cimetière d’AUTEUIL

Visité en septembre 2006
lundi 21 juillet 2008
par  Philippe Landru

Le premier cimetière d’Auteuil

La première église d’Auteuil, que remplace depuis 1877 l’église actuelle, datait du XIe siècle. Reconstruite au XIVe siècle, elle avait été agrandie au XVe et XVIIe siècle. Elle possédait un petit cimetière dans lequel furent inhumés les habitants du village du XIe siècle jusqu’en 1793.

Parmi eux reposaient Henri-François d’AGUESSEAU (1668-1751), avocat brillant qui s’était fait connaître en défendant les libertés de l’Église gallicane et résista à la promulgation de la bulle Unigenitus de 1713 condamnant le jansénisme, très bien implanté dans les milieux parlementaires. Appelé par le Régent en 1717 pour devenir chancelier et Garde des Sceaux, son opposition à Law lui valut l’exil dans ses terres, mais il fut rappelé en 1720 pour être à nouveau évincé par le cardinal Dubois en 1722. Rappelé une nouvelle fois en 1727, il garda la charge de chancelier jusqu’en 1750. Juriste éminent, ses réformes améliorèrent significativement les procédures judiciaires et tendirent à assurer davantage d’uniformité dans l’application des lois.

Il avait épousé Anne Lefèvre-d’Ormesson qui avait demandé par piété à être inhumée au milieu des pauvres du cimetière : il la rejoignit donc dans le tombeau, qui fut déplacé une première fois en 1753. Louis XV fit ériger un monument à la gloire de son chancelier constitué par une pyramide de porphyre couronnée par un globe d’or surmontée d’une croix. Cette tombe fut profanée en 1793 et leurs cercueils de plomb furent ouverts. En 1800, le consul Lebrun ordonna la restauration et la réédification de cette pyramide, les restes du couple ayant été conservés par le maire Benoit. Devenu trop petit, le cimetière fut transféré en 1793 dans le terrain actuel et remplacé par une place publique au centre de laquelle se dresse toujours le monument d’Aguesseau.

La place est très passante le jour, mais peu de gens savent que ce monument, en face de l’église, est en réalité la tombe d’un chancelier de France, unique reste de l’ancien cimetière du village d’Auteuil.

Le nouveau cimetière d’Auteuil

Le nouveau cimetière d’Auteuil, dont une plaque à l’entrée nous dit qu’il a été "fondé en 1800 par Monsieur Pierre-Antoine Benoist, maire d’Auteuil", fut en réalité ouvert dès 1793 et inauguré officiellement en 1800. Sa création fut rendue possible grâce au don, par le sénateur et banquier Le Coulteux de Canteleu, d’un terrain de 50 perches (1 709 m2). Ce dernier désirait que le nouveau champ de repos se présentât comme "une réunion d’arbres faisant ornement dans la plaine". Il offrit en 1807 une surface équivalente en plus. Deux agrandissements successifs, en 1843 et 1847, lui permirent d’atteindre sa superficie actuelle de 72 ares. Annexé à Paris en 1860, il servit encore quelques temps pour les inhumations temporaires et gratuites des habitants du XVIe arrondissement, puis fut fermé en 1870. Il ne reçoit désormais plus que des concessions perpétuelles.

C’est aujourd’hui un très joli cimetière : sa partie la plus ancienne (5ème division) est ombragée par une douzaine de marronniers, d’érables et de pins. Petit cimetière à taille humaine, il n’en comporte pas moins un très grand nombre de sépultures d’intérêt, soit pour des raisons esthétiques, soit par la renommée des disparus. Au jeu du rapport superficie/notoriété, il arrive sans doute en tête de tous les cimetières d’Ile-de-France. Il est vrai que comme Passy ou Neuilly, Auteuil est une terre d’élection pour nombre de familles bourgeoises ou d’artistes capables d’édifier de tels monuments.

Curiosités

-  La belle chapelle Moiana, entourée de ses deux pleureuses en pierre (6ème division).
-  Le cimetière possède l’une des rares tombes réalisées par Hector Guimard : celle du négociant Charles Leron-Levent. Le médaillon en bronze qui orne l’édifice est de Jeanne Itasse (2ème division).
-  la sculpture, par Raymond Sudre, qui représente la petite Jeanine Pignet (1922-1925), morte à deux ans et demi (6ème division).
-  Le médaillon en bronze d’Henri Savreux pour la tombe de l’avocat Jean-Frédéric Voizot.
-  Le chimiste Louis Possoz repose sous un buste et ses instruments de travail en bronze par A. André (1ère division).
-  Un Christ gisant pleuré par sa mère de facture moderne sur la tombe Mercat (5ème division).
-  Le lévrier en bronze qui ornait la tombe des époux aviateurs Chaumié, tombés en vol en 1934, a disparu (10ème division).
-  Une Composition de pierre et de bronze sur la tombe Berendorf par Anatole de Vasselot.

