Père Lachaise : tombeaux remarquables de la 85ème division

lundi 19 février 2024
par  Philippe Landru

Si Marcel Proust ne reposait pas dans cette division, on n’y verrait guère de touriste, malgré sa proximité avec le columbarium. D’autres personnalités intéressantes y reposent, mais il est vrai que pour la plupart, l’oubli abyssal a fait son œuvre. L’arrivée récente du chanteur kabyle Idir attire de nombreux membres de cette communauté au centre de la division.

Pourtant, la 85ème division est l’une de celles qui à l’histoire la plus originale du cimetière : elle fut pendant un temps une division musulmane, comme le rappelle l’histoire qui suit.

Le cimetière musulman

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la France ne comptait que très peu de musulmans en métropole, qui auraient justifié la présence de terrains particuliers, comme c’était le cas pour les protestants et les israélites. La conquête de l’Algérie en 1830, et plus encore la guerre de Crimée (1854-56) qui fit de la France l’allié de l’empire Ottoman changea la donne : sous Napoléon III, la demande de l’ambassade de Turquie de créer un cimetière musulman fut exaucée. Haussmann, préfet de Seine, exigea son ouverture pour le 1er janvier 1857.

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La « mosquée »
Elle se trouvait approximativement où se tient désormais le cénotaphe délabré du dictateur Trujillo.

Il devait ouvrir dans l’agrandissement récent du Père Lachaise (17 hectares supplémentaires en 1850) : à cette époque, le plateau était encore peu « loti ». On fit élever, au milieu d’une enceinte de murailles, un bâtiment funéraire composé d’une « mosquée », ou plutôt d’une salle d’attente, d’un lavatorium et d’un local pour les accessoires du culte. Il fallut également remplir les conditions exigées par la religion musulmane, les corps devant être inhumés sur le côté droit, la poitrine tournée vers la Mecque. On prit soin d’imposer un style proprement islamique, alternance « de pierres de taille blanches et de grès rouge des Vosges ».

L’Orient était à la mode en cette période, comme l’attestent les tableaux de Delacroix ou de Gérôme... Le lieu chargé d’exotisme devint vite une attraction pour les Parisiens. Pour ajouter à cette fascination, la reine d’Oude fut en 1858 la première personnalité musulmane inhumée en ce lieu. Pourtant, le nombre d’inhumation dans cet enclos fut faible durant les quinze premières années (en 1870, on comptait 42 inhumations dont 6 concessions perpétuelles, 5 temporaires, et 31 fosses gratuites). De ce fait, en 1870, on décida de réduire l’enclave musulmane, qui occupait à l’origine l’intégralité de l’actuelle 85ème division, de 1 380 m². Il fallait en outre agrandir la division israélite voisine (la 87, occupée aujourd’hui par le columbarium).

Le cimetière musulman, assez boudé finalement, commençait son long déclin. La loi du 14 novembre 1881 ordonnant de faire disparaître des cimetières la distinction confessionnelle des cimetières fut contestée par les ambassades de Turquie et de Perse qui demandaient le maintient du mur de clôture. On parvint à un compromis : il fut décidé de conserver la « mosquée » (en réalité une maison de purification) mais de supprimer le mur et de faire mettre autour des sépultures musulmanes une haie d’arbres verts, l’isolant ainsi symboliquement. L’espace central de la division était né. A cette même époque, la sépulture de la reine d’Oude, en très mauvais état, était détruite, ne laissant en place que ses fondations que l’on peut voir encore aujourd’hui.

Au début du XXe siècle, la « mosquée » tombait en ruines [1] : elle était entourée de fils de fer afin d’éviter les accidents ! Elle ne devait pas survivre à la Première Guerre mondiale, où la France affrontait l’empire Ottoman. Elle fut démolie en 1914. Après la guerre, la construction de la mosquée de Paris, puis plus tard le cimetière franco-musulman de Bobigny, pour honorer les combattants musulmans des colonies ; achevèrent de rendre cette enclave obsolète. En outre, la nouvelle législation française interdisait l’inhumation en pleine terre, comme le prévoit le rituel islamique.

