BAUME-LES-MESSIEURS (39) : cimetière
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Baume-les-Messieurs n’est pas seulement un magnifique petit village situé dans l’une des plus fameuses reculées du Jura : elle offre également au taphophile de quoi assouvir sa passion.
Le cimetière de Baume se trouve à l’une des entrées du village (qui, reculée oblige, n’a pas de sortie !). Il s’étend autour de l’église.
C’est une chanson qui guidera d’abord nos pas vers la première tombe :
Village au fond de la valléeComme égaré, presqu’ignoréVoici qu’en la nuit étoiléeUn nouveau-né nous est donnéJean-François Nicot il se nommeIl est joufflu, tendre et roséÀ l’église, beau petit hommeDemain tu seras baptisé
On aura évidemment reconnu Les Trois cloches, chantée par Edith Piaf et les Compagnons de la chanson, une nouvelle formation musicale qu’elle fit connaître à cette occasion.
Cette chanson a une histoire passionnante : elle fut créée à Radio-Lausanne le 18 novembre 1939 dans le cadre de l’émission La chanson inédite de Gilles du samedi-soir ; elle fut créée par Marie-Louise Rochat, et non par Gilles, qui estimait ne pas avoir la voix qu’il fallait. La chanson dormit dans ses tiroirs jusqu’au jour de 1945 où Édith Piaf, de passage en son cabaret du Coup de Soleil à Lausanne, lui réclama une chanson pour son répertoire. A tout hasard, Gilles lui chanta Les trois cloches ; enthousiasmée, Piaf adopta la chanson laquelle, présentée au public en mai 1946, fut enregistrée en juin, et aussitôt reprise par les radios de divers pays et vendue à plus d’un million d’exemplaires.
La chanson décrit le passage du temps, rythmé par les sonneries des cloches d’un village, annonçant les grands événements de la vie : naissance, mariage et mort. Le rapport avec Baume-les-Messieurs me direz-vous ? Il se trouve que l « Village au fond de la vallée » de la chanson, village qu’on peut situer parmi celles des hautes montagnes du canton du Valais, a été également inspiré à Gilles par celui de Baume-les-Messieurs où il s’était arrêté un jour, en route pour Paris. Le personnage de Jean-François Nicot lui-même, autour duquel s’articulent les paroles, est emprunté à François Nicot (1858-1929), dont l’auteur avait vu la tombe à proximité de l’église du village. Cette tombe existe toujours. A noter que son épouse, Elise dans la chanson, s’appelait en réalité Louise.
Dans ce même cimetière reposent également :
L’écrivain Pierre GASCAR (Pierre Fournier : 1916-1997). Prisonnier en stalag pendant la Seconde Guerre mondiale, son œuvre témoigne fortement de cette période. Journaliste au retour de la guerre, il se consacra totalement à son œuvre à partir de 1953, date à laquelle il obtint le prix Goncourt pour Les Bêtes.
le dessinateur Sylvain SAUVAGE (Félix Roy : 1888-1948). Exposant du Salon des artistes décorateurs et directeur de l’École Estienne, il illustra de nombreux ouvrages.
Merci à Jules R. pour la photo Gascar.
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