-  Un médaillon sur la tombe de Régis ALLIER (1802-1878), philanthrope qui avait fondé la « colonie de bienfaisance de Petit-Bourg », destinée à « venir au secours des jeunes gens pauvres et honnêtes du département de la Seine, et de les employer dans des colonies agricoles ». Ce médaillon est signé A. Allier, sans doute Alfred Allier, +1897 à 74 ans et inhumé dans ce caveau, pour lequel je n’ai rien trouvé (9ème division).

-  L’imposant mausolée des ducs de Riario-Sforza (3ème division).

-  La pose étudiée de la photographie sur la tombe de l’acteur Serge Chatsky (plaque désormais très abîmée).

- La chapelle des ducs de Montmorency, ouverte à tous vents, contient des armoiries de la famille des Talleyrand-Périgord.

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Médaillon dans la chapelle Dupas, signé Jean Luc (?)









Les célébrités : les incontournables…

-  Pierre-Jean Georges CABANIS
-  Jean-Baptiste CARPEAUX
-  Orane DEMAZIS
-  Raoul FOLLEREAU
-  Abel GANCE
-  Paul GAVARNI
-  Charles GOUNOD
-  Pierre GRANIER-DEFERRE
- Alain GRIOTTERAY
-  Albert PRÉJEAN
-  Hubert ROBERT
-  Hippolyte de VILLEMESSANT

Claire PRADIER (1826-1846), fille unique de Juliette Drouet et du sculpteur James Pradier, inspira quatre poèmes à Victor Hugo qui la considérait comme sa propre fille. Elle fut inhumée ici mais fut transférée rapidement au cimetière de Saint-Mandé.

La chapelle Molitor, ouverte à tous vents, est celle du fils du maréchal de France (qui lui est aux Invalides).

L’actrice Mme MARS (Jeanne Marguerite SALVETAT), épouse de l’acteur Jacques-Marie Boutet de Monvel, et mère de la tragédienne Melle MARS, fut également inhumée en ce cimetière à une date inconnue, tout comme l’instituteur Paul de Feuardent, premier historien d’Auteuil ; le général du Crest de Saint-Germain, l’avocat Pierre Pérignon (source : Jacques Hillairet, ouvrage cité).

… mais aussi

-  L’écrivain Raymond ABELLIO (Georges Soulès : 1907-1986) : ingénieur sensibilisé aux idées révolutionnaires, il entreprit une carrière politique, qui le fit adhérer successivement à des courants de pensée radicalement opposés. Marxiste dans les années trente, il adhéra à la SFIO en 1932 et intégra bientôt le comité directeur du parti. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut fait prisonnier (1940). Après sa libération, en 1941, il adhéra au Front national révolutionnaire, organe de la collaboration créé par Pierre Laval, avec le désir de concilier des positions pro allemandes et ses idées sociales. À partir de 1942, cependant, il se rendit compte de ses erreurs et soutint la Résistance. L’ambiguïté de ses choix pendant l’Occupation lui valut une condamnation par contumace pour collaboration en 1948 mais, après une période d’exil en Suisse, il fut acquitté en 1951. Abandonnant tout engagement politique après la guerre, il se tourna vers la gnose et le mysticisme, s’attachant à interpréter la réalité contemporaine à la lumière d’une érudition religieuse et ésotérique. Il poursuivit ses recherches métaphysiques et son interrogation sur la présence du divin et du mal à travers des essais qui propose une théorie de la décadence actuelle du monde occidental. (1ère division).

-  Charles-Hervé ALPHAND (1879-1942), petit fils du célèbre ingénieur Jean-Charles Adolphe Alphand, qui fut ambassadeur de France en Irlande, en URSS puis en Suisse dans la période trouble des années 30 (4ème division).