Un monde musulman très éloigné des réalités françaises

Un cimetière musulman en France métropolitaine ? On pourrait s’attendre à une photographie de la géographie de l’ancien empire français. En réalité il n’en est rien. A l’exception de l’arrivée très récente du chanteur Idir, le Maghreb n’est pas représenté dans cette ancienne enclave. Pas plus de musulman subsaharien. La chronologie explique ce phénomène : lorsque l’émigration musulmane des anciennes colonies arriva en France, cela faisait longtemps que la division avait perdu sa spécificité. En outre, la tradition de rapporter les corps dans les terres d’origine fut longtemps forte.

Le monde musulman tel qu’il apparaît dans la 85ème division est donc bien plus exotique : la quasi totalité des tombes qui s’y trouvent sont celles d’individus venant de l’empire Ottoman, et plus encore du monde perse (il est vrai que c’était la population visée lors de la création du cimetière), voire de l’Inde musulmane.

Ce qui est en revanche fascinant, c’est la pérennité de la « mémoire des lieux » : si l’enclave « musulmane » contient aujourd’hui bon nombre de locataires non musulmans, on constate en revanche dans le reste de la division, comme en témoigne la liste de personnalités qui suit, la présence de personnalités contemporaines issues en particulier du monde iranien.

L’enclos aujourd’hui

On l’appelle « enclos musulman », mais le terme est désormais impropre pour deux raisons essentielles : outre le fait que la laïcisation du cimetière est passée par là, cet enclos possède désormais des sépultures qui n’ont rien à voir avec l’Islam. Il est néanmoins un vestige historique de ce que fut l’enclave musulmane du Père Lachaise, et quelques tombeaux témoignent encore de cette époque révolue. On parlera donc davantage « d’enclos central » de la division. Pour des raisons de praticité pour les visiteurs, voici la liste des personnalités qui reposent dans cet espace, même si administrativement rien ne distingue ces sépultures du reste des autres tombes de la 85ème division. Si on trace une ligne entre la tombe de Proust et le cénotaphe de Trujillo, l’essentiel des musulmans se trouvent dans la partie droite.

Y reposent donc :
- FONTANAROSA Lucien
- HEDAYAT Sadegh
- IDIR

- Mahmoud AL HAMCHARI (1939-1973) : représentant de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) en France, il fut assassiné par le Mossad dans le cadre de l’opération de représailles à la prise d’otage de Munich.

- Ali II Bin HAMUD AL-BUSAÏD (1870-1918) : 8e Sultan de Zanzibar de 1902 à 1911, date à laquelle il abdiqua en faveur de son beau-frère. Après son abdication, malade, il se retira à Paris d’où sa présence dans ce cimetière.

- L’Indien Fazulbhay Visram EBRAHIM (1856-1913), membre du Conseil Législatif impérial des Indes.

- Le collectionneur d’art Ottoman Ismaïl HAKKY BEY (1844-1903).

- Malka KACHWAR (Jenabi Auliah Tajara Begum : c1803-1856), la "Reine d’Oude, épouse du roi d’Oudh Amjad Ali Shah qui régna de 1842 à 1847, et mère du roi Wajid Ali Shah qui régna de 1847 à 1856. Le royaume d’Oudh (ou Awadh, ou Aoud, ou Oude) était un royaume musulman du nord de l’Inde jusqu’au milieu du XIXe siècle. En mai 1816 le royaume devint un protectorat britannique et des parties du territoire furent progressivement cédées au Royaume-Uni. En février 1856, sur ordre du général de la Compagnie britannique des Indes orientales, le roi d’Oudh, Wajid Ali Shah, fut déchu et le royaume fut annexé par la Compagnie.

En mai, le souverain entreprit un voyage vers le Royaume Uni dans le but de rencontrer la reine Victoria et de plaider sa cause. Il fut accompagné de ses proches, notamment sa mère la reine Malka Kachwar, de son frère Mirza Hasmat Lakendel Bahadour, ainsi que d’une large cour. Cependant, la santé de Wajid Ali Shah ne lui permit pas de poursuivre son voyage au-delà de Calcutta, où il s’établit jusqu’à sa mort en 1887. C’est sa mère, Malka Kachwar et son frère, Mirza, accompagnés de leur suite, qui se rendirent à sa place à la cour de la reine Victoria. La reine Malka Kachwar émit plusieurs requêtes pour rencontrer la reine Victoria qui furent toutes refusées. Les deux reines se rencontrèrent enfin en juillet 1857. La conversation ne porte pas sur la politique et ne permit pas à Malka Kachwar de défendre l’indépendance de son royaume. Elle s’adressa alors au parlement britannique qui rejeta également sa demande. Le voyage fut donc un échec. Les Anglais allèrent même jusqu’à lui demander de prendre la nationalité britannique pour pouvoir retourner à Calcutta. Malka Kachwar refusa ce passeport qu’on tenta de lui imposer et qui aurait revenu à reconnaître l’annexion et la disparition de son royaume.

