CHÉNIER André (1762-1794) et Marie-Joseph (1764-1811)
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De mère grecque et de père français, André Chénier passa son enfance en Turquie et au Maroc, avant de s’installer à Paris. C’est dans le salon qu’ouvrit sa mère que le jeune homme côtoya l’élite intellectuelle et artistique. Il y puisa une passion pour la culture antique et de celle des Lumières. Ses premiers vers, Les Bucoliques, furent publiés en 1785. La Révolution l’enthousiasma, mais il s’alarma rapidement devant l’ampleur de la violence, et lança un Avis au peuple français sur ses véritables ennemis, dans lequel il fustigeait les Jacobins. Enfermé dès lors dans la prison de Saint-Lazare, il y composa ses plus beaux vers. Ironie du sort, il fut guillotiné deux jours avant la chute de Robespierre : c’est lui qui apparaît au centre du tableau de Charles-Louis Muller Appel des dernières victimes de la terreur à la prison Saint Lazare à Paris les 7-9 Thermidor an II.
La veille de sa mort, il aurait écrit l’ode La Jeune Captive, poème qui parle d’Aimée de Coigny. Ses dernières paroles, prononcées au moment de monter sur l’échafaud, auraient été (se désignant la tête) : « Pourtant, j’avais quelque chose là ! ». Il fut inhumé dans la fosse du cimetière de Picpus. Une plaque, sur le mur d’enceinte, rappelle son souvenir.
La publication de l’intégralité de ses oeuvres en 1819 le révèla à la génération suivante, qui vit en lui un précurseur, un romantique parmi les classiques. Sa destinée inspira l’opéra vériste d’Umberto Giordano, André Chénier.
Marie Joseph CHÉNIER (1764-1811), son frère cadet, débuta en tant que dramaturge à la Comédie-Française en 1785, mais le succès ne fut pas immédiat, d’autant plus qu’il connut la censure. Le succès vint enfin en novembre 1789, avec la première de sa tragédie Charles IX dans laquelle il dénonçait le fanatisme aux prises avec l’esprit de liberté.
Enthousiasmé, comme son frère, par les débuts de la Révolution, il devint membre du club des Cordeliers et de la Commune de Paris. Député de Seine-et-Oise à la Convention, il fut proche de Danton et vota la mort de Louis XVI. Il participa, avec le peintre David et le compositeur François-Joseph Gossec, à l’organisation de nombre des grandes fêtes révolutionnaires entre 1790 et 1794. Si l’hymne qu’il avait préparé pour la fête de l’Être suprême fut refusé par Robespierre, son Chant du départ est presque aussi célèbre que La Marseillaise, dont il a co-signé le couplet des enfants.
Sous le Directoire, il fut membre du Conseil des Cinq-Cents. Il prit part à l’organisation de l’Institut de France et devint membre de l’Académie française en 1803. Membre du Tribunat sous le Consulat, il en fut chassé en 1802 au moment de l’épuration de cette assemblée. En 1803, il fut néanmoins nommé inspecteur général des études de l’Université. Sa tragédie Cyrus, plaidant pour les libertés, déplut à Napoléon, aussi démissionna-t-il de cette charge.
C’est André, et non Marie-Joseph, qui a immortalisé le nom de Chénier, et le cadet n’est le plus souvent cité aujourd’hui qu’en relation avec la mort de l’aîné, dans laquelle il semble pourtant avéré qu’il n’eut aucune responsabilité, ce dont il fut accusé après la Révolution. Il répliqua par la publication, en 1796, de son Discours sur la calomnie.
Marie-Joseph Chénier fut inhumé dans la 8ème division du Père Lachaise, où son tombeau mériterait bien un nettoyage. Sa tombe évoque la mémoire de son frère, à la manière d’un cénotaphe.
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