ROMANS-SUR-ISÉRE (26) : cimetière
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Depuis le Moyen-Âge, la ville de Romans se caractérise par sa spécialisation industrielle des peaux (tanneur, mégissier...), ce qui lui permit, à partir du XIXe siècle, de se spécialiser dans la fabrication de chaussures, en particulier la chaussure de luxe. Le cimetière reflète cet aspect industrieux : ici, les artistes ne dominent pas, au contraire des chefs d’industrie (Jourdan, Fenestrier, Grenier...), ou des politiques, dans une ville où les questions sociales et syndicales se posèrent avec acuité.
C’est un cimetière sévère, où les allées alignent d’imposants monuments austères.
Curiosités
Les murs de galets de l’une des allées qui mène au cimetière sont recouverts, de part et d’autre, de tombeaux anciens, dont certains ouvragés.
La tombe d’Etienne Cogne (1774-1836) est intéressante, non pas tant pour son parcours (il fut un de ses multiples officiers napoléoniens dont la tombe dresse l’état de service) mais plutôt parce que cette tombe, refaite, est recouverte de plaques de marbre sur lesquelles les dites inscriptions, originellement gravées à même la pierre et sans doute plus trop lisibles, reproduisent les blancs des mots disparus.
La tombe du résistant Victor Boiron est surmontée d’un buste en haut-relief par Gaston Dintrat.
Un buste en bronze sur la tombe du notaire Auguste Bouvet par Augustin Chabre-Biny.
Célébrités : les incontournables...
... mais aussi
L’industriel Charles CHABERT (1851-1914), qui fut député de la Drôme de 1908 à sa mort, inscrit au groupe radical-socialiste.
Le journaliste et maire de Romans Paul DEVAL (1906-1988), qui fut député du département entre 1945 et 1946. Il donna sa démission de député pour se consacrer à sa commune.
Joseph FENESTRIER (1874-1916), qui fut maire de Romans et qui fonda la société de chaussures UNIC. Il repose sous un imposant mausolée.
Le cycliste Gabriel FIGUET (1883-1950), qui fit le Tour de France et le Paris-Roubaix avant la Première Guerre mondiale.
MATHIEU de la Drôme (Antoine Philippe Mathieu : 1808-1865) : chef de file des Républicains de la Drôme, il fut élu à la Constituante en 1848, et y gagna son surnom. Il siégea à l᾿extrême gauche, avec la Montagne, et se fit connaître en défendant — vainement — l᾿inscription du “droit au travail" dans le préambule de la Constitution. Il fut expulsé vers la Belgique au moment du Coup d’État du 2 décembre 1851 mais il put regagner la France dès l’été 1852, après quelques mois d᾿exil. Il se fit également connaître en publiant un ouvrage consacré à la prédiction du temps par les phases lunaires.
Jules NADI (Jules Pomaret : 1872-1928) : socialiste non marxiste, il participa au congrès constitutif de la Section française de l’Internationale ouvrière. Député de 1914 à sa mort, il louvoya entre la SFIO et le PCF (malgré son antibolchévisme). Maire de Romans, il mit en place un socialisme municipal, s’attachant notamment à la construction de logements pour les ouvriers. Il repose sous un médaillon en bronze.
Saint-Cyr NUGUES (1774-1842) : officier des armées napoléoniennes, il occupa sous la Restauration des fonctions de conseiller militaire. Il fut inhumé à Vichy et ce n’est qu’en 1968 que ces restes et sa stèle furent transférées à Romans. Il fut chargé par Thiers de la liste des noms des généraux à graver sur l’arc de triomphe : il n’omit pas de s’y ajouter !
Le général d’Empire Etienne POUCHELON (1770-1831), qui fut fait baron.
La tombe de la famille PREMIER-HENRY, qui fut un des grands producteurs d’absinthe français.
Eugène SERVAN (1823-1876) : notaire, puis tanneur, il fut un éphémère député de la Drôme l’année de sa mort. Il repose dans le caveau de famille de la famille de tanneurs Roux.
Le syndicaliste et résistant Louis SAILLANT (1910-1974), qui fut pendant l’Occupation un des fondateurs du mouvement de résistance Libération-Nord. Dirigeant de la C.G.T. clandestine, il signa à ce titre les accords du Perreux (17 avril 1943), base de la réunification de la C.G.T. Il représenta la C.G.T. réunifiée au Conseil national de la Résistance et devint président de cet organisme en septembre 1944. Secrétaire général de la Fédération syndicale mondiale (F.S.M.) depuis sa création (1945) jusqu’en 1969, Louis Saillant fut aussi secrétaire de la C.G.T. Il fut un des fondateurs du Mouvement mondial de la paix.
On signalera l’excellent travail de Jean-Yves Baxter sur le patrimoine de la commune, qu’il médiatise dans son blog dans lequel j’ai trouvé pas mal d’informations. Les photos Servan, Figuet et Mathieu de la Drôme en sont en outre tirées.
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