SAINT-GERMAIN-EN-LAYE (78) : cimetière ancien
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La création de l’ancien cimetière actuel fut décidée en 1774 pour remplacer celui qui se trouvait au coeur de la ville, place du marché neuf. En 1775 l’archevêque de Paris Christophe de Beaumont donna l’autorisation à la fabrique d’acquérir le terrain. Il fut implanté le long de la forêt et agrandi à deux reprises en 1827 et 1855.
Aujourd’hui implanté en centre-ville, c’est l’un des très beaux et très intéressants cimetières de la banlieue parisienne : la très bourgeoise ancienne ville des rois a su attirer vers elles artistes et personnalités dans des domaines divers dont certaines occupent désormais le cimetière. Les familles aisées ont également fait édifier un grand nombre de tombeaux remarquables. De taille humaine, il est divisé en deux parties qui, si elles ne sont pas totalement séparées, n’en sont pas moins distinctes.
Curiosités
A l’entrée du cimetière, un très grand nombre de plaques rendent hommage aux bienfaiteurs de l’hospice de la ville. Parmi les innombrables noms, ceux de plusieurs rois de France, du pape Clément X, de Napoléon…
La forte communauté anglo-saxonne de la ville a imprimé sa présence dans le cimetière, et les divisions A et B ont des airs de cimetière américain.
Louis Cagnard (1820-1880), « otage des Prussiens en 1870 », possède une tombe ornée d’un bas-relief en bronze par Edouard Maugendre.
La chapelle Dagand est ornée de trois beaux bas-reliefs néoclassiques en marbre.
Le tombeau du baron d’Empire Morlöt de Wengi est décoré d’un bas-relief en marbre par Antoine Etex.
Bas-relief en bronze sur la tombe Florin.
Bas-relief en marbre par Samuel Charles sur le Tombeau de Kazimira Potolska.
Un très beau médaillon en terre cuite sur la tombe Lavialle d’Anglards par Deloye.
Un médaillon en bronze sur la tombe d’Emile Ramas par Charles Maillard.
Le très beau tombeau Art Nouveau en marbre d’Elisabeth Bond Swan.
Le mausolée Le Roux, orné d’une mosaïque.
Le tombeau des Salignac-Fenelon, où repose en particulier Jean Raymond Alfred (1810-1883), qui fut sénateur d’Empire en 1864.
Au centre du cimetière, entouré par des buis, le monument aux morts de la Guerre de Crimée.
Dans le caveau de la communauté religieuse de Notre-Dame de l’Espérance (carré G) repose Marie Aubin, petite-fille naturelle de Lord Byron.
Célébrités : les incontournables...
Albert Ernest CARRIER-BELLEUSE
Henri COCHET
Maurice DENIS
Jacques TATI
Si le caveau de famille des Alain se trouve bien dans ce cimetière, le compositeur Jehan ALAIN repose dans la section militaire du cimetière du Pecq tandis que sa soeur, l’organiste Marie-Claire ALAIN, repose au nouveau cimetière de Saint-Germain-en-Laye.
Le commissaire général de la Marine de Napoléon Louis BOURSAINT (1781-1833) repose dans ce cimetière jusqu’en 1988, date à laquelle, selon ses voeux, il fut transféré à Saint-Malo dont il était originaire.
... mais aussi
Alexandre BERTRAND (1820-1902) : archéologue, il fut un des pionniers de l’archéologie gauloise et gallo-romaine. Ayant travaillé sur les fouilles d’Alise-Sainte-Reine, il participa ensuite à la fondation du Musée des Antiquités nationales à Saint-Germain-en-Laye et en fut le premier directeur, de l’ouverture en 1867 à sa mort en 1902. Il était membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres.
le peintre Robert BLOT (1880-1948). Avec lui est inhumé son fils, l’architecte Marcel BLOT (1907-1987), auteur des hangars métalliques pour Henry Farman. Dans le même caveau repose Christian Delaballe.
Robert Alphonse, comte de BOURBOULON (1861-1932) : grand chambellan du roi Ferdinand Ier de Bulgarie, il laissa une correspondance dressant un tableau très riche de la Bulgarie du début du XXe siècle.
José BRUYR (1889-1980) : poète belge d’expression française, il fut également musicographe. On lui doit plusieurs livrets d’opéra et des ouvrages sur la musique. Il fut l’un des membres fondateurs de l’Académie Charles-Cros.
L’architecte Léon CARLE (1843-1899), auteur de plusieurs réalisation à Saint-Germain mais également de la salle de spectacles de l’Olympia à Paris. Sa tombe est orné d’un bas-relief en bronze.
Louis de BLACQUETOT, vicomte de CAUX (1775-1845) : lieutenant général du Génie, député légitimiste du Nord en 1828, il fut un éphémère ministre de la Guerre entre 1828 et 1829. Il fut fait Pair de France.
