SAND George (Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, « baronne » Dudevant : 1804-1876)

Cimetière de Nohant-Vic (36)
mercredi 19 juillet 2023
par  Philippe Landru

Dès ses premiers écrits, elle s’inspira du nom de son amant, Jules Sandeau, pour prendre le pseudonyme de George Sand. Côtoyant les grandes plumes de l’époque, elle publia l’un de ses premiers romans, Indiana, en 1832, puis Valentine, la même année. Elle y défendait ardemment le droit à la passion des femmes et s’opposa à toutes les oppressions dont elles étaient victimes. Très vite, les talents de la jeune écrivaine furent reconnus, notamment par Sainte-Beuve et Chateaubriand. Outre sa collaboration à la Revue des Deux Mondes, George Sand publia Lélia en 1833, œuvre lyrique où l’amour est malmené par les convenances et les préjugés de la société mondaine. Cette année marque également le début de sa brève et tumultueuse liaison amoureuse avec Alfred de Musset. Sa vie sentimentale fut aussi mouvementée que sa vie littéraire, et elle connut plusieurs passions, parmi lesquelles figure Frédéric Chopin.


Deux mots sur son époux, Casimir Dudevant ...

Originaire d’une famille du Sud-Ouest, Casimir Dudevant épousa Aurore Dupin en 1822. Avec elle il eut deux enfants, même si sa paternité n’est pas avérée. Sa vie avec George Sand ne fut pas de tout repos : inculte et ivrogne, les deux ne partagent aucun goût commun. Elle obtint finalement la séparation de corps d’avec son mari, à une époque où le divorce n’était pas légal. Séparé de son épouse, il retourna vivre dans sa bastide de Guillery et devint maire de la commune de Pompiey, dans le Lot-et-Garonne. Il mourut à Barbaste en 1871. C’est par lui qu’Aurore Dupin était devenue « baronne Dudevant », titre dont elle se para fort peu du reste. En réalité, son mari n’avait pas droit à ce titre nobiliaire : la loi précisait que les titres conférés par l’empereur pouvaient passer « à la descendance directe et légitime, de mâle en mâle, par ordre de primogéniture (droit d’aînesse) de celui à qui le titre a été concédé ». S’il avait été le fils direct et légitime de Jean-François Dudevant, Casimir aurait donc eu droit au titre de « baron » dont il se para toute sa vie, mais il n’était pas un enfant légitime. Né bâtard, il eut pour mère une gardeuse d’oies du nom d’Augustine Soulès ! Ainsi, en tant que fils né illégitime, il avait perdu tous droits à la noblesse paternelle. La véritable épouse de Jean-François Dudevant était Gabrielle Louise de la Porte (1772-1837). Elle éleva néanmoins Casimir comme s’il avait été son propre fils, et George Sand considéra donc cette dernière comme sa belle-mère. On peut voir sa tombe dans la 32ème division du cimetière Montmartre à Paris.

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Tombe de Gabrielle de la Porte, baronne Dudevant - Montmartre, 32ème division.

À la fin des années 1830, George Sand s’intéressa aux pensées socialistes et démocratiques [1]. Particulièrement engagée, elle côtoya les grands démocrates de l’époque (Pierre Leroux, Armand Barbès ou encore Félicité de Lamennais) et se réjouit des événements de février 1848. L’échec de cette insurrection populaire la déçut profondément. Aussi préfèra-t-elle se retirer à Nohant et poursuivre sa série d’œuvres champêtres optimistes largement inspirée de son enfance. À la Mare au diable (1846) s’ajoutent ainsi François le Champi (1848), la Petite Fadette (1849) et les Maîtres sonneurs (1853).

Malgré la misogynie de nombreux détracteurs comme Charles Baudelaire ou Jules Barbey d’Aurevilly, George Sand contribua activement à la vie intellectuelle de son époque, accueillant au domaine de Nohant ou à Palaiseau des personnalités aussi différentes que Franz Liszt, Frédéric Chopin, Marie d’Agoult, Honoré de Balzac, Gustave Flaubert, Eugène Delacroix, Henri Chapu, conseillant les uns, encourageant les autres. Elle a entretenu une importante correspondance avec Victor Hugo bien qu’ils ne se soient jamais rencontrées. De plus, les lettres qu’elle échange avec ses amants successifs viennent grossir encore l’œuvre littéraire monumentale de Sand.

Après s’être consacrée quelques temps au théâtre, George Sand entreprit la rédaction de son autobiographie. Elle vécut une dernière liaison amoureuse avec un certain Alexandre Manceau [2], d’origine ouvrière, et qui lui fit aussi office de secrétaire. Il fut le dernier de ses amants et lui offrit un cadre apaisé qui lui permet d’écrire jusqu’à sa mort.


Merci à Cath & Jack pour les photos.
Merci également à des précédents envois de Jean-Luc Sabatier, Shylock2 et Gérard Lefort.


[1Avec des limites ! A la fin de sa vie, elle défendit ses intérêts de classe et fut particulièrement virulente contre la Commune.

[2Graveur, il mourut de la tuberculose à Palaiseau (91). George Sans le fit inhumer au cimetière de l’église Saint-Martin de cette commune, mais sa tombe disparut après la désaffection du cimetière en 1886.


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