Montparnasse (75) : tombeaux remarquables de la 4ème division
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Cet article n’est pour l’instant qu’une ébauche. A terme, il ressemblera à ce que