Roger CHASTEL (1897-1981) : peintre français de l’École de Paris dont l’œuvre s’inscrit à la limite de la non figuration. Il réalisa de nombreux décors pour l’Opéra et le théâtre, créa des œuvres pour de grandes manifestations (expositions universelles) et certaines de ses compositions devinrent des tapisseries des Gobelins. Il fut également un illustrateur d’œuvres littéraires (Carco, Eluard…). Il était membre de l’Institut.
Christian DELABALLE (1914-1987), qui fut préfet de l’Oise mais également en Algérie. Il est inhumé dans la sépulture Blot.
Daniel DUNGLAS-HOME (1833-1886) : médium et voyant écossais, il devint célèbre au cours du XIXe siècle grâce à de nombreuses exhibitions de ses dons de lévitation, de voyance et de médiumnité. Il compta parmi ses admirateurs et protecteurs l’empereur Napoléon III, le tsar Alexandre II de Russie et le roi Maximilien II de Bavière.
Jacques Henri DUVAL (1919-1974) : homme de théâtre avant tout, où il fut metteur en scène et comédien, il tourna pourtant dans quelques films des années 40 aux années 60.
Henry Vernon ESMOND (1869-1922) : acteur et dramaturge anglais, il commença sa carrière d’acteur à Londres en 1889 où il eut plusieurs succès dans des comédies. Il écrivit des pièces de théâtre, des comédies pour la plupart. Il joua souvent avec son épouse, la comédienne Eva Moore. Ses pièces furent bien reçues aux États-Unis où neuf d’entre elles furent produites sur Broadway entre 1899 et 1907. Il mourut brusquement à Paris d’une pneumonie. Il était le père de l’actrice Jill Esmond. Sa tombe, apparemment anonyme (son identité est cachée par un buis), est ornée d’un magnifique bas-relief en bronze par Albert Toft.
L’architecte Laurent FAUCONNIER (1811-1878), dont le tombeau est de Charles Fauconnier.
Jacques FESCH (1930-1957) : jeune bourgeois en rupture avec son milieu familial, il tua accidentellement un policier alors qu’il tentait un braquage. Arrêté, il devint durant son incarcération profondément pieux et mena un cheminement mystique et spirituel qu’il consigna dans des carnets. Condamné à mort, il fut exécuté. Depuis lors, il est considéré par les catholiques comme un exemple de rédemption par la religion, à tel point qu’un procès en béatification a été entamé en 1987. Il repose dans le caveau Polack-Langlais de la section I de ce cimetière.
Louis FOREST (1872-1933) : journaliste et politicien (il était conseiller général de Seine-et-Oise), esprit curieux et érudit, auteurs d’ouvrages divers touchant autant à l’histoire qu’aux sciences, il se fit connaître pour avoir lancer en 1925 la première campagne de timbres anti-tuberculeux qui fut un atout important dans le traitement de la maladie.
Le Compagnon de la Libération René GATISSOU (1915-2012). Cadre mécanicien de l’armée de l’Air, il participa d’abord à la Résistance intérieure française par les renseignements qu’il fournit, par l’organisation d’évasions et la conception de plans d’attaque. Ayant rejoint ensuite la France combattante, il devint l’officier responsable technique du groupe de bombardement Lorraine, réputé pour le très bon fonctionnement de son service. Il participa aussi lui-même à de nombreuses missions de guerre comme mitrailleur. Il se distingua encore lors de la guerre d’Indochine et devient lieutenant-colonel.
Etienne de JOUY (1764-1846) : auteur dramatique, il mena tout d’abord une carrière militaire et échappe de peu à la guillotine durant la Révolution. Il fut ensuite librettiste (on lui doit les livrets du Guillaume Tell de Rossini et de La Vestale de Spontini). Journaliste, critique et chansonnier, il fut élu à l’Académie française en 1815. Sous la Restauration, de Jouy fut un défenseur constant de la liberté : il fut un éphémère maire de Paris en 1830 puis devint bibliothécaire du Louvre. Je n’ai pas retrouvé son tombeau.
Léopold de LIMA (1901-1971) : médecin, il était le fils naturel de Mistinguett et du parolier Léopold de Lima.
Aurélien LUGNÉ-POË (1869-1940) : acteur, metteur en scène et directeur de théâtre français, il fut, avec André Antoine, l’acteur d’un renouveau du théâtre parisien à la fin du XIXe siècle. Il fonda en collaboration en 1893 le Théâtre de l’Oeuvre qu’il dirigea, et dans lequel il fit connaître les auteurs nordiques. Il fut un grand défenseur du symbolisme théâtral, en opposition au naturalisme du Théâtre Antoine.
La peintre Katherine Mac CAUSLAND (1860-1930).