Malka Kachwar et sa suite repartirent en France afin de revenir jusqu’à Calcutta en passant par La Mecque. Ils arrivèrent à Paris en janvier 1858 et s’installèrent à l’hôtel Laffitte. Son fils le prince Mirza resta en Angleterre ; peut-être pour veiller avec son épouse sur leur fille malade (qui décéda en Angleterre et fut inhumée au Paddington Old Cemetery). La reine Malka Kachwar, certainement épuisée par le trajet et malade également, décéda finalement à Paris.

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Convoi d’obsèques de la reine.

La presse décrivit les funérailles somptueuses de la reine d’Oudh. On peut lire dans L’Illustration que la reine vint volontairement en France pour mourir afin de ne pas « expirer et dormir à jamais dans la terre de ses ennemis ». La suite de la reine et son fils, revenu d’Angleterre pour la veillée funèbre, observèrent les rites funéraires. On commença par descendre le corps de la reine dans la cour de l’hôtel puis on alluma un grand feu et des bougies qui brûlèrent jusqu’aux funérailles. Le corps fut préparé par les femmes de sa suite à l’abri des regards avant de le transporter au cimetière pour accomplir les prières musulmanes et les chants indiens. On inhuma la reine au coucher du soleil. Son fils, le prince Mirza, décéda peu de temps après et la rejoignit en mars 1858. Le terrain fut concédé par la ville de Paris le 26 janvier 1858 et payé par un agent du roi d’Oudh.

Le monument construit sur la sépulture était composé d’une grande dalle carrelée de 25m² surmontée d’un édicule polychrome de style indo-musulman aujourd’hui disparu. On connaît seulement deux représentations du monument : une peinture de Jacques L’Huillier datée d’environ 1890 conservée par la conservation des cimetières parisiens et une photographie publiée dans Le Monde moderne en 1896. L’édicule s’est dégradé très vite et disparut au début du XXe siècle.

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Unique témoignage photographique du tombeau de la reine (à droite, la « mosquée »).


LES PERSONNALITÉS


- CASTIGLIONE Virginie Oldoini, comtesse de
- CHRISTIAN-JAQUE
- HAHN Reynaldo
- POPESCO Elvire
- POLIN
- PROUST Marcel
- TRÉJEAN Guy
- TRUJILLO Rafael (cénotaphe)


... mais aussi


- Louis Amédée ACHARD (1814-1875) : journaliste, dramaturge et romancier (parmi lesquels de nombreux romans de cape et d’épée), il travailla pour de nombreux journaux. Sa tombe, élevée par la Société des gens de lettres et la Société des Auteurs dramatiques, est orné d’un médaillon dû au sculpteur Louis-Charles Janson.

- AMABLE (Amable André Petit : 1819-1892) : artiste Mime du Théâtre des Funambules, sur le Boulevard du Temple, il fut le collaborateur de Debureau. Avec lui repose son fils, Amable Dauphin PETIT (1846-1916), qui fut peintre-décorateur, et qui exécuta des décors pour de très nombreuses salles de spectacles parisiennes (Opéra entre 1885 et 1909, Opéra-Comique, Comédie française, Odéon...). La totalité des sources sur Internet confondent le père et le fils, bien que les inscriptions sur la tombe soient claires.

- Dupré BARBANCOURT (1836-1907) : consul général du Libéria en Haïti, il fut surtout le fondateur, en 1862, de la société Rhum Barbancourt.

- Charles BAUER : voir Christian-Jaque

- Paul BEAU (1857-1926) : diplomate, il fut ambassadeur de France auprès de l’Empire chinois entre 1901 et 1902 et représenta la France lors des négociations qui devaient solder les dernières conséquences du soulèvement des Boxers. Gouverneur général de l’Indochine (1902-1908), il fut ensuite ambassadeur en Belgique, en Suisse, puis représentant de la France de 1921 à 1925 à la Société des Nations.

