Ruminghem (62) : Francine Thorel raconte les travailleurs chinois de la Grande Guerre
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Francine Thorel est une ancienne prof d’histoire. Toujours à l’affût de nouvelles sources pour « comprendre ce qui se passe autour de moi ». Habitant Nortkerque, elle se rend peu à Ruminghem, où se trouve le cimetière militaire chinois. Mais il lui arrivait d’y passer : « Je me disais : qu’est-ce que c’est que ce truc ? » Mais, ça c’était avant.
Une fois la retraite venue, elle élargit son champ de recherche de l’Ardrésis vers la région d’Audruicq. Et découvre que l’existence d’un tel cimetière est liée à la présence de travailleurs chinois dans un camp sur Audruicq : « On ne savait rien de cette histoire. » Alors Francine a cherché.
Archives municipales, contact avec la structure qui gère les cimetières britanniques, installée près d’Arras… De fil en aiguille, elle progresse : « C’est comme une pelote de laine, un jeu de piste », dit-elle. En 14-18, Audruicq était un nœud ferroviaire par lequel transitait tout ce qui venait du port de Calais pour alimenter le front : des munitions, des wagons qui arrivaient en kit… « À partir de 1917, les Chinois sont arrivés ». Verdun et la Somme étaient passées par là, l’armée voulait garder ses effectifs pour le combat. D’où l’appel à ces hommes d’Extrême-Orient comme main-d’œuvre : « Les Chinois, c’était un peu comme une femme de ménage… »
Pas des soldats donc, mais des travailleurs « qui sont restés après la fin de la guerre pour remettre en état la région ». Difficile de savoir combien ils étaient dans la région d’Audruicq. « Ceux qui étaient sous commandement britannique comme à Audruicq venaient plutôt des provinces du nord, ceux recrutés par la France, du sud », précise Francine.
À Ruminghem, ils sont donc 75 enterrés là, dont une quarantaine venait de Saint-Pol-sur-Mer. « Il y a aussi deux cents Chinois enterrés dans le cimetière des Baraques à Blériot. » À Ruminghem, il y avait également un hôpital pour les Chinois et l’État-Major du 11e Labor Group. Mais malgré toutes ses recherches, jusqu’au Royaume-Uni, elle n’est pas parvenue à en savoir plus. « Ce sera pour les générations futures ! », assure cette intarissable combattante contre l’oubli.
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