FONTAINEBLEAU (77) : cimetière
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Bien que peu connu, le cimetière de Fontainebleau est exceptionnel. Ouvert en 1823, il possède encore un très grand nombre de ses tombes les plus anciennes, la plupart fort ruinées et enchevêtrées dans un amas minéral qui comblera les visiteurs romantiques. Outre la conservation de sépultures de nombreux officiers militaires de l’Empire et de la Restauration, le cimetière de Fontainebleau, installé sur une pente sablonneuse montant vers la forêt et offrant un beau panorama sur la ville, a également conservé les sépultures de familles aristocratiques. Ca et là, on découvre ainsi des tombeaux de famille Cossé-Brissac, Riquet de Caraman, Polignac…
La proximité de Barbizon explique aussi la présence de plusieurs peintres, plus ou moins proche de l’école artistique qui s’y développa. De nombreuses personnalités souvent oubliées de nos jours, complètent ce catalogue rendant la visite fort agréable.
Curiosités
Le cimetière possède un monument « à la mémoire des patriotes français assassinés par les nazis en juillet et en août 1944 dans la forêt près d’Arbonne ». Plusieurs corps appartenant aux suppliciés sont également inhumés ici.
La tombe d’un jeune japonais, Tikato Bekki (1854-1872), qui était élève à l’école militaire.
Dans la chapelle que se partagent les familles de Cossé-Brissac et Marrier de Boisdhyvert (dont plusieurs membres furent attachés à la conservation des forêts de Fontainebleau) se trouvent un masque mortuaire en marbre armorié.
Au centre du cimetière, on remarque clairement une grande chapelle en pierre et en brique rouge : c’est la chapelle de famille Guérin où repose en particulier Denis Guérin (1798-1888), qui fut maire de la ville de 1843 à 1871.
Le tombeau des barons Marrier de la Gatinerie, famille de commissaires généraux de la marine.
Les célébrités : les incontournables…
Jules PASDELOUP
Pierre VAUDREY
… Mais aussi
Le Compagnon de la Libération Pierre BOURGOIN (1912-1966).
Le général Antoine Fortuné de BRACK (1789-1850), qui fit les campagnes de l’Empire et qui fut un théoricien militaire ayant laissé plusieurs ouvrages.
Jacques-Joseph CHAMPOLLION-FIGEAC (1778-1867) : frère aîné
de Jean-François Champollion dont il fut le précepteur, il fut lui-même archéologue mais resta dans l’ombre de son cadet tout en travaillant avec lui. Conservateur des manuscrits à la Bibliothèque royale, professeur de paléographie à l’école des Chartes, il contribua à l’édition des œuvres de son frère après la mort de ce dernier.
Le général Paul CHRÉTIEN (1862-1948), qui contribua en 1916 à
sauver Verdun.
Charles COLINET (1839-1905) : élève et continuateur de l’œuvre de Denecourt (voir plus bas), il traça lui aussi le réseau de sentiers dans la forêt qui porte désormais le nom « Colinet-Denecourt ». Sa tombe est ornée d’un médaillon.
Le peintre Philippe COMAIRAS (1803-1875), ancien élève de Ingres et ami de Corot. Il repose auprès de sa mère, la peintre sur porcelaine Marie Victoire JACQUOTOT (1772-1855), qui travailla beaucoup pour la manufacture de Sèvres. Elle légua des sommes importantes à la ville pour ouvrir une école de peinture qui existe toujours et qui porte son nom.
Alexandre Gabriel DECAMPS (1803-1860) : Peintre orientaliste (il
voyagea dans l’Empire Ottoman qui le fascina), il fut considéré en son temps comme supérieur à Ingres ou Delacroix. Il se distingua de bonne heure par l’originalité de ses productions. Il exposa des tableaux de genre et des paysages empruntés aux contrées orientales qui attirèrent l’attention : Souvenir de la Turquie, Paysage en Anatolie, Les ânes d’Orient, etc.
Il a aussi traité quelques sujets historiques ; mais il se plaisait surtout à peindre des animaux (chevaux, ânes, chiens, singes) et des scènes de chasse. Il périt à Fontainebleau d’une chute de cheval, en suivant une chasse de la vénerie. La colonne sous laquelle il repose est ornée d’un petit médaillon en bronze signé FD.
Claude François DENECOURT (1788-1875), qui consacra l’essentiel de sa vie à faire connaître (et contribuer à créer de toutes pièces) les richesses de la forêt de Fontainebleau. Il publia plusieurs guides de promenade, puis il commença à tracer lui-même les chemins en forêt, avec l’autorisation tacite de l’administration des eaux et forêts. Il fit également aménager des fontaines et des grottes, baptisa les lieux les plus remarquables, et contribua à l’invention de certaines légendes sur la forêt. Il fut célébré par les écrivains de son temps et proclamé par Théophile Gautier « Sylvain de la forêt de Fontainebleau ». Le médaillon en bronze qui orne sa tombe est l’œuvre de Adam-Salomon.