- Jacques BOURGEAT (1888-1966) : historien et poète, il fut l’un des confidents d’Edith Piaf. La plaque en bronze est signée André Jacquemin.

- Le peintre paysagiste et de natures mortes Bernard Henri CALVET (1868-1950).

- Le luthier Jean-Baptiste CASTELLLUCIA (1896-1966), appartenant à une dynastie spécialisée dans la fabrication de guitares.

- Le ténor - puis baryton - d’opéra Charles COUDERC (1810-1875), qui chanta en particulier Auber et Offenbach avant d’enseigner au Conservatoire reposait en bordure de division, mais sa tombe a été reprise.

- Le général Jean-Baptiste DALSTEIN (1845-1923) qui servit dans les colonies et fut gouverneur militaire de Paris de 1906 à 1909.

- Une tombe regroupe plusieurs communistes iraniens opposés au régime actuel. Parmi eux figurent Azar DARAKSHAN (1959-2012), figure de la résistance et des droits des femmes dans cet Etat.

- Le chef d’orchestre Peter DEAN (1934-2019), qui connut le succès dans les années 60 avec son « orchestre attractif ».

- Maurice DECHARTE (1882-1939), qui fut Gouverneur de la Martinique entre 1938 et sa mort.

- Louis DEPRET (1838-1905) : poète, romancier et dramaturge, il fut journaliste et collabora comme critique littéraire à l’Illustration, au Temps.

- Le général Raoul DONOP (1841-1910), petit-fils d’un général mort à Waterloo, qui fut membre du Conseil Supérieur de la Guerre.

- Le directeur de scènes musicales Gabriel DUSSURGET (1904-1996). Avec son compagnon Henri LAMBERT (1898-1958), avec lequel il repose dans la tombe de famille de ce dernier, il créa pendant la Seconde Guerre mondiale le Bureau des Concerts de Paris. En 1945, avec Roland Petit et Boris Kochno, il participa à la création du Ballet des Champs-Élysées, qu’il administra avec Henri Lambert. Il fut encore le co créateur du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, qu’il dirigea de 1948 à 1973. À partir de 1959, il travailla à l’Opéra de Paris, où il fut le conseiller artistique de Georges Auric. C’est enfin lui qui lança Roberto Alagna.

- Léon FEIX (1908-1974) : membre du Comité central du PCF et du Bureau politique, il fut député de Seine-et-Oise de 1962 à 1967 et du Val-d’Oise de 1962 à 1974. Il repose avec son épouse dans une tombe de la 85e division, mais son identité est également portée sur le tombeau collectif du comité central du PCF.

- L’entomologiste Léon FERMAIRE (1820-1906), qui fut directeur de l’Hôpital Saint- Louis.

- L’auteur dramatique Alfred GELIS (1839-1895).

- L’explorateur Emile GENTIL (1866-1914), qui fut chargé d’une mission hydrographique au Gabon, entre 1890 et 1892 ; son but étant de trouver la voie la plus praticable entre le Gabon et le Tchad pour constituer un bloc unique. Il mena en 1899 une guerre coloniale et fonda en 1900, Fort Lamy, actuelle capitale du Tchad (Ndjamena). Il organisa les quatre circonscriptions du Gabon, du Moyen-Congo, de l’Oubangui-Chari et du Tchad, qui formèrent l’AEF, puis quitta l’Afrique en 1910. Il donna son nom à Port-Gentil, la capitale économique du Gabon. II repose avec son épouse, la pianiste Rose DEPECKER (1869-1919), dans un tombeau ornée d’un médaillon par Ernest Bussière.

- La critique théâtrale Lysiane GORDON (1942-1992).

-  Le producteur de télévision Pierre GRIMBLAT (1922-2016), fils d’immigrés juifs et résistant, il connut la prison pendant la guerre. À la Libération, il se fit remarquer par Boris Vian en déclamant ses propres poèmes dans la rue, à Saint-Germain des Prés. À partir de cette époque, il s’essaya à tout : assistant de Francis Blanche à la radio, directeur de la création à Publicis... On lui doit un bon nombre de fictions sur les chaînes de TF1 et France 2 : Navarro, l’Instit, Le Château des Oliviers, Les Cœurs brûlés... Il réalisa également plusieurs longs métrages, dont Slogan, qui marqua la rencontre entre Serge Gainsbourg et Jane Birkin.

