VARENGEVILLE-SUR-MER (76) : cimetière
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Le cimetière de Varengeville-sur-mer se trouve sur le littoral du Pays de Caux. Les falaises battues par les vents sont le cadre enchanteur du tout petit cimetière communal. Eugène Isabey, Monet, André Breton ou Raymond Queneau : de nombreuses personnalités fréquentèrent à diverses époques cet endroit, calme et sans doute fécond à l’imagination.
A l’entrée du cimetière, un tombeau refait récemment attire l’oeil. Il s’agit de celui d’un vétéran des armées napoléoniennes (Jacques Danois) qui égraine ses états de service et les batailles auxquelles il participa. Le tombeau, comme l’indique une inscription, fut refait en 1935, 1984 et 2010.
Malgré sa taille modeste, ce petit cimetière contient de nombreuses personnalités :
Le peintre Jean-Francis AUBURTIN (1866-1930), frontalier de l’impressionnisme et du symbolisme, qui fut très influencé par l’art japonais, comme nombre d’artistes de sa génération. Influencé par les travaux des Nabis, Auburtin réalisa un ensemble d’œuvres de grande qualité sur la Bretagne.
le peintre Georges BRAQUE (1882-1963) fonda, avec Picasso, le cubisme, mouvement artistique auquel il resta fidèle toute sa vie. Il s’installa à Varengeville dans les années 30 et fut inhumé dans son cimetière. Il oeuvra dans la commune puisque les vitraux de la petite église St Valery, autour de laquelle se regroupent les tombes, sont de lui. Une de ses oeuvres, une colombe, orne sa tombe.
L’architecte américain naturalisé français Paul NELSON (1895-1979), qui s’intéressa particulièrement à l’architecture hospitalière, sur laquelle portait déjà son sujet de diplôme. Il fut ainsi l’auteur du Centre hospitalier mémorial France États-Unis de Saint-Lô, conçu et réalisé entre 1946 et 1956, de la polyclinique François Ier au Havre, ainsi que des hôpitaux de Dinan (1968) et d’Arles (1965-1974). Il souhaita se faire inhumer dans ce cimetière pour être proche de son ami Georges Braque.
Georges de PORTO-RICHE (1849-1930) : auteur dramatique, poète
et académicien français. Il est aujourd’hui fort oublié et il est difficile de croire que sa pièce, Amoureuse, fut un grand succès à son époque.
Sa plaque, très simple, poursuit son érosion. On peut encore y lire son épitaphe « J’aurai peut-être un nom dans l’histoire du cœur ».
Le compositeur Albert ROUSSEL (1869-1937) fut à la Schola Cantorum l’élève de Vincent d’Indy, son créateur. Il en devint ensuite professeur, et nombreux furent ses élèves qui se firent connaître par la suite, tel que Erik Satie, Roland-Manuel ou Varèse. Il composa beaucoup (symphonies, concertos...). Il aimait cet endroit où il avait fait construire une maison dans les années 20. Il repose sous un énorme bloc cuivré rectangulaire dont les faces représentent ses œuvres, en particulier des motifs indiens et orientaux évoquant son opéra-ballet Padmâvâti.
Le mathématicien Raphaël SALEM (1898-1963), qui travailla toute sa vie sur les séries de Fourier, et qui enseigna dans les universités les plus prestigieuses (Sorbonne, Cambridge, Harvard), dont la tombe reproduit la citation de Montaigne : « Si j’avois à revivre, je revivrois comme j’ai vescu ».
Le cimetière servit en 2001 de décor à une scène du film de Patrick Timsit Quelqu’un de bien.
Fallait-il qu’il soit photogénique ! Varengeville a même donné lieu à la naissance d’un timbre (aimablement transmis par Nicolas Badin). Pas certain que cet honneur ait été attribué à de nombreux cimetières !
Merci à Gabriel Moniotte pour la photo de la tombe Auburtin.
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