Pierre MAGNAN (1791-1865) : soldat de l’Empire malgré son jeune âge, il participa à l’expédition de Catalogne et à la conquête de l’Algérie sous la Restauration. Député de la Seine à partir de 1849, il fut un des principaux organisateurs du coup d’État du 2 décembre 1851 : pour le remercier, Napoléon III le fit maréchal et sénateur. Il repose dans une massive chapelle.
L’architecte Eugène MILLET (1819-1879). Élève de Labrouste et de Viollet-le-Duc, il devint adjoint de ce dernier. Plus qu’un créateur, il fut un restaurateur, en particulier d’édifices religieux en Champagne et en Ile-de-France. Parmi ses travaux principaux, on citera la basilique du Sacré-Cœur de Paray-le-Monial, Saint-Pierre de Montmartre ou encore l’église de Boulogne. Sa grande œuvre fut la restauration, entre 1859 et sa mort, du château de Saint-Germain-en-Laye, dont il contribua à faire un musée. Sa tombe, oeuvre de Viollet-le-Duc, est ornée d’un médaillon par Henri Chapu.
Pierre PECKER (1866-1937) : « créateur dès 1897 du premier centre français d’assistance scientifique et maternelle à domicile ».
Jacques PÉRICARD (Joseph Péricard : 1873-1944) : journaliste et écrivain français nationaliste, il lança en 1922 une publication annuelle, l’Almanach du combattant, qui perpétua le souvenir de la Grande Guerre et défendit les droits des anciens combattants. Son nationalisme le mena, durant la Seconde Guerre mondiale, vers la collaboration. Il fut tué dans une embuscade (ou sous les tirs accidentels de soldats allemands lors d’un barrage routier).
Michel PÉRICARD (1929-1999) : fils du précédent, ancien journaliste (il réalisa des grands reportages pour Cinq colonnes à la Une et présenta des émissions politiques à la télévision dans les années 70), il se lança dans le combat politique. Gaulliste, il devint maire de Saint-Germain en 1977 et député des Yvelines l’année suivante. En 1995, il devint président du groupe RPR à l’Assemblée, puis occupa la fonction de vice-président de l’Assemblée nationale à partir de 1997.
Roman SOLTYK (1791-1843) : général polonais, il se mit au service de Napoléon et participa à la Campagne de Russie. Élu député à la Diète du Royaume de Pologne, il proposa en 1829 de remettre aux paysans la terre qu’ils cultivaient. C’est sur son initiative que fut votée la déchéance du tsar Nicolas de Russie le 25 janvier 1831, événement qui marqua le début de la guerre russo-polonaise. La Pologne écrasée, il dut s’exiler et revint en France.
Edward TUCK (1842-1938) : homme d’affaires américai, il forma avec son épouse Julia STELL (1850-1928) un couple de mécènes du début du XXe siècle. Le couple habitait New York, mais également à Paris un appartement avenue des Champs-Élysées. Ils se constituèrent une superbe collection d’arts décoratifs du XVIIIe siècle (qu’il légua plus tard au Petit Palais). Mécénat et œuvres philanthropiques occupèrent une grande partie de leur vie, tant en direction des Etats-Unis que de la ville de Rueil où ils s’étaient installés (ils firent beaucoup pour la restauration du château de la Malmaison). Ils financèrent aussi la restauration du Trophée des Alpes, monument antique élevé à la gloire d’Auguste à La Turbie, dans les Alpes-Maritimes. Leur tombe est ornée d’une statue et d’un buste en bronze.
Charles-Emile VAPEREAU (1847-1925) : professeur de géographie au Collège impérial de Pékin, il fut commissaire général de la Chine lors de l’exposition universelle de 1896. Il laissa de précieux clichés du Japon au XIXe siècle ainsi que plusieurs récits de voyages. Il était le fils du célèbre biographe Gustave Vapereau. Sa tombe est ornée d’un bas-relief en bronze par E. Porcher.
Maurice VARET « coureur automobile de Formule 1, pilote sur Delage ».
Les frères Paul (1882-1957) et André (1881-1971) VÉRA : le premier suivit une formation de peintre à l’Académie des beaux Arts puis entra à l’Académie Ranson où il eut comme professeurs Maurice Denis et Paul Sérusier. Le second, autodidacte, théoricien des jardins, débuta sa carrière en 1910 avec la publication d’une série d’articles sur Le Nouveau Jardin, qui conciliait le jardin classique et la vie moderne. Établis à Saint-Germain-en-Laye, un musée d’arts décoratifs leur ai consacré dans cette ville.
Merci à Charles Lugans pour la photo de la tombe Fesch.
Merci à Didier Bunet pour la photo Gatissou.
Il existe un ouvrage plutôt bien fait sur les cimetières de Saint-Germain-en-Laye : ARLAUD Pierre Guide historique des cimetières de Saint-Germain-en-Laye, Editions des écrivains associés, 1997.
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