LE HAVRE (76) : cimetière Sainte-Marie
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Jusqu’en 1850, c’est à l’emplacement de l’actuel square Saint-Roch que les Havrais inhumaient leurs morts. Face à une demande de plus en plus grande de concessions, la municipalité décida d’implanter une nouvelle nécropole sur les hauteurs dominant l’estuaire, où elle acheta des terres agricoles. Dédié à Sainte-Marie, le cimetière ouvrit ses portes en 1851. Pendant une douzaine d’années, on y transféra les cendres des défunts depuis Saint-Roch (qui ferma en 1868). Très vite, ici comme ailleurs, les notables de la région achetèrent des concessions et se firent ériger chapelles funéraires ou caveaux familiaux autour de la chapelle centrale.
Bien évidemment, ce qu’était Le Havre au XIXe siècle se voit dans son cimetière : dynasties d’armateurs, de négociants, de constructeurs de navires... Beaucoup de monuments commémorant les victimes des naufrages aussi ! Et puis les guerres, qui marquèrent durablement la ville...
C’est un lieu agréable, où ça-et-là se dévoilent des panoramas sur la ville et l’estuaire. C’est aussi un lieu qui a le souci de communiquer sur son patrimoine
Curiosités
Des plaques signalétiques présentent les tombes les plus plus notables. En outre, un vrai travail de mise en valeur du patrimoine est proposé, aux travers d’itinéraires (circuit de l’art, circuit de la mer...).
Une chapelle se trouve dans la partie centrale du cimetière : la chapelle Notre-Dame fut bâtie en 1861. C’est là que débute les circuits de découverte du cimetière. De la documentation y est à la disposition des visiteurs.
Comme dans tous les cimetières de cette importance, Sainte-Marie possède plusieurs monuments commémoratifs. Beaucoup, on s’en doute, rappelle les dangers que représente la mer si proche. On distinguera :
- Un monument érigé à dix sauveteurs du Havre morts en mer en tentant de sauver les marins d’un bateau de pêche le 26 Mars 1882. Il à la forme d’un fût de colonne brisée drapée, surmontée d’un rostre, entourée de 6 cerceuils disposés en étoile. Plus de 100 000 personnes assistèrent à leurs obsèques.
- Le monument élevé aux naufragés de La Bourgogne, un paquebot de la Compagnie Générale Transatlantique coulé en 1898 alors qu’il assurait la ligne régulière New York – Le Havre. Cette catastrophe, la pire de l’histoire de la Compagnie, causa la mort de 564 personnes. Le monument, érigé par souscription publique en 1904, sert également de lieu de recueillement pour d’autres naufrages.
- Dans le panthéon maritime havrais, Pierre Onésime Durécu occupe une place d’honneur : après des années de navigation au long-cours, il s’établit au Havre comme maître-gréeur puis responsable du sauvetage. Ses exploits sont innombrables et l’on estime le nombre de personnes qu’il sauva à plus de 200 ! C’est en essayant de secourir une personne tombée à l’eau qu’il trouva la mort. Sa tombe était ornée d’un buste par Anatole Marquet de Vasselot. Il semblerait qu’il était très détérioré (volé ?) puisqu’il fut remplacé en 2000 par un buste par Sébastien Langloys.
* Le cimetière possède plusieurs enclaves militaires et plusieurs monuments commémoratifs liées aux deux guerres mondiales.
- Un buste de poilu sur le monument en hommage aux morts de Verdun.
- Près de l’entrée se trouve un monument édifié en mémoire des personnes qui ont péri durant la Première Guerre mondiale alors qu’elles se trouvaient sur trois navires. Il s’agit des 168 soldats britanniques, nurses et marins de commerce qui sont tombés avec le Galeka (octobre 1916), le navire hôpital Salta (avril 1917) et le steamship Normandy torpillé en janvier 1918. 24 de ses victimes sont enterrées sous le mémorial, les autres n’ayant pu être repêchées.
- Un monument à la mémoire des soldats belges.
- Tombe du pompier Charles Evelin, mort en 1888.
- On y lit que ce lieutenant de sapeurs-pompiers est « mort victime de son dévouement » le 7 avril 1888 et « des suites de blessures dues à l’incendie de la rue Foache ». Jean-Pierre Houllemare évoque ces faits dans son livre « Les pompiers du Havre de 1855 à 1995 ». Le 9 février 1888, des pompiers se rendent au 12 de la rue Foache pour un feu d’immeuble. « Devant l’importance de l’incendie, le lieutenant Evelin arrive avec un renfort et prend la direction des secours. » Pendant les opérations il est « grièvement blessé à la tête et souffre d’une fracture de la colonne vertébrale par suite de l’effondrement d’une cheminée. Il est hospitalisé mais son état s’aggrave. Le 11 février, le préfet avise le maire que le ministre de l’Intérieur vient de décerner la médaille d’or au lieutenant Evelin. » Le 25 avril 1888, peu après son décès, le conseil municipal décide de donner son nom à la rue Foache.