- L’artiste dramatique Jacques GROSSIORD-THIERRY (1912-1983).

- Ernest (1870-19312), puis ses fils Jacques (1906-1939) et Michel (1909- 1987) GRÜND, créateur et repreneurs de la maison d’édition qui porte leur nom qui publia des livres très pointus sur l’art mais qui s’orienta également vers la grande distribution naissante, en créant « La Bibliothèque précieuse », collection de grands classiques de la littérature au format poche, qui fut la première à être vendue dans les magasins Prisunic dès 1935. C’est en 1956, suite à la rencontre d’illustrateurs tchèques talentueux, que commença pour Gründ l’aventure de la coédition européenne avec la collection des « Légendes et contes de tous les pays ».

- René GUISSART : voir Christian-Jaque

- René KERDYK (1885-1945) : poète et parolier, il fut collaborateur du Crapouillot et critique musical à Gringoire.

- Le pianiste et compositeur Louis LACOMBE (1818-1884), ancien élève de Zimmerman qui connut très jeune le succès. Il composa des centaines d’œuvres dans des genres différents : son œuvre la plus connue, une symphonie dramatique intitulée Sapho, fut sélectionnée pour être exécutée lors de l’exposition universelle de Paris en 1878. Il repose avec sa seconde épouse, Eugénie Duclairfait (1831-1902), qui se produisit sur scène comme cantatrice soprano sous le pseudonyme d’Andréa FAVEL. Leur tombe est ornée d’un bas-relief, d’un buste det d’un médaillon en bronze signés du sculpteur allemand Karl Menser.

- Le sculpteur Eugène LAURENT (1832-1898), sous un buste dont il fut l’auteur et qui se trouve désormais à la Conservation (tombe Drin).

- Gaston LEGRAND (1861-1941), qui fut maire du IXe arrondissement de Paris dans les années 30.

- Abdol Majid MAJIDI (1929-2014) : politicien iranien, il occupa plusieurs postes ministériels et publics sous le règne du Shah Mohammad Reza Pahlavi, et s’exila à la suite du changement de régime en Iran en 1979 pour s’installer à Paris. Il repose auprès de son épouse, Monir VAKILI (1924-1983), chanteuse soprano qui fut la première chanteuse persane à populariser les chansons folkloriques persanes en Iran et sur la scène musicale internationale. Elle mourut dans un accident de voiture en Belgique.

- Charles « Carl » MAUMEJEAN (1888-1957) : issu d’une famille de maîtres-verriers et mosaïstes, il s’illustra lui-même dans cet art. Il fut en particulier l’auteur des vitraux du columbarium du cimetière. Il repose dans la chapelle Diehl (belle-famille de sa sœur) et fut l’auteur du vitrail qui l’orne (voir plus bas).

- Dans un même tombeau reposent l’acteur franco-étatsunien Edward MEEKS (1931-2022) qui fut, avec Yves Rénier, l’un des deux héros de la série télévisée Les Globe-trotters. Il tourna des rôles secondaires des années 60 à sa mort ; son épouse, la romancière Jacqueline de MONSIGNY (Jacqueline Rollet : 1931-2017), qui fut également comédienne (elle jouait dans le célèbre feuilleton radiophonique La Famille Duraton) et animatrice à la télévision ; et le fils qu’elle eut d’un premier mariage Frank BERTRAND (1949-2018), à la carrière éclectique : auteur et comédien de théâtre, dramaturge pour la radio, scénariste de dessins animés et de jeux, auteurs de biographies et psychanalyste !

- L’écrivain arménien Sérovpé MKHITARIAN (Vertanès Assadourian : 1907-2000).

- Le poète et sculpteur Adolphe NUCHY (1910-1979).

