronze sur le monument élevé par la Société de Gymnastique La Picarde sur la tombe du commandant Jean-François Vogel (1821-1870) grâce à une subvention publique. Il fut tué à l’ennemi en 1870 en défendant la citadelle d’Amiens.
Il existe quelques tombes de personnages "patrimoniaux" d’Amiens (et mal connus au delà). Parmi eux, on citera le cas de Victorine Autier (1840-1874). Jeune infirmière, fille de médecin, elle accompagna son père et son frère médecin-chef, pendant la guerre de 1870. Elle y fit preuve d’un dévouement infini, et fut honorée de plusieurs médailles pour sa bravoure et son dévouement. Le buste en bronze qui ornait sa tombe a malheureusement disparu entre août 2008 et février 2009.
A cette même catégorie appartient Léon Lecat (+1899), fondateur de A la Ménagère, grand magasin d’Amiens (rue St-Leu) spécialisé dans la vente de produits liés à l’horticulture et au jardinage. Lors de ma dernière visite, sa tombe était en reprise.
Le plus grand obélisque du cimetière (tombeau Marest).
En symbiose avec la végétation environnante, la tombe de l’entrepreneur en bâtiments Leroy-Digeon.
ou encore la chapelle de briques rouges de la famille Lecocq-Paris.
Célébrités : les incontournables...
Une plaque, sur une tombe de famille, rappelle la mémoire du romancier et poète André JULLIEN du BRUEIL (1903-1944) mort dans le Vercors en 1944. On connaît de lui un roman, Imprudence, publié en 1928, au style vif et épuré, ainsi que deux recueils de poésies. Inhumé au cimetière militaire de Saint-Nizier du Moucherotte (Vercors), son nom est mentionné au Panthéon de Paris dans la liste des écrivains morts au champ d’honneur.
... mais aussi
Jules BARNI
Louis COZETTE
Albert DAUPHIN
Amiral René DAVELUY, inventeur du périscope pour les sous-marins.
Grimaux-Dufetel
Alexandre-Ferdinand LAPOSTOLLE (1749-1831) : chimiste et physicien français, il fut l’inventeur d’un parafoudre (appareil destiné à protéger le matériel électrique contre les surtensions) et d’un paragrêle en cordes de paille ! Il semblerait qu’il n’ait pas convaincu le monde scientifique de son époque. Qu’importe : Lapostolle survivra finalement davantage par son tombeau néoclassique, en particulier son bas-relief représentant ses inventions.
Le peintre Edmond Louis Victor LEBEL (1834-1908). Ancien élève de Léon Coignet, il eut un atelier à Montmartre et envoya au Salon de 1861 à 1879, des paysages et des scènes de genre de Bretagne et d’Italie. Il fut en outre conservateur, puis directeur honoraire du Musée des Beaux-Arts de Rouen.
Adrien MORGAN de BELLOY (1766-1834) : maire d’Amiens de 1808 à 1816, son ralliement aux Bourbons lui valut son titre de baron. Député de 1815 à 1823, il vota des mesures conservatrices. Sa tombe mériterait un bon nettoyage, mais est ornée d’un beau sarcophage sculpté.
Frédéric PETIT (1836-1895) : figure politique d’Amiens dont il fut le maire républicain de 1880 à 1881 puis, par intérim, de 1884 à 1895, il fut également sénateur de la Troisième République de la Somme de1886 à sa mort. Parmi ses conseillers municipaux figura Jules Verne.
Emile RICQUIER (1846-1906) : architecte en chef de la Somme, il réalisa plusieurs édifices à Amiens. La plus notable fut le cirque municipal d’Amiens, inspiré du Cirque d’hiver de Paris. Le bâtiment fut inauguré en 1889 par Théodore Rancy qui l’occupa. Le cirque fut baptisé plus tard du nom de Jules Verne, alors conseiller municipal de la ville à l’époque de sa construction.
Paul SIMONI (1863-1931), qui fut gouverneur de Djibouti de 1915 à 1916.
Louis THUILLIER (1853-1883) : physicien et biologiste, il travailla au laboratoire de Louis Pasteur comme préparateur. Il participa aux travaux de Pasteur sur la rage et aux expériences de vaccination des moutons contre le charbon. Il découvrit le microbe responsable de la maladie du rouget du porc, au cours d’une épizootie sévissant dans le département de la Vienne, et participa, avec Pasteur, aux premières expériences de vaccination contre cette maladie. En mission en Égypte en fin d’année 1883 pour étudier une épidémie de choléra, il y succomba de cette maladie à Alexandrie. Le buste qui ornait sa tombe a disparu.
Charles VÉRECQUE (1872-1933) : journaliste et militant socialiste, il se prononça, en 1899 avec Guesde et Lafargue, contre l’entrée d’un socialiste dans un gouvernement "bourgeois". Il fut rédacteur d’un Dictionnaire du socialisme. Sa tombe, sur laquelle sont gravées les trois flèches du socialisme, est ornée d’un médaillon en bronze par Emile Morlaix.
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