L’unique gisant du cimetière est celui du juriste Oursel (1862), oeuvre de Jules Bonnaffé. Il est en très mauvais état.
* La fille du tragédien Talma repose dans ce cimetière.
- Du plateau venteux, les arbres témoignent...
* Les œuvres :
- Le médaillon Marchesseaux par Jean-Pierre Dantan
- Médaillon Auber, par Léon Monlon.
- Le médaillon Caron par Alphonse Guilloux.
- Médaillon de l’ingénieur Gouget, par G. Benard.
- Le buste du maire Guillemard par Jules Bonnaffé.
- Médaillon Turbot par C.J.V. Doisy
- Le médaillon Poulet par S. Poulet
- Le médaillon du journaliste local Lecureur par Stanislas Gautier.
- Le médaillon de Jacques Augustin-Normand, offert par ses ouvriers, qui orne sa chapelle néogothique.
- Cette famille construisit des navires, dont le premier vapeur à hélices, au Havre durant sept générations. Ils se partagent plusieurs tombeaux.
- Les trois colonnes de la "ruine" néo-antique corinthienne de la famille Lebigre.
- La belle chapelle Lemoine, de style art-déco.
- L’énigmatique tombe Vassé, par Garel "Ephèbe mi-satyre mi-Apollon"
- La stèle du botaniste Mail est ornée de motifs floraux, d’un oiseau et d’un lézard.
- Dialectique des croix vers le ciel et les cheminées du port industriel !
- Le tombeau de Félix Paisant, consul d’Haïti, né en 1839, mort en 1901, est surmonté d’un portrait en bronze sur un chevalet, signé du sculpteur Stanislas Gautier.
- Le médaillon du tombeau du pharmacien havrais Clément Marical, mort en 1894 a été exécuté par le sculpteur Homond
- Le médaillon du littérateur Louis Rocquencourt, né au Havre en 1818 et mort en 1879 a été sculpté par François Devaux, né à Fécamp en 1840, mort en 1904
Célébrités : les incontournables...
C’est dans ce cimetière qu’avait été inhumé le célèbre sergent François Bertrand (+1878) dit "le Vampire de Montparnasse", connu pour avoir exhumé et mutilé des cadavres, essentiellement de femmes, dans plusieurs cimetières français, en particulier dans le cimetière du Montparnasse à Paris, avant de pratiquer sur eux des actes de nécrophilie et de nécrosadisme. Sa tombe, qui se trouvait dans la 47ème division, a disparu depuis longtemps semble-t-il.
... mais aussi
Le Compagnon de la Libération Henri AMIEL (1907-1976), officier de l’armée rallié aux FFL, il dirigea des troupes africaines. Il fit les campagnes de Syrie, puis de Libye. En mars 1945, il dirigea ses hommes au siège de Royan où les 15 et 16 avril, il conduisit en personne l’attaque qui aboutit à la libération de la poche de Royan. Il servit après la guerre à Madagascar, en Indochine puis en Algérie, au fur-et-à-mesure des guerres de décolonisation.
Le général Louis ARCHINARD (1850-1932), qui contribua à la conquête coloniale de l’Afrique occidentale par la France. Il est souvent présenté comme le conquérant et le pacificateur du Soudan français (actuel Mali) entre 1880 et 1893, et le fondateur de Bamako. Il fut également chargé de créer, en 1917, une armée polonaise en France. On dit qu’il mourut en apprenant l’assassinat du président Doumer qui était venu le visiter la veille !
Le négociant Jacques-François BEGOUËN-DEMEAUX (1743-1831), député du tiers aux États généraux pour le bailliage de Caux, qui se fit remarquer à l’Assemblée dans plusieurs discussions spéciales sur des questions commerciales, coloniales et financières. Il fut fait comte par Napoléon et fut conseiller d’Etat.
Emile BOSSIERE (1825-1926), qui fut l’un des derniers armateurs français à avoir pratiqué la pêche à la baleine. Ses deux fils, qui explorèrent les Kerguelen, sont inhumés à Touffreville la Corbeline.
Louis BRINDEAU (1856-1936) : maire du Havre de 1890 à 1896, il fut député de la Seine Maritime de 1895 à 1912, puis sénateur de 1912 à 1936.
Gustave CAZAVAN (1803-1870) : républicain, il fut préfet de Haute-Garonne, puis de Vendée en 1848. Installé en Seine-Maritime, il devint l’un des fers de lance des républicains et dirigea le Journal du Havre.
L’armateur Edouard CORBLET (1847-1913) qui exploita quatre bâteaux à vapeur et s’associa à un Américain pour créer une flotte de grands voiliers destinés au transport du nickel de Nouvelle Calédonie. Sa fille épouse René Coty .