- Agricol PERDIGUIER (1805-1895) : compagnon menuisier du tour de France dit Avignonnais la Vertu, il demeure dans l’histoire non seulement comme le plus notoire des compagnons mais comme celui qui a le plus agi pour en moderniser l’institution. Perdiguier pensait que le compagnonnage devait garder son utile pratique de perfectionnement professionnel et d’entraide sur le Tour de France, mais qu’en abandonnant ses haines ésotériques et sa brutalité primitive, il gagnerait en efficacité sociale et en humanité. Républicain fixé au faubourg Saint-Antoine, il « prêcha » par l’exemple, par la parole, par l’écrit (Le livre du Compagnonnage, 1839) car il était doué, grand amateur de théâtre et de chansons, en composant parfois lui-même. Il attira l’attention de l’intelligentsia. La première propagandiste de l’Avignonnais fut George Sand, qui dès 1842 fit de lui le personnage central d’un roman, Le Compagnon du Tour de France, mais il entretint également des correspondances avec Lamartine ou Hugo. En 1848, il fut élu représentant du peuple dans le Vaucluse et dans la Seine ; il siégea à gauche et s’opposa au coup d’État de 1851. Il partir en exil en Belgique et en Suisse, puis rentra à Paris. En 1871, modéré et légaliste, il ne prit pas part à la Commune, s’excluant ainsi du panthéon « ouvrier » majoritaire. Sa tombe, sur laquelle ses amis firent élever une ruche, symbole du travail, fait toujours l’objet de fréquentes commémorations de Compagnons de tous rites.

- L’auteur dramatique Hippolyte RAYMOND (1844-1895), dont les pièces connurent le succès à la fin du XIXe siècle.

- Ernest ROCHE (1850-1917) : député de la Seine à partir de 1889, républicain socialiste révolutionnaire, il appartint à la fraction du groupe blanquiste qui se rallia au programme du général Boulanger. Il fut l’un des fondateurs des soupes populaires.

- L’aviateur Henry ROGET (1893-1921). Il mourut à 28 ans de maladie, et pas dans une catastrophe aérienne. Sa plaque indique : « Ici repose le célèbre aviateur, Henry ROGET, chevalier de la légion d’honneur, héros de la double traversée de la méditerranée en 24 heures, sur avion terrestre, héros du tour d’Europe aérien, recordman du monde de la hauteur avec deux passagers. Ses exploits resteront gravés dans les fastes de l’Histoire »... Comme la notoriété peut-être ingrate !

- Jean-Julien SACALEY (1800-1875), qui fut sous-chef de cabinet de l’empereur Napoléon III.

- L’écrivain iranien Gholam Hossein SA’EDI (1936-1985). Auteur de plus de quarante romans, jusqu’à sa mort en exil à Paris, en raison de la dépression et de l’alcoolisme ; il resta l’un des écrivains et intellectuels iraniens les plus importants et les plus prolifiques au niveau international.

- André SAUVAGE (1891-1975) : cinéaste, réalisateur, écrivain et peintre de l’entre- deux guerres. Il réalisa pour André Citroën La croisière jaune, film documentaire sur l’expédition de la Mission Citroën Centre-Asie, ralliant Beyrouth à Pékin en véhicules autochenilles. L’industriel fut mécontent du film qui ne mettait pas assez en valeur l’entreprise et le révoqua. Il laissa également des films précieux sur Paris.

- Le peintre Jules SENNINGER (1875-1956).

- SÉRA (Séraphin Martin : 1906-1993) : athlète français, spécialiste des courses de demi-fond, il participa à la finale olympique du 800 m en 1928 à Amsterdam (6e) et en 1932 à Los Angeles (8e). Champion de France du 800 m en 1927, 1928, 1929 et du 1 500 m en 1927, il établit un nouveau record du monde du 800 mètres. Il fut également détenteur du record du monde du kilomètre en 1926 et du record de France du 1 500. Il compta 19 sélections en équipe de France A, de 1925 à 1932.

-  Constant SEVIN (1821-1888). Principal collaborateur de Ferdinand Barbedienne de 1855 à 1888, il fut l’un des plus importants sculpteurs-ornemanistes associés à l’industrie française du bronze d’art et d’ameublement de la seconde moitié du XIXe siècle. Son œuvre artistique est composée de plusieurs milliers de modèles et de compositions ; vaste répertoire ornemental caractéristique de l’historicisme et de l’éclectisme stylistique qui dominaient le goût public et les arts décoratifs de son époque. Le buste qui orne sa tombe est de Tony Noel.