Le statuaire André d’HOUDAIN (1859-1904) : amateur de chasse à courre, élève de Cavelier, il exposa régulièrement au Salon dès 1881. Son œuvre très éclectique se compose de sujets antiques, d’allégories, de scène de la vie quotidienne et d’animaux. Il fut l’auteur d’un monument à Pasteur, inauguré à Melun en 1897.
Le compositeur Claude FIEVET (1865-1938), qui fonda l’École de
musique de Fontainebleau en 1932. Avec lui repose son fils, le compositeur et pianiste Paul FIEVET (1892-1980), qui prit sa suite.
Le baron d’Empire François Xavier FROSSARD (1764-1827), qui repose sous une colonne armoriée.
Le général Eugène Alexandre HUSSON (1786-1868), qui fut fait prisonnier en Espagne, et qui resta sur les pontons anglais de 1808 à 1814. Député conservateur de l’Aube entre 1849 et 1851, il fut élevé à la dignité de sénateur par décret en 1852.
Le tombeau Jacquin abrite plusieurs notables en rapport avec Fontainebleau : le général et baron d’Empire Jean-Baptiste JACQUIN (1759-1841) tout d’abord, mais également son fils Jean-Antoine Emile JACQUIN (1812-1860), qui fonda le journal « l’Abeille de Fontainebleau », ainsi que le gendre de ce dernier, Ernest BOURGES (+1894), qui prit sa suite et fut l’auteur d’une monographie sur la ville.
Henri LABROUSTE (1801-1875) : architecte français,
il fut l’un des premiers à saisir l’importance du fer en architecture, et à ne pas le dissimuler sous des enduits ou des revêtements. Sa pièce maîtresse demeure la Bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris, mais il oeuvra également dans les cimetières où on possède plusieurs tombes de sa réalisation (à Montparnasse, Montmartre, Fontenay-aux-Roses…). Avec lui repose son fils Léon LABROUSTE (1846-1907), également architecte. Leur tombe est ornée de bas-reliefs en marbre.
Le lieutenant Antoine-Philippe de LARDENOY (1747- ?), qui fut député de la noblesse aux Etats-Généraux de 1789. Resté fidèle à la monarchie sous l’Empire, il fut nommé gouverneur de la Guadeloupe de 1816 à 1823, puis gouverneur du Palais des Tuileries.
Le peintre et homme de lettres Victor LE RONNE (1841-1911).
Le poète Maurice LEVEL (1874-1953), auteur de son épitaphe « Nous les morts, nous vivons / Nous les absents, nous sommes / Présents comme est présente / une étoile le jour ».
L’homme de lettres Jean LIONNET (1872-1910), qui fut un propagandiste de l’émigration française et qui voyagea au Canada, en ramenant des récits de voyages. Sa tombe est ornée d’un très beau médaillon en bronze par Raoul Larche.
Le fonctionnaire René LUCET (1943-1982), mort dans des circonstances pas vraiment élucidées alors qu’il avait découvert une imbrication de trafics dans les Bouches-du-Rhône impliquant plusieurs partis politiques.
Le statuaire Maurice MARX (1872-1945).
Abel MIGNON (1861-1936) : Peintre et graveur, il fut l’élève de Gérôme et de Loudet. En 1884, il obtint le premier second prix au concours de Rome, puis exposa au Salon. Il se consacra à la réalisation d’affiches, de billets de banque et de timbres-poste et grava une dizaine de timbres pour la France et de nombreuses émissions pour de nombreux autres pays. Sa tombe est ornée d’un médaillon en bronze par Charles Virion.
Oscar Vladislas de LUBICZ-MILOSZ (1877-1939) : écrivain
lituanien de langue française, il consacra sa vie à faire connaître sa culture par une œuvre est importante (poésie, roman, théâtre, traductions, essais politiques et métaphysiques…). Sur la pierre tombale, ornée d’un médaillon en bronze, et sur laquelle son identité est inscrite dans les deux langues, le passant déchiffre ces quelques mots de lui : Nous entrons dans la seconde innocence, dans la joie, méritée, reconquise, consciente. Il était le petit cousin de l’écrivain polonais Czesław Miłosz, prix Nobel de Littérature.
Le caveau de famille de l’illustre famille de typographes Peignot dans lequel reposent, outre Gustave PEIGNOT (1839-1899), ses quatre fils qui travaillèrent dans l’entreprise familiale et qui moururent à la guerre : Georges (1872-1915), Lucien (1874-1916), André (1878-1914) et Rémi PEIGNOT (1888-1915). Les « Quatre frères Peignot » ont donné leur nom à une rue de la capitale.
Le commandant Emile PHILIPPE (1875-1949), qui fut président du Souvenir français.
Eugène THOMAS (1841-1903) : industriel et maire de Fontainebleau en 1896, il fut sénateur de Seint-et-Marne de 1900 à sa mort. Il siégea avec la Gauche républicaine.
Le peintre et architecte Jules VIATTE (1872-1922).
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