USTARITZ (64) : cimetière
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Le cimetière d’Ustaritz est un lieu charmant : il abritait autrefois l’église, mais celle-ci s’est effondrée en 1861. Sur son emplacement fut édifiée une petite chapelle, mais elle est de nos jours abandonnée. Au moins confère-t-elle au lieu une touche de romantisme.
Le calvaire se dresse au milieu d’un parterre d’une vingtaine d’anciennes stèles discoïdales ou tabulaires, datant pour certaines d’entre elles des XIIe et XIIIe siècles. Elles furent regroupées et mises en valeur près de l’emplacement de l’ancienne église, à l’initiative de l’association Lauburu, à la fin des années 70.
Dans cet enclos funéraire reposent plusieurs personnalités.
La chapelle Garat serait la plus vieille chapelle funéraire du Pays-Basque. On ne peut pas la louper puisqu’elle se situe à l’entrée immédiate du cimetière. Surmontée d’une plaque honorant Dominique Joseph Garat (avec les formules laudatives usuelles), elle est aujourd’hui fort défraîchie : la porte, ouverte à tous les vents, donne sur une unique pièce sombre.
Au sol, une vieille croix, deux ciboires servant de vases à des fleurs artificielles et plusieurs plaques que l’on devine plus qu’on ne les voit, le tout étant recouvert de poussière.
Au moins a-t-on le loisir de lire les inscriptions et de savoir qui reposent ici.
C’est avec d’autres membres de leur famille que furent déposés dans ce tombeau les corps de :
Dominique GARAT, dit Garat-Ainé (1735-1799) : avocat au Parlement de Bordeaux, cet adepte des Lumières se fit élire député du Tiers aux Etats-Généraux. Il prit une part assez active aux travaux de la Constituante, fut un des commissaires chargés de négocier la réunion des trois ordres (27 juin) ; et, le 17 juillet, après la chute de la Bastille, fit partie de la députation chargée d’accompagner le roi à Paris. Il tenait beaucoup à ce que la Navarre gardât son nom et son caractère particulier, et lors du débat (février 1790) sur la division en départements, il protesta, ainsi que son frère, contre le décret qui allait réunir en un seul département (Basses-Pyrénées) le Béarn, la Navarre et le pays de Labour. En vain, il proposa que l’Assemblée conservât au monarque français le titre de roi de Navarre. Il abandonna l’Assemblée en 1791 et rentra dans la vie privée, n’en sortant que pour présider quelque temps l’administration municipale d’Ustaritz. Il mourut quelques jours après le coup d’Etat du 18 brumaire. Il laissa quatre fils, dont Pierre-Jean Garat, le célèbre chanteur.
Dominique Joseph GARAT, dit Garat-cadet (1749-1833), frère du précédent (avec lequel on le confond régulièrement). Arrivé jeune à Paris, et se lança dans la carrière des prix académiques. Il obtint en 1779 le prix d’éloquence de l’Académie française pour son Éloge de Suger. Rédacteur du Mercure de France pour sa partie littéraire, il passa ensuite au Journal de Paris, fut élu député aux États généraux de 1789 du Labourd (pays basque). Le 9 octobre 1792, il remplaça Danton au ministère de la Justice, et à ce titre notifia à Louis XVI la sentence de mort. Le 22 janvier 1793, il remplaça Jean Marie Roland au ministère de l’Intérieur et resta à ce poste jusqu’en août 1793. En octobre 1793, il fut arrêté comme girondin, mais rapidement libéré. Le 9 thermidor an II, il vota contre Maximilien de Robespierre. Sous le Directoire, il fut élu au Conseil des Anciens (1799). Après le coup d’État du 18 brumaire (9 novembre 1799), Napoléon Bonaparte le nomma sénateur, et en 1808, comte de l’Empire. En 1803, il entra à l’Académie française. Bien qu’il fût membre de la Chambre des représentants pendant les Cent-Jours, il ne fut pas inquiété sous la Restauration mais fut cependant radié de l’Académie française. Il devint membre de l’Académie des sciences morales et politiques après 1830.
On raconte qu’il devint, après avoir notifié à Louis XVI la sentence de mort, de plus en plus grognon et renfermé et que ses lunettes d’or qui servirent ce 20 janvier 1793, ne sortirent plus d’un tiroir auquel il était interdit de toucher. Familier de la maison, le curé d’Ustaritz les utilisa un jour pour lire son bréviaire et lorsque Dominique Joseph Garat revenant d’une visite les aperçut, il s’écria : « Les lunettes de la sentence » et tomba foudroyé !
Le comte Joseph Dominique Paul GARAT (1791-1871), fils du précédent, qui fut Préfet lors des cent jours et maire d’Ustaritz.
Eugène GOYHENECHE (1915-1989) qui fut un historien et un
archiviste-paléographe reconnu pour ses travaux historiques sur le Pays basque. On peut considérer qu’il a véritablement révélé leur histoire aux Basques du nord de la Bidassoa dans ses innombrables articles et dans ses livres ou dans ses œuvres fondamentales.
Michel LABÉGUERIE (1921-1980) : maire de Cambo les Bains de 1965 à sa mort, Député des Basses-Pyrénées de 1962 à 1967 puis sénateur des Pyrénées-Atlantiques de 1974 à sa mort, il fut également connu comme compositeur et comme Président de « Eskualzaleen Biltzarra », association de défense de la langue et de la culture basques, auxquelles il était très attachées. Il est aujourd’hui considéré comme le père de la nouvelle chanson basque.
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