LOTI Pierre (Julien Viaud : 1850-1923)
par
Officier de marine, grand voyageur et surtout romancier ; son œuvre, souvent autobiographique, nous conduit en Turquie (Aziyadé), au Sénégal (Le roman d’un spahi) ou au Japon (Madame Chrysanthème, dont le succès fut immense et qui inspira à Puccini, Madame Butterfly). Il a aussi voyagé de l’Égypte à Tahiti en passant par l’Inde… Ainsi, à Tahiti, la reine Pomaré lui donna le surnom de Loti, du nom d’une fleur tropicale, qu’il conserva ensuite comme pseudonyme. Il sillonna le monde en bateau, avec de longs repos à son port d’attache familial de Rochefort, qu’il embellissait de collections d’objets achetés ou volés. On le sait, il garda toute sa vie une attirance très forte pour la Turquie. Le cadre de ses romans n’a cependant pas toujours été aussi exotique : avec Pêcheurs d’Islande, il décrivit la vie des pêcheurs bretons tandis que Ramuntcho se situe au Pays Basque où il termina sa vie. Il devint riche et célèbre. À 42 ans, il fut élu à l’Académie française après avoir été élu à l’Académie Goncourt. Il mourut à Hendaye : après ses funérailles nationales, il fut inhumé selon ses indications dans le jardin de la maison des Aïeules, dans l’île d’Oléron, où il jouait petit.
Le tombeau
En premier lieu, il convient de ne pas confondre la maison-musée de Pierre Loti, à Rochefort, et la maison des aïeules (c’est lui qui la baptisa ainsi), sur l’île d’Oléron, où il ne vécut pas mais où il se fit inhumer.
Cette bâtisse ne peut être qu’aperçue derrière le portail vert. « Ici, dans le jardin de la maison des aïeules, Pierre Loti repose sous le lierre et les lauriers », indique une plaque sur le mur extérieur. Une seconde, en métal, affirme que « selon les dernières volontés de Loti, il n’y a pas de visite ».
L’écrivain ne voulait pas qu’il y ait de « défilés » sur sa tombe, et l’a précisé dans son testament. On doit donc se contenter de cartes postales anciennes, ou des rares commémorations qui permettent aux portes de s’ouvrir. Peu de choses à voir : un minuscule bloc de pierre sur lequel est inscrit son nom.
Cette stèle, l’écrivain l’avait d’ailleurs fait poser de son vivant, l’homme ayant même organisé ses obsèques avant son décès. Cette demeure renferme tous ses souvenirs d’enfance. Quand elle fut vendue par sa grand-mère dans les années 1830, Pierre Loti et sa famille vivaient à Rochefort. Le succès de ses œuvres littéraires lui permit de racheter la maison des aïeules en 1899, qu’il évoqua dans plusieurs de ses œuvres, notamment La Maison des aïeules, Prime jeunesse, et Le Roman d’un enfant.
Dans le cimetière de Rochefort, on se consolera de l’absence de Pierre Loti en allant visiter les tombes de son père, Théodore Viaud (qui rappelle le souvenir de son oncle, qui fut l’un des naufragés de la Méduse), et celle de son fils, Samuel Pierre-Loti Viaud (le pseudonyme du père fut adopté par ses descendants).
- Tombe du père de Pierre Loti.
- Tombe de son fils.
La tombe d’Aziyade
On ne saurait terminer cette fiche sans aborder le destin peu classique d’une pierre tombale : celle d’Hatice Amin.
En 1877, lors d’un séjour en Turquie, il rencontre Hatice, belle et taciturne odalisque aux yeux verts, avec qui il vécut une très grande histoire d’amour. Hatice était une jeune Circassienne qui appartenait au harem d’un dignitaire turc. Avant le départ de Loti, Hatice confectionna une bague en utilisant ses propres bijoux et l’offrit à son amant. Sur la base de son journal, en 1879, il écrivit Aziyadé, où il transforma certains détails, le livre se terminant par la mort des deux amants. Selon plusieurs auteurs (Roland Barthes, Goucourt...), le personnage d’Aziyadé serait en réalité un jeune homme et Pierre Loti aurait masqué ainsi son homosexualité. Plus tard, lorsque Pierre Loti revint à Constantinople, il se lança à la recherche de sa bien-aimée, et découvrit qu’elle était morte (elle était décédée à l’âge de 21 ans le 23 octobre 1880) à la suite de son chagrin et de l’ostracisme occasionné par son adultère. Il vola alors la pierre tombale qu’il fit remplacer par une copie.
- La tombe au cimetière de Topkapı. Istamboul.
- ... On notera la graphie « a la turca » : Piyer Loti !...
Cette tombe existe toujours : elle se trouve dans le vieux cimetière de Topkapı, à Istambul, près de la porte du même nom. La pierre tombale originelle trône depuis dans la pièce-mosquée aménagée par l’écrivain dans sa maison familiale de Rochefort.
- La stèle d’origine, à Rochefort.
Merci à Nicolas Badin pour les photos Viaud du cimetière de Rochefort.
Tombes d’Aziyadé : http://www.lycie.fr/balades-istanbul/Aziyade
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