-  Jean BASSOMPIERRE-SEWRIN (1914-1948) : ancien membre des Jeunesse Patriotes de Pierre Taittinger et de la Cagoule d’Eugène Deloncle, il devint Secrétaire Général de la Légion des Combattants à Nice, puis au SOL de Joseph Darnand et devint officier dans la LVF (division Charlemagne) et Inspecteur général de la Milice en zone Nord. Fait prisonnier par les Russes, il s’échappa lors de son transfert en France, puis fut arrêté en Italie. Condamné à mort, il fut fusillé (12ème division).

-  Pierre-Antoine BENOIT (1741-1816), le maire du village d’Auteuil qui inaugura le cimetière (la tombe a été refaite) (10ème division).

-  Le peintre aquarelliste Gaston BÉTHUNE (1857-1897), qui repose sous un beau bronze (médaillon et palette) d’E. Muller (1ère division).

- Le statisticien et économiste d’origine prussienne et naturalisé français Maurice BLOCK (1816-1901), qui collabora à de nombreux journaux en France, et fut élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 1880 (8ème division).

- L’architecte Roland BOUDIER (1902-1972), qui oeuvra beaucoup à Aubervilliers (6ème division).

-  Le vaudevilliste Nicolas BRAZIER (1783-1838), qui fut l’auteur de plus de cent pièces ainsi que d’une Histoire des petits théâtres de Paris. Il semble que sa tombe ait disparu.

- Aimé François BROC de la TUVELIÈRE (1808-1876), qui fut chambellan du roi Louis Ier de Bavière (4ème division).

-  La comédienne renommée Berthe CERNY (Hélène Lucie de Choudens : 1868-1940), qui fut sociétaire de la Comédie française. Elle fut l’amante d’Aristide Briand. (9ème division).

-  La chapelle familiale de Pierre-Alfred CHARDON (1809- 1893) et d’Amélie LAGACHE : couple de philanthropes, ils avaient fait fortune grâce à l’ouverture en 1832 d’un magasin de nouveautés, Aux montagnes russes, au 9 rue du Faubourg Saint-Honoré. Ils fondèrent en 1863 la maison de retraite d’Auteuil qui porte leur nom. Leur nom est passé à la postérité depuis qu’il devint celui d’une station de métro (3ème division).

-  Le ténor CHARLESKY (Désiré Perret : 1881-1961), qui connut un petit succès à l’époque de la mode des tyroliennistes, et qui termina sa carrière à l’Opéra comique (9ème division).

-  L’architecte et peintre Charles-Louis CLÉRISSEAU (1721-1820), élève de Germain Boffrand, il fut l’auteur de nombreux dessins inspirés de l’Antiquité. Son style plaisait : il fut membre des Académies de Paris, de Londres et de St Petersbourg où Catherine II l’avait fait appeler. Il mourut quasi centenaire. Sa tombe semble avoir disparu.

-  L’actrice de vaudeville Julia de CLERY (Julia Pistarino : 1850-1932).

- Charles COUSIN-MONTAUBAN, comte de PALIKAO (1796- 1878) : chef d’escadron aux spahis le 4 septembre 1830, lieutenant-colonel le 7 mai 1843, colonel au 2e chasseurs le 2 août 1845, c’est entre ses mains qu’Abd-el-Kader fit sa soumission le 21 décembre 1847. En 1860, le général Montauban fut investi du commandement en chef des troupes françaises de l’expédition de Chine, entreprise conjointement avec l’Angleterre depuis 1857. Le 21 septembre, les Franco-Britanniques dispersèrent les Chinois près du pont de Palikao. Les opérations se poursuivirent par la prise de Pékin, le sac du Palais d’Eté et la défaite de la Chine. Pendant la guerre franco-allemande de 1870, l’impératrice régente le chargea le 9 août 1870 de la constitution d’un nouveau cabinet, dont il prit la direction avec le portefeuille du ministère de la guerre. Ce cabinet ne vécut que trois semaines, la défaite de Sedan et la capitulation de Napoléon III ayant entraîné la chute du Second Empire. La chapelle d’origine fut remplacé par une dalle moderne (6ème division).

-  Paul DALLOZ (1829-1887) : fils du juriste Désiré Dalloz, il fut directeur de plusieurs journaux dont le Monde illustré et le Moniteur universel. Avec lui repose son gendre, Edouard DESFOSSÉS (1848-1923), qui succèda en 1888 à son beau-père à la tête de l’imprimerie DALLOZ qui prit désormais le nom d’"Imprimerie de la S.A. de publications périodiques E. Desfossés". La tombe est ornée d’un médaillon en bronze (1ère division).

