SAINT-MAGNE-DE-CASTILLON (33)
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Etrange endroit où trouver une tombe... Violent contexte également, ceci expliquant cela.
C’est effectivement au bord de la départementale reliant Libourne à Bergerac que l’on peut trouver, au niveau du village de Saint-Magne, une borne discrète racontant un événement ancien : En cet endroit le 18 juin 1794 fut transporté le Girondin Barbaroux qui, traqué par les troupes terroristes, venait de tenter de se suicider. Conduit d’abord à Castillon, il fut mené ensuite à Bordeaux où il monta sur l’échafaud. De l’autre coté de la route, dans un champ appelé longtemps le champ des émigrés, les Girondins Buzot et Petion se suicidèrent le soir de ce même jour.
Avocat de formation, Jérôme PETION de VILLENEUVE (1756-1794) fut élu député du tiers état aux États généraux où il devint l’un des chefs de file du parti Jacobin. Il fut chargé en 1791, avec Barnave, de ramener le roi à Paris suite à la fuite de la famille royale. Elu maire de Paris en novembre de la même année, il fut destitué de cette charge suite à l’invasion des Tuileries en juin 1792, mais l’Assemblée législative décida de la rétablir peu après. Elu député de la Convention, il démissionna de ses fonctions de maire et devint le premier président de l’assemblée lors de l’ouverture de la session, le 20 septembre 1792. Il devint alors rapidement un adversaire de Robespierre, et se rapprocha des Girondins. Après l’insurrection du 2 juin 1793, il fut décrété d’arrestation, mais réussit à s’évader le 24 juin et et rejoignit Caen avec Guadet, où il tenta en vain de soulever la Normandie contre la Convention. Il passa ensuite dans le Finistère, d’où il s’embarqua pour la Gironde (Bordeaux était entré en insurrection contre la Convention) : il partagea dès lors le sort de Buzot et de Barbaroux.
François BUZOT (1760-1794) eut un destin relativement similaire, sort partagé par tant de membre de la Convention à l’époque : membre de l’assemblée nationale constituante de 1789-1791, puis député de l’Eure à la Convention nationale, il y siégea parmi les Girondins dont il fut l’un des principaux orateurs. En 1793, il combattit l’instauration du tribunal criminel extraordinaire et du Comité de salut public : cela le rendit évidemment suspect et il fut décrété d’arrestation avec son groupe parlementaire. Il parvint à s’enfuir et se réfugia dans le Calvados. Il tenta en vain d’organiser près d’Évreux un corps insurrectionnel fédéraliste contre la Convention.
Déclarés traître à la patrie, poursuivis et traqués, il cherchèrent un abri à Saint-Émilion, près de Bordeaux où il se cachèrent. Découverts, Buzot et Pétion errèrent dans la campagne. Les circonstances de leur mort donnent lieu à des débats : suicide par balles ? Empoisonnement ? On retrouva, au mois de juillet 1794, leurs cadavres à moitié dévorés par les loups dans ce fameux champ, de l’autre coté de la route, où on les inhuma et où ils doivent certainement toujours reposer, aucune exhumation n’étant advenue par la suite.
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