L’avocat Pierre COURANT (1897-1965), maire du Havre de 1941 à 1944 puis de 1947 à 1954, député de la Seine-Inférieure aux deux Assemblées nationales constituantes puis à l’Assemblée nationale comme républicain-indépendant (CNI) de 1946 à 1962, qui fut ministre à plusieurs reprises entre 1951 et 1953 (Budget, Reconstruction et Logement).
Le peintre de marines Adolphe Hippolyte COUVELEY (Couvelet :1802-1867), qui fut en 1845 sollicité par la ville du Havre pour organiser le nouveau musée de la ville et en devint ainsi le premier conservateur. Il aida Boudin au début de sa carrière.
Octave CREMAZIE (Claude Cremazie : 1827-1879) : poète canadien d’expression française, il lança une revue mensuelle de littérature et d’histoire, Les Soirées canadiennes, destinée à préserver les traditions du Canada français. En 1862, il quitta le Canada pour échapper à ses créanciers et s’installa en France, où il espèrait être à l’abri des soucis financiers. Mais il passa les dernières années de sa vie dans la plus grande pauvreté, sous le nom d’emprunt de Jules Fontaine. Inconnu en France, son poème, le Drapeau de carillon, est quasiment devenu un chant national au Québec. Il fut inhumé très humblement sous son nom d’emprunt au cimetière d’Ingouville, devenu depuis faubourg du Havre, où sa tombe a disparu. Le tombeau ici-présent est donc un cénotaphe, élevé par ses compatriotes et admirateurs en 1912.
Le sociologue Eric DONFU (+2018)
Albert DUBOSC (1874-1956) : industriel (dans le domaine des extraits Tannants et Tinctoriaux), maire de Sainte-Adresse [1] , il fut député du département de 1936 à 1940. La chapelle funéraire de la famille Dubosc est l’une des plus grandes du cimetière : un dôme avec lanternon repose sur quatre colonnes en bronze et à croix ouvragée.
Jules DURAND (1880-1926) : militant syndicaliste révolutionnaire à la CGT, secrétaire en 1910 du syndicat des charbonniers du port du havre, il appela en 1910 à une grève illimitée contre la vie chère et pour une augmentation de salaires. Profitant d’un sordide fait divers mettant en scène des ouvriers ivres qui tuèrent l’un d’eux, le patronat local appuyé par la presse acheta des témoignages pour faire croire à un assassinat politique à l’instigation de Durand. Lors du procès à la cour d’assise de Rouen, et malgré le fait que le responsable de la sureté du Havre ait proclamé l’inocence de Durand, celui-ci, défendu par l’avocat René Coty, futur président de la République, fut condamné à mort. A l’annonce du jugement Jules Durand eut une violente crise de nerfs. Il passa plusieurs mois dans la cellule des condamnés à mort où il devint fou et ne retrouva plus jamais la raison. Après une intense campagne de solidarité, Jules Durand, dont la peine avait été commuée en 1911 en sept ans de réclusion, fut gracié en février 1911. Raccompagné chez lui, son état se détériora progressivement et il décéda à l’asile d’aliénés de Sotteville-les-Rouen. On appela cette affaire l’« Affaire Dreyfus du monde du travail » ou l’« Affaire Dreyfus du pauvre ». Son nom fut donné à un boulevard de la ville. Sa stèle porte un médaillon par E. Morel.
Le négociant Louis-Joachim GAUDIBERT (1837-1876) qui fit oeuvre de mécène, en particulier avec Monet qui, en retour, peignit son épouse qui repose également dans ce tombeau.
- Portrait de Mme Gaudibert par Monet.
l’As de l’aviation Gabriel GUÉRIN (1892-1918), qui enregistra 23 victoires aériennes à son actif. Il se tua dans un accident d’avion peu de temps avant la fin de la guerre.
Le journaliste, homme de lettres et consul norvégien en France Arne HAMMER (1876-1918).
Le sculpteur sur bois Pierre-François HAUMONT (1772-1866), qui remplaça les statues des saints de l’église Notre-Dame du Havre brisées pendant la Révolution. On lui doit également de très nombreuses figures de proue pour les navires construits dans les chantiers navals de sa ville natale.
César Adolphe d’HOUDETOT (1799-1869) : fils du général d’Houdetot, petit-fils de la célèbre salonnière Sophie d’Houdetot (qui tous deux reposent au cimetière Montmartre), ce receveur particulier dans l’administration des finances au Havre prépara en 1848 les mesures d’embarquements du Roi et de la Reine qui furent le sujet de son ouvrage Honfleur et le Havre, huit jours d’une royale infortune (1850). Écrivain, on lui doit un grand nombre d’ouvrages sur la chasse dont certains font toujours autorité. Sa tombe est ornée d’un petit médaillon en bronze. Elle possédait naguère une plaque de bronze représentant Saint-Hubert (patron de la chasse) désormais disparue.
