MOUZAY (55) : cimetière
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En premier lieu, saluons l’initiative heureuse de la commune (et plus particulièrement de Bernard Dieu) pour s’intéresser au patrimoine de son petit cimetière rural. Dès l’entrée, un panneau rassemble des coupures de presses locales qui traitent de la petite nécropole de 617 tombes, indiquant aux visiteurs de passage les quelques personnalités inhumées ici, un petit historique du lieu et un compte rendu des rénovations de tombes.
Le cimetière possède ça et là quelques réalisations artistiques.
- Des morts à Verdun, il y en a dans tous les cimetières de France et de Navarre, mais on reste songeur devant les épitaphes de ceux qui vivaient à proximité.
Ici reposent :
le général François Joseph d’OFFENSTEIN (1760-1837), originaire d’Alsace, qui fit les campagnes révolutionnaires puis impériales. Napoléon Ier lui remit les insignes d’officier de la Légion d’honneur en l’église des Invalides lors de la toute première remise de Légion d’honneur, pour avoir participé à l’ensemble des batailles du Rhin durant la Révolution française et à de nombreuses batailles durant le Consulat. Employé à l’état-major du Maréchal Brune, il fut fait baron d’Empire en 1809 : à cette occasion, il rajouta la particule "d" devant son nom de famille.
Auguste GUILMIN (1822-1898), que j’indique ici car il fut maire de Dangu de 1876 à 1884, une commune de l’Eure bien loin de Mouzay.
Le château de Charmois, dans la commune, appartint à la famille d’Herbemont du XVe au XXe siècle. Elle possède sa chapelle familiale dans le cimetière. Parmi ses membres repose Guilly d’HERBEMONT (Marie Alphonsine Ghislaine Gabrielle Guillelmine d’Herbemont : 1888-1980). Si elle fut poète, auteure de plusieurs ouvrages, c’est pour une autre raison qu’elle obtint la notoriété : habitant boulevard de Courcelles à Paris, non loin d’un foyer pour aveugles, elle constatait régulièrement les difficultés rencontrées par les personnes mal-voyantes lors des traversées de rue. L’idée lui vient de munir les aveugles de cannes blanches, c’est-à-dire de la même couleur que les bâtons des agents de police. Après une campagne dans la presse, l’idée arriva aux oreilles du préfet de police Jean Chiappe ; elle fut rapidement soutenue et adoptée par l’hôpital des Quinze-Vingts, les autorités publiques et les associations. Le 7 février 1931, elle remit symboliquement deux cannes blanches au Cercle de l’Union interalliée, l’une au président des aveugles de guerre, l’autre à une aveugle civile. Cinq mille cannes furent ensuite distribuées gratuitement sur ses fonds propres. La campagne se propagea. La canne blanche fut introduite aux États-Unis dès 1930 puis au Royaume-Uni l’année suivante, avant de se diffuser largement en Europe.
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