-  Les architectes Gaston (+1929) et Isidore-Victor DAUNAY (8ème division).

- Le peintre at aquafortiste Maurice DEVILLE (1860-1919).

- Marcel DIEBOLT (1912-2002) : haut fonctionnaire, préfet dans plusieurs départements, il devint préfet de Paris en 1969. Mêlant intérêts privés et publics, il ne laisse pas un bon souvenir. Il fut en particulier responsable de la destruction et l’aménagement des Halles de Paris.

- Charles FALCON de CIMIER (1826-1897), qui fut préfet des Basses-Alpes de 1864 à 1870, puis de la Saône-et-Loire en 1877 (6ème division).

-  Le violoncelliste Louis R. FEUILLARD (1872-1941), qui fut professeur au Conservatoire et qui laissa une méthode pour jeunes violoncellistes qui reste encore une bible pour les instrumentistes. Il repose sous un médaillon en bronze de G. Vallon (4ème division).

-  Le prêtre dominicain sécularisé Louis-Albert GAFFRE (1862-1914), qui fut un prédicateur tant en France que dans le monde entier (en particulier au Canada), et qui laissa plusieurs ouvrages. Il repose sous une tombe subtilement ouvragée (croix en relief).

-  Le pionnier de l’aviation Eugène GILBERT (1889-1918), qui remporta divers prix (coupe Pommery…), mais qui se tua dans un accident d’avion à Villacoublay (5ème division).

-  Anne-Catherine HELVÉTIUS (1719-1800) : épouse du philosophe Helvétius, elle réunit dans son salon de la rue d’Auteuil tout le cénacle des Lumières : toute l’élite littéraire (Diderot, Panckoucke…), artistique (Houdon, Gérard…), scientifique (Cuvier, Buffon, Lavoisier…) ou politique (Mirabeau, Benjamin Franklin, Bonaparte…) du XVIIIe siècle. Inhumée primitivement dans un caveau situé au fond de sa propriété au 59 Grande Rue d’Auteuil, sa tombe fut transférée ici en 1816 au moment de la vente de la dite propriété. Détruite par les obus de la Commune, sa tombe a été remplacée par une simple dalle funéraire quasiment illisible (5ème division).

-  La très belle et très oubliée comédienne Renée HERIBEL (1903-1952), qui tourna des années 20 au début des années 30 (son plus grand rôle fut dans Cagliostro).

-  L’archéologue et historien Léon HEUZEY (1831-1922), qui dans le cadre de l’Ecole Française d’Athènes passa plusieurs années de fouilles en Grèce : il découvrit des sites d’importance tel que Dion, au pied du mont Olympe, et surtout, en 1893, celui de Delphes. Membre de l’Institut, il laissa de nombreux ouvrages toujours appréciés dont une (Histoire du costume antique d’après des études sur le modèle vivant). Le médaillon en marbre qui orne sa tombe le représente. Dans le même tombeau repose également son fils Louis HEUZEY (1864-1901), qui fut député de la Mayenne de 1898 à 1901 (7ème division).

-  Le colonel Pierre Agathe HEYMES (1776-1842), qui participa aux guerres révolutionnaires et de l’Empire (expédition de St-Domingue, Prusse, Pologne, Espagne, Portugal…). Chef d’état-major du maréchal Ney lors de la campagne de 1815, il fut mis à la retraite par les Bourbons mais participa à l’insurrection de 1830 : il fut fait maréchal de camp par Louis-Philippe (5ème division).

-  L’architecte Jacques LACORNÉE (1779-1856) : ancien élève de Jean-Charles Bonnard aux Beaux-Arts, on lui doit le palais d’Orsay, qui fut attribué au ministère des Affaires étrangères du Second empire (incendié lors de la Commune, il fut détruit pour faire place à la gare d’Orsay) (6ème division).

-  L’architecte Edmond LE DESCHAULT (1831-1921) (1ère division).

- L’écrivain Francis W. LEARY (1915-2003) (6ème division).

-  Charles LECOMTE (1805-1900) : négociant en textile, il fut nommé après la Révolution de 1848 maire du Ve arrondissement de Paris (l’actuel Xe arrondissement) où il se signala par sa lutte contre l’épidémie de choléra de 1849, mais il démissionna suite au coup d’Etat de 1851. Il fut ensuite député de centre-gauche de la Mayenne de 1876 à 1885 (7ème division).