L’architecte Théodore HUCHON (1824-1895), qui oeuvra beaucoup dans la région, et en particulier dans ce cimetière (il fut l’auteur de son propre tombeau, avec un médaillon représentant la forme de la chapelle Notre-Dame-des-Flots, construite par lui).
Le pionnier de l’aviation Hubert LATHAM (1883-1912), dandy dilettante à la soif d’aventures et de records : une traversée de la Manche en ballon, des courses de canots automobiles, puis la découverte de l’avion et l’obtention du brevet. Il se lança alors dans la tentative de traversée de la Manche en avion, où il fut battu par Blériot. Il participa ensuite à de nombreux meetings où il se classa toujours, puis ce fut la chasse aux grands fauves, une autre passion, qui lui fut fatale : il mourut, dans des conditions encore floues, piétiner à mort par un buffle sur lequel il venait de tirer en Oubangui-Chari.
Adrien François LE MAISTRE (1783-1853), ancien maire du Havre, qui fut député de la Seine-Maritime de 1834 à 1837, siégeant dans les rangs du Tiers Parti.
Le peintre Charles LHULLIER (1824-1898), ancien élève d’Ingres devenu professeur à l’École des beaux-arts du Havre où il compta parmi ses élèves notamment Raimond Lecourt, Raoul Dufy, Othon Friesz ou Georges Braque. Sa tombe était ornée d’un médaillon par Stanislas Gautier hélas disparu.
Le négociant en coton Charles Auguste MARANDE (1858-1936) qui fit fortune grâce aux colonies, devint collectionneur d’art et fit don de ces collections au musée du Havre.
Le jeune aviateur Jean MARIDOR (1920-1944), engagé dans les Forces aériennes françaises libres en 1940, qui se spécialisa dans la chasse des V1. C’est au cours d’une opération aérienne contre l’un d’entre-eux qu’il trouva la mort. Sa dépouille fut inhumée près de Londres, puis rapatriée en France en 1948. Il fut fait Compagnon de la Libération.
Léon MOLON (1881-1952), passionné d’automobiles mais aussi d’aviation, dont il devint un des pionniers. Il fut le fondateur de l’Aéroclub du Havre.
Le sculpteur Albert Félix MULOT (1847-1922), qui repose sous une allégorie de la mort de sa composition. A quelques encablures de sa tombe reposent ses parents, sous un monument qu’il avait lui-même réalisé en 1887. Ces deux tombes sont en réalité ses réalisations majeures.
- Le tombeau d’A. Mulot...
- ... et celui de ses parents.
Léon PEULEVEY (1815-1885), qui fut député du département de 1878 à sa mort, repose sous un monument réalisé par Jules Coutan.
Le jeune artiste dramatique Robert POLET, mort sur le front au tout début de la guerre en septembre 1914 à 26 ans.
Le peintre Emile RENOUF (1845-1894), qui peignit des thèmes marins et paysans, souvent bretons. Sa tombe était surmontée d’un buste par G. Bénard qui a malheureusement été volée.
Le sculpteur Alphonse SALADIN (1886-1953), ancien praticien de Rodin, qui fut conservateur du musée du Havre.
Jules SIEGFRIED (1837-1922 ) : maire du Havre à partir de 1870, député et conseiller général de la Seine-Inférieure (1886-1897 et 1902-1922), sénateur (1897-1900), il fut un éphémère ministre du Commerce, de l’Industrie et des colonies entre 1892 et 1893. Préoccupé par le sort des plus pauvres et cherchant la prospérité de son pays, il chercha à promouvoir l’habitat social. Ainsi, la « loi Siegfried » du 30 novembre 1894 encouragea la création d’organismes d’habitations à bon marché. Il repose avec sa femme Julie PUAUX-SIEGFRIED (1848-1922), qui fut une féministe, fonda des oeuvres en faveur de l’éducation des filles, et fut présidente du Conseil national des femmes françaises de 1912 à 1922 (c’est à cette époque que le projet du vote des femmes, fortement soutenu par son époux, fut adopté à l’Assemblée nationale, mais échoua au Sénat). Ils furent les parents de l’historien et sociologue André Siegfried.
Le compositeur et organiste Louis TESSIER (1846-1902), à la tombe ornée d’un médaillon en bronze par Léon Monlon. Il s’agit du caveau Bougon.
L’Américain Jeremiah WINSLOW (1781-1858), qui devint l’un des plus célèbres armateurs baleiniers du XIXe siècle.
[1] Il y était propriétaire d’un chalet norvégien que l’on peut voir près du Pain de sucre. Acheté probablement à l’Exposition universelle de Paris en 1900, il fut remonté en 1910 et 1911.
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