- Le peintre, céramiste, sculpteur et photographe SÉBASTIEN (Gabriel Sébastien Simonet : 1909-1990) ; auteur d’une œuvre qu’André Gide qualifia de « mystico-sensuelle ». En 1955 il réalisa la sculpture en terre cuite sur laquelle était apposée la Palme d’or que Lucienne Lazon avait créée pour le Festival de Cannes.

- Le critique littéraire et essayiste Paul SOUDEY (1869-1929) qui collabora à de nombreuses revues. Le buste qui ornait sa tombe est désormais à la conservation.

- L’architecte Auguste Marie WASER (1859-1921), qui repose sous un buste de Paul Lebègue.


Anecdotes et curiosités


- Depuis plusieurs années désormais, les touristes sont attirés, en bordure de division, par le petit chien qui garde la tombe Maily.

- Paul, frère de Jules Verne, repose ici

- Plusieurs œuvres d’art de cette division ne s’y trouvent plus : outre le buste du peintre Eugène Laurent et celui de Paul Souday (voir plus haut), qui sont à la conservation, il en est de même pour le médaillon en bronze par Nordlinger qui se trouvait sur la tombe de Marcel Proust, le buste sur la tombe Errard, le médaillon en bronze par Leroux sur la tombe Schneider, et celui, par Guiraud, de la jeune Colette Lacroix, morte à 20 ans en 1907.

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Tombe de Colette Lacroix
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Originale présentation de l’identité de la défunte dans un bloc de verre.


Réalisations artistiques


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Tombe Robert Jouvenot
Non signé
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3 médaillons de famille non signés sur la tombe Audebrand.
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Médaillon de Gabrielle Delaunay, morte à 17 ans en 1916
Signé R. Delaunay.
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Buste de François Husset (+1885)
Signé Emile Hebert.
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Tombe Lair-Toussaint
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Tombe Mifflet
« A mon père » Fd Mifflet, fondeur
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Tombe Rapilly
Jeune lieutenant d’aviation qui s’écrasa en 1918. Œuvre de Alberto Cappabianca.
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Tombe Noël
Un chien grandeur nature signé Leclerc veille sur au pied de la tombe familiale.
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Tombe Etienne
non signée
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Tombe Mondin

- Présence de vitraux, le plus souvent en mauvais état

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Chapelle Arnould
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Chapelle Castanon
Signé Collinet
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Chapelle Colozier
Signé Maumejean
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Chapelle Crouzet
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Chapelle Delacroix
Signé Vantillard
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Chapelle Dezaux
Signé Mathieu
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Chapelle Fortin-Rivière
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Chapelle Diehl (Maumejean)
Signé Maumejean
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Chapelle Morla
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Chapelle Paquignon et Pellard
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Chapelle Pissis-Laboissière
Signé Collinet
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Chapelle Schrod
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Chapelle Schrod

Source : « Le cimetière musulman » d’Alice Brinton.


[1On dispose d’un échange de correspondances de 1905 entre le cimetière et l’ambassade de Turquie pour savoir qui devait payer sa restauration.


Commentaires

Brèves

Mise à jour et conseils aux contributeurs

samedi 29 octobre 2022

Je suis en train de remettre à jour toutes les rubriques qui listent le plus exhaustivement possible le patrimoine funéraire de tous les départements. Tous les cimetières visités par moi (ou par mes contributeurs) y sont portés, mise-à-jour des couleurs qui n’étaient pas très claires dans les versions précédentes (le noir apparaissait vert), rajout de tombes depuis les visites, photos de tombes manquantes... N’hésitez pas à les consulter pour y trouver la version la plus globale du patrimoine. Ces rubriques représentent les listes les plus complètes que l’on puisse trouver sur le net du patrimoine funéraire français.

Contrairement aux articles, vous ne pouvez pas interagir sur les rubriques : aussi, si vous avez une information nouvelle à apporter sur un département, merci de laisser votre message en indiquant clairement le département et la commune concernée sur un article dédié uniquement à cela : Le patrimoine funéraire en France : classement par départements

Merci et bonne lecture.

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vendredi 14 février 2014

Pour en savoir un peu plus sur ce site et son auteur :

- Pourquoi s’intéresser aux cimetières ?
- Pourquoi un site sur les cimetières ?
- Qui est derrière ce site ?