PIERRES (14) : cimetière
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Entre le Calvados, la Manche et l’Orne, la famille Corday s’identifient par des armoiries, d’ « azur à trois chevrons d’Or » et portant la devise Corde et Ore (par le cœur et la parole). Appartenant à la petite noblesse d’épée, elle fait remonter sa généalogie jusqu’à un compagnon de Guillaume le Conquérant. C’est une famille peu fortunée en revanche, à l’implantation locale, qui ne joua jamais qu’un rôle local, abstraction faire évidemment de Charlotte, qui entra dans l’histoire pour avoir assassiner Marat, et dont le lignage (les Corday d’Armont) avait été renforcé par la présence de Corneille (Charlotte Corday était son arrière-arrière-arrière-petite-fille).
Lorsqu’on étudie en détail ces lignées généalogiques, on observe qu’en réalité, au delà du XVe siècle, les liens précis manquent (même s’ils sont probables) ; cette famille se décomposant en plusieurs branches (les Corday d’Armont, de Glatigny, de Launay…) dans des terroirs proches -tous normands- mais néanmoins distincts. Parmi les descendants de cette famille, un certain… Philippe Landru.
Le cimetière de Pierres est l’occasion de découvrir l’un des tombeaux de cette famille, ou plutôt un véritable enclos seigneurial accolé à l’église. Il est dominé par deux tombes dans lesquelles reposent Louis-Aimé-Cyprien, comte de CORDAY (1765-1841) et de son épouse. Né dans cette paroisse, officier, il choisit d’émigrer lors de la Révolution : il rentra en France sous Napoléon. En 1815, il fut élu député du Calvados à la Chambre introuvable et appartint au groupe ultra-royaliste : il soutint au cours de ses mandat les mesures les plus réactionnaires. En 1820, il créa un esclandre à la Chambre. Alors que le général Foy, qui occupait la tribune, qualifiait les responsables de la Terreur blanche de "misérables", Corday, qui dut se sentir visé, bondit de son siège et cria au général : "Vous êtes un insolent !" Les deux hommes décidèrent de régler leur différend sur le pré et se donnèrent rendez-vous au bois de Romainville le lendemain. Mais plutôt que de s’entretuer, les deux hommes tirèrent chacun un coup en l’air. Quelques jours plus tard, ils se succédèrent à la tribune pour faire part de leur réconciliation.
Sa tombe porte naturellement les armoiries des Corday.
A l’arrière sont disposées une dizaine de tombes plus simples où reposent leurs descendants (on y trouve des membres des familles alliées de Coupigny, Huillard d’Aignaux, de Banville, de Parfouru).
Signe du paternalisme d’un autre temps, une plaque indique également la présence d’un "domestique de Mme de Corday".
Le cimetière ne recèle pas d’autre curiosité.
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