DOLE (39) : cimetière Nord (dit de Landon)

visité en août 2017
mardi 3 octobre 2017
par  Philippe Landru

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne croule pas sous les informations concernant le plus grand cimetière de Dole : aucun ouvrage sur les cimetières ne l’aborde, et le net n’apporte strictement aucune information sur lui.

C’est donc, par un temps maussade, une terra incognita que j’ai visité, en n’y cherchant rien de précis.

Ce cimetière ouvrit au début du XXe siècle, comme l’atteste l’imposant ossuaire de l’ancien cimetière, qui date de 1899.

Première impression : l’importance qu’occupent les monuments commémoratifs des guerres et le cimetière militaire.

Particulier : la présence d’un Mémorial des Internés et Déportés, inauguré en 1990. Il répond à une symbolique forte : le Triangle, pointe en bas, était le signe distinctif des Déportés en Camp de concentration, de couleur différente suivant la classification. Un numéro de matricule y figure, dépersonnalisation du déporté. On y trouve (ce que je n’ai jamais vu dans aucun autre cimetière) une carte des camps d’extermination, de concentration, et d’internement. La porte d’accès à la crypte est en réalité une porte de cellule de la prison de Dole avec des inscriptions de détenus de cette époque 1940-1945.

Au fond du cimetière se trouve la partie la plus ancienne, vaste espace occupé par des tombeaux du début du XXe siècle, à l’architecture parfois fabuleuse, mais dont beaucoup se trouvent désormais dans un état de délabrement avancé.

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Une belle tombe art-déco attend une hypothétique rénovation
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Une vierge dans un extravagant dais rouillé
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Médaillon de don Gabriel Lavrut, chevalier de la Toison d’or

S’il ne semble pas y avoir de célébrités majeures dans ce cimetière, quelques figures attireront néanmoins l’attention :

- Le chef cuisinier Emile BERNARD (1826-1897), qui après Sedan en 1870 n’hésitât pas a passer du services de Napoléon III a celui de l’empereur d’Allemagne. Il est surtout connus pour avoir introduit le service a la russe en France . Il écrivit avec Urbain Dubois , La Cuisine Classique , paru en 1856 , livre qui reprend toutes les grandes recettes classique du début du siècle.

- Jean-Baptiste BOURGEOIS (dit : du Jura : 1831-1900) : roubaisien d’origine, il fut député du Jura de 1885 à 1897 et sénateur du département en 1897. Il repose sous un buste en bronze de Marguerite Syamour.

- Pierre-Etienne Chrysostome CORNE (1787-1855) : ingénieur des Ponts et Chaussées pour l’arrondissement de Dole, il fut affecté au service du canal du Rhône au Rhin, où il fut chargé d’achever les travaux entre Dole et Besançon. Il réalisa aussi la construction du grand pont sur le Doubs à Dole.

-  Jules-Maurice GAUDARD-PACHA (1821-1888) : après avoir été avocat à Dole, il entra dans la fonction publique. Il fut envoyé en Égypte au ministère des affaires étrangères où il devint secrétaire général du ministère par Saïd Pacha vice-roi d’Égypte. Après la prise de possession de l’Égypte par les Anglais il revint à Dole. Il envoya à Dole un coran du XIVè siècle en enluminures multicolores mesurant près d’un mètre de haut (le plus grand connu en France) désormais conservé à la médiathèque de la ville. Son étonnant tombeau illustre son attirance pour l’Egypte.

- Alexandre de MARENCHES (1921-1995) : officier français, d’une famille où tous les hommes étaient saint-cyriens, il fut directeur général du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) de 1970 à 1981. Pompidou, sali personnellement par l’affaire Marković, fit appel à lui pour réformer profondément le service. Il devint l’interlocuteur privilégié de nombre de chefs d’État dans le monde et ami intime du roi du Maroc Hassan II, il fut élu membre de l’Académie marocaine. Après l’élection de Ronald Reagan à la présidence des États-Unis, il serait devenu l’un de ses plus proches conseillers pour la conduite des affaires en Afghanistan. Il monta un certain nombre « d’opérations », notamment en Afrique (ce qui le fit entrer en conflit avec Jacques Foccart) ; mais refusant de servir un gouvernement avec des ministres communistes, il quitta ses fonctions en 1981. Dans sa tombe de famille envahie par la végétation touffue, et dominée par un haut cyprès, repose également son père Charles de MARENCHES (1881-1931), qui fut aide de camp du maréchal Foch, représentant du maréchal Pétain auprès du général Pershing.

- Marius PIEYRE (1867-1935) : maire de Dole de 1907 à 1935, il fut député du département de 1928 à 1932, puis sénateur de 1932 à 1935, siégeant avec la Gauche démocratique. Il repose sous un bas-relief de bronze par Georges Saupique.

- Nestor RUFFIER (1822-1877) : président du tribunal de commerce de Dole, il fut également compositeur de musique comme l’atteste la lyre sculpté sous son médaillon en bronze par Etienne Captier. Dans ce même caveau repose son frère, l’architecte Philippe RUFFIER (1820-1904)), qui fut également maire de Dole à la fin du XIXe siècle.


Commentaires

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DOLE (39) : cimetière Nord (dit de Landon)
mercredi 9 juin 2021 à 22h26 - par  cp

Concernant Alexandre de Marenches, son biographe Jean-Christophe Notin rapporte que sa veuve, décédée en Suisse en 2012, avait sensiblement changé la donne ! Elle fît exhumer les corps de son mari, mais aussi de leur fils unique, mort à 16 ans d’un accident de mobylette dans les années 70. Le père et le fils furent incinérés et prirent la direction d’une chapelle privée dans une de leurs nombreuses propriétés, sans doute à Grasse. Pris de frénésie foncière, ils possédèrent jusqu’à 10 ou 12 maisons vers la fin ! Par ailleurs, la veuve rapatria aussi les corps de ses beaux-parents qui reposaient en Normandie  ; ainsi, cinq urnes se retrouvèrent dans cette chapelle dont on peut se demander quel sera le sort. En plus elle jouxterait une voie ferrée dont le traffic ébranle la vacillante construction, parait-il. Et il n’y a pas d’héritier officiel. Sauf que...
.
La veuve avait fini par apprendre que son coureur d’époux avait un fils naturel. Et d’aucuns d’imaginer que la crémation généralisée des Marenches avait peut-être pour objet d’empêcher toute recherche génétique d’hérédité ! De Suisse, la dame avait peut-être suivi la saga Montand-Drossart  ! Donc le caveau de Dole serait un cénotaphe, et il faut considérer aussi que sur la fin, la veuve de Alexandre de Marenches était un peu atteinte par l’âge...

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samedi 29 octobre 2022

Je suis en train de remettre à jour toutes les rubriques qui listent le plus exhaustivement possible le patrimoine funéraire de tous les départements. Tous les cimetières visités par moi (ou par mes contributeurs) y sont portés, mise-à-jour des couleurs qui n’étaient pas très claires dans les versions précédentes (le noir apparaissait vert), rajout de tombes depuis les visites, photos de tombes manquantes... N’hésitez pas à les consulter pour y trouver la version la plus globale du patrimoine. Ces rubriques représentent les listes les plus complètes que l’on puisse trouver sur le net du patrimoine funéraire français.

Contrairement aux articles, vous ne pouvez pas interagir sur les rubriques : aussi, si vous avez une information nouvelle à apporter sur un département, merci de laisser votre message en indiquant clairement le département et la commune concernée sur un article dédié uniquement à cela : Le patrimoine funéraire en France : classement par départements

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vendredi 14 février 2014

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