-  Le mathématicien Adrien-Marie LEGENDRE (1752-1833) (5ème division) : chargé par la Convention de travaux géodésiques, il approfondit l’étude de la trigonométrie. Dans le Mémoire sur la Figure des planètes, il introduisit les polynômes qui portent son nom. Il devint membre de l’Académie des Sciences (5ème division).

-  André LEO (Léodile Bera : 1824-1900) : romancière et journaliste féministe française, elle s’engagea avec les républicains et la Commune et milita au sein du Mouvement ouvrier international. Elle se consacra à l’étude de la condition féminine dans les différents pays d’Europe dans lesquelles elle voyagea. Elle laissa une œuvre considérable : de nombreux romans, contes et essais, des dizaines d’articles et textes politiques. Elle fut un temps la compagne du militant Benoît Malon. Elle repose auprès de son époux, Pierre-grégoire CHAMPSEIX (1817-1851), journaliste disciple de Leroux, et de ses deux fils, André et Léo (d’où son pseudonyme) (8ème division).

- L’architecte Théodore LEVEAU (1896-1971) : élève de Jean-Claude Nicolas Forestier en urbanisme technique des jardins à l’École des beaux-arts de Paris, Théodore Leveau devint architecte DPLG en 1927. Également paysagiste, il collabora avec Forestier au plan d’urbanisme de La Havane (Cuba) de 1925 à 1930. Il collabora avec Camille Lefèvre, notamment pour le palais de la SDN à Genève et le jardin de la Casa Vélasquez à Madrid en 1934. De 1935 à 1942, il fut architecte spécialiste au ministère turc des Travaux publics, pour lequel il élabora de nombreux projets d’aménagement et d’édifices publics à Ankara : ministère de la Justice, gare d’aviation, faculté de droit, aménagement de la vallée de Çubuk, barrage... Il élabora encore le plan de la reconstruction de Dunkerque. Il enseigna enfin à l’École spéciale d’architecture et à l’école d’horticulture de Versailles (6ème division).

-  Le graveur Simon Charles MIGER (1736-1820), connu surtout pour les planches qu’il réalisa pour La Ménagerie du Muséum national d’histoire naturelle de Lacépède, Saint-Hilaire et Cuvier. Il était membre de l’Académie royale de peinture et sculpture (10ème division).

- Le librettiste Paul MILLIET-MONCHICOURT (1855-1924), surtout connu pour les livrets de Hérodiade et de Werther de Jules Massenet. Avec lui repose son épouse, la soprano américaine Ana ADINI (Ana Schillinger : 1856-1924), ancienne élève de Viardot, (9ème division).

-  L’architecte Edouard MOLL (1797-1876) : formé dans l’atelier de Debret et à l’école des Beaux-Arts d’Angers, il fut nommé inspecteur de travaux de restauration de la salle de l’Opéra et du Palais des beaux-arts. Il entama ensuite un long voyage vers Rome pour se former à l’art antique. De retour, son amitié avec David d’Angers lui permit de vivre des chantiers de restauration de la basilique Saint-Denis et de l’hospice des aliénés de Charenton. Après la révolution de 1830, il s’établit à Paris et devient architecte expert près le tribunal de grande instance de la Seine. Il laisse de nombreuses réalisations en Anjou. Sa stèle est très érodée (2ème division).

- Le musicien Philippe MUSARD (1792-1859) : d’abord

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violoniste dans les guinguettes de Belleville, puis chef d’orchestre des bals de la reine Victoria à Londres, il devint en 1820 chef d’orchestre du Tivoli où il composa des quadrilles qui lui assurèrent une grande notoriété. Il dirigea en 1835 des concerts qui portaient son nom, et en 1836 les bals de l’Opéra ainsi que ceux du Jardin Turc et de Valentino. C’est là que, vers 1840, il lança le cancan, ou coincoin, danse jugée lascive et scandaleuse. Ancêtre du pudique et touristique french cancan, le cancan se pratiquait en couple. Il fut l’un des plus illustres représentants de la musique festive de danses de Paris au XIXème siècle, et l’un des derniers maires d’Auteuil avant l’annexion. Sa tombe semble avoir disparu.

- Le journaliste Jean-Claude NARCY (né en 1938) a inhumé son épouse en 2010. Il sera lui-même inhumé dans cette tombe, où son identité et sa date de naissance sont déjà portées (9ème division).

-  Les écrivaines Eve PAUL-MARGUERITTE (1885-1971) et Lucie PAUL-MARGUERITTE (1886-1955), toutes deux filles de l’écrivain Paul Margueritte (qui repose au cimetière de Soorts-Hossegor, dans les Landes), qui furent les auteures de romans et nouvelles sentimentaux (5ème division).

- Parmi l’enclos funéraire de la famille des barons Pérignon repose Pierre Paul PÉRIGNON (1800-1855), député de la Marne de 1837 à 1848. Connu pour ses idées libérales, il fut représentant du peuple en 1848.

- Charles RAGON de BANGE (1833-1914), polytechnicien et colonel d’artillerie, directeur de l’Atelier-de-précision du dépôt central de Paris ; il fut le concepteur d’un système d’arme (obturateur de Bange) qui accroît la vitesse de chargement des canons, procédé si efficace qu’il est toujours en utilisation de nos jours.

-  Le statuaire Elias ROBERT (1821-1874) : ancien élève de David d’Angers et de James Pradier, il se consacra surtout au portrait et à la sculpture monumentale. Il reçut des commandes de portraits officiels. Profitant également de l’essor de l’urbanisme et de l’architecture à Paris sous Haussmann, il participa au décor sculpté d’un grand nombre de bâtiments publics. Il travailla aussi en province (monuments de Geoffroy Saint-Hilaire à Etampes et du Maréchal Jourdan à Limoges) et à l’étranger (Philadelphie et Lisbonne) (6ème division).

-  L’abbé Louis ROUSSEL (1825-1897), qui créa en 1866 La Fondation des Orphelins Apprentis d’Auteuil, une oeuvre sociale qui se consacre à l’accueil, la formation et l’aide à l’insertion des jeunes en difficulté sociale (6ème division).

-  René SANSON (1910-2004) : avocat de formation, ancien maire du XIIIe arrondissement de Paris, député de 1958 à 1962, il fut en outre le père de la chanteuse Véronique Sanson.

-  L’éditeur Guy SCHOELLER (1915-2001), qui fut le créateur de la collection Bouquins chez Robert Laffont. Il fut de 1958 à 1960 l’époux de Françoise Sagan. Dans la même tombe repose l’écrivaine Ghislaine SCHOELLER (1939-2001), l’auteure de Lady Jane, et le journaliste et historien Claude PAILLAT (1924-2001), qui mena des investigations très poussées pour Paris-Match puis le Canard enchaîné. Ses contacts au sein de la classe dirigeante et des clubs mondains en firent un informateur de premier ordre, et la parution de ses ouvrages (la série des Dossiers secrets) fut toujours un événement (4ème division).

-  Le peintre Charles-Henry TENRÉ (1854-1926), qui se trouve dans le tombeau Aguado (1ère division).

-  Guillaume TERNAUX (1763-1833) : manufacturier d’origine rémoise, il fonda en France de nombreuses fabriques de textile. Il accueillit favorablement le retour des Bourbon, qui lui semblaient devoir ramener la paix. Il fut anobli sous la Restauration, fut député de l’Eure de 1818 à 1822, puis de la Haute-Vienne en 1827 et 1830. Il repose dans l’imposant tombeau de famille dans lequel se trouvent également Charles-Henri TERNAUX (1807-1864), député de la Loire-Atlantique de 1844 à 1848, siégeant à gauche ; le fils de ce dernier, Maurice TERNAUX-COMPANS (1846-1930), diplomate et député des Ardennes entre 1898 et 1902 ; et Raymond FOURNIER-SARLOVEZE (1836-1916), qui fut préfet de la Creuse en 1873, de Loir-et-Cher en 1874 et de la Vienne en 1876, puis qui se consacra aux travaux historiques.

(3ème division).

-  Benjamin THOMPSON, comte RUMFORD (1753-1814) : physicien et chimiste américain, il combattit les insurgés durant la guerre d’indépendance américaine. Il vécut ensuite en Bavière où il fut nommé par l’électeur lieutenant général de l’armée. Il s’installa enfin en France où il épousa la veuve de Lavoisier. Il imagina le calorimètre à eau, le thermoscope et étudia les chaleurs de combustion et de vaporisation. Sa tombe fut mise en pièce par un obus lors de la Commune : elle fut restaurée en 1876 puis en 1923 par des universités américaines (5ème division).

-  Justin TRIPIER – LE FRANC (1803-1883) : membre fondateur de la Société de l’Histoire de l’Art Français, il s’intéressa aux artistes de son époque (il consacra une importante monographie à Antoine Gros). Avec lui repose son épouse, la peintre Françoise-Elisabeth, dite Eugénie LE BRUN (1797-1872), nièce par alliance de la célèbre portraitiste Elisabeth Vigée-Le Brun, dont elle fut l’une des deux héritières. On lui doit essentiellement des copies de l’œuvre de sa tante (12ème division).

-  La comédienne Nelly VIGNON (1929-1993) : membre de la Comédie Française, elle joua dans les années 50. Malgré sa présence fréquente dans Au théâtre ce soir, elle est très oubliée de nos jours. On se rappelle néanmoins de sa voix, car elle fut souvent employée pour le doublage : elle fut la voix française de Barbare Bel Geddes (Miss Ewing) dans Dallas, celle de Hester Sue dans La petite maison dans la prairie, et celle de Pénélope dans le dessin animé Ulysse 31 ! (5ème division)

-  Le peintre Adolphe YVON (1817-1893) : ancien élève de Delaroche, il devint l’un des plus grands peintres militaires de son époque. Il participa à la guerre de Crimée d’où il revint avec des fresques épiques des combats. On lui doit également des portraits et toute une série de peintures religieuses. Il fut le peintre qui dépeignit le mieux la cour de Napoléon III. Sa tombe se distingue par sa palette en marbre et par un buste en bronze (1ère division).

-  Le compositeur et pianiste Pierre ZIMMERMANN (1785-1853) : ancien élève de Boieldieu et de Chérubini, il devint à son tour professeur de piano au Conservatoire. Le nombre de ses élèves devenus fameux est étonnant : Marmontel, Ambroise Thomas, Bizet, César Franck, Louis Lacombe… Gounod, quant à lui, épousa sa fille. On a de lui deux concertos, une somate pour piano, de la musique sacrée et deux opéras : l’Enlèvement et Nausicaa. Il laissa une Encyclopédie du pianiste devenue un classique. Le médaillon en bronze qui orne sa tombe est de Dubufe (9ème division).


Pour l’histoire du cimetière, on consultera HILLAIRET Jacques
Les 200 cimetières du vieux Paris, éditions de Minuit, 1958.

Merci à Olivier Camus pour la tombe Narcy et à jean-yves Le Rouzic pour la tombe Vignon


Commentaires

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cimetière d’AUTEUIL
samedi 11 mars 2023 à 18h33 - par  Frédéric

Le cimetière d’Auteuil fait l’objet d’une brève description dans le chap. 20 de Je m’en vais de Jean Echenoz, roman qui obtint le prix Goncourt en 1999. La chapelle Moiana (non nommée mais reconnaissable) et la tombe d’Hubert Robert, notamment, y apparaissent. Un des personnages du roman est censé être enterré là.

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Maurice Aydalot
jeudi 12 avril 2018 à 08h43 - par  Xavier

Bonjour,
« On nous prie d’annoncer le décès de M. Maurice Aydalot, premier président honoraire de la Cour de cassation, grand-croix de la Légion d’honneur, survenu en son domicile, à Paris, le 8 octobre 1996. La cérémonie religieuse, suivie de l’inhumation au cimetière d’Auteuil, a eu lieu dans l’intimité familiale. » (carnet du Monde, 12 octobre 1996)
Cordialement,
Xavier

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vendredi 13 avril 2018 à 21h19 - par  Xavier

Volatilisé, c’est le mot. À part un décret de février 1996 qui lui accorde sa retraite à compter du 2 octobre, un autre en avril qui le nomme officier de la Légion d’honneur, rien. Pour un conseiller à la Cour de cassation, c’est un peu étonnant (et vraiment pas de bol, si la date de décès se confirme).
Cordialement,
Xavier

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jeudi 12 avril 2018 à 20h06 - par  cp

Marrant, si j’ose dire, j’ai dans mes tablettes le décès le 12 octobre 1996 d’un magistrat honoraire nommé Jean-Claude Aydalot, né en 1934, et qui était le fils de Maurice Aydalot ! Mort le jour de l’enterrement de son père... J’ai pas réussi à retrouver trace ailleurs de cet évènement, mais l’intéressé semble s’être bel et bien volatilisé, ayant pris sa retraite début 1996. Mes "deux Aydalot" se suivent avec leur quatre jours d’écart, aussi je ne pense pas m’être trompé en mettant à jour. Le fils diplomate au Tchad ne manquera pas d’apporter précision...

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cimetière d’AUTEUIL
lundi 2 novembre 2015 à 13h38 - par  Jean-Philippe G.

D’après un ouvrage datant de 1985, la sépulture du chef d’orchestre Philippe Musard se trouverait « près du mur est » et sur sa tombe il y aurait « un genre de soupière ».

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cimetière d’AUTEUIL
mercredi 15 juillet 2015 à 11h16 - par  Philippe H.

Sauriez-vous par hasard si la cantatrice Ernesta Grisi, qui fut la compagne de Théophile Gautier et la mère de ses deux filles, est inhumée, tout comme le fils de Théo, au cimetière d’Auteuil, sachant qu’elle est décédée à Auteuil...?

cimetière d’AUTEUIL
samedi 3 mai 2014 à 16h14

Petite note pour préciser que la sépulture de Charles marie Théophile Gauthier dit Théophile Gautier fils (1836-1904) est aussi à Auteuil dans la 9eme division. Il est le fils reconnu du célèbre auteur du capitaine fracasse et du roman de la momie qui lui est inhumé à montmartre. Ce fils a été sous préfet d’ambert et de pontoise et un familier de la famille Impériale mais aussi un brillant traducteur de littérature allemande et a collaboré avec son père au moniteur universel dirigé par Dalloz.

cimetière d’AUTEUIL
dimanche 8 septembre 2013 à 14h05

La tombe de Philippe musard surnommé le "Napoléon du quadrille " est bien à auteuil dans la 5eme division ! La tombe est noircie et la gravure quasi illisible mais il est inscrit son nom,sa date de décès et le fait que sa tombe a été érigée suite à un don de la commune d’auteuil dont il fut maire.il se situe en face sepulture fremane pas loin d’elias robert. Son fils Alfred musard également musicien est aussi à auteuil dans la 3em division.

cimetière d’AUTEUIL
lundi 23 janvier 2012 à 01h28

on confirme ! la mère du chanteur julien clerc a bien été inhumée a auteuil. mais son prénom est ghislaine ! de plus la semaine dernière l’épouse de l’ancien acteur serge chatsky a également été inhumée a auteuil (6° division) la plaque avec la photo stylisée est toujours là !!

cimetière d’AUTEUIL
dimanche 15 janvier 2012 à 22h39

le realisateur jacques baratier est aussi inhumé a auteuil dans la 6°division pres de la tombe de cimer. (une rétrospective de son oeuvre a eu lieu a la cinémathéque francaise l’an dernier ).
de plus dernièrement la belle mère du chanteur julien clerc a elle aussi été inhumé dans la sépulture ’’tery ’’ également en 6° division ( mme leclerc jacqueline née tery ) deuxieme epouse du pere du chanteur.

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cimetière d’AUTEUIL
mardi 13 octobre 2009 à 08h46 - par  Heymès Alain

à propos du colonel Pierre-Agathe Heymès (1776-1842) :
Pourquoi ne pas lui attribuer son grade de général (il le sera de division en 1838) et son titre d’aide de camp du roi Louis-Philippe durant les années 1830-1842.
Alain Heymès, auteur de "Pierre-Agathe Heymès, colonel d’Empire et général de Juillet" aux Éditions Historiques Teissèdre (Paris, 2006).

lundi 7 mai 2012 à 16h27

il est bien triste de constater que la tombe de ce héros des guerres napoléoniennes soit abandonnée ! ne pourrait t’on pas faire quelque chose ?

Brèves

Mise à jour et conseils aux contributeurs

samedi 29 octobre 2022

Je suis en train de remettre à jour toutes les rubriques qui listent le plus exhaustivement possible le patrimoine funéraire de tous les départements. Tous les cimetières visités par moi (ou par mes contributeurs) y sont portés, mise-à-jour des couleurs qui n’étaient pas très claires dans les versions précédentes (le noir apparaissait vert), rajout de tombes depuis les visites, photos de tombes manquantes... N’hésitez pas à les consulter pour y trouver la version la plus globale du patrimoine. Ces rubriques représentent les listes les plus complètes que l’on puisse trouver sur le net du patrimoine funéraire français.

Contrairement aux articles, vous ne pouvez pas interagir sur les rubriques : aussi, si vous avez une information nouvelle à apporter sur un département, merci de laisser votre message en indiquant clairement le département et la commune concernée sur un article dédié uniquement à cela : Le patrimoine funéraire en France : classement par départements

Merci et bonne lecture.

Qui est derrière ce site ?

vendredi 14 février 2014

Pour en savoir un peu plus sur ce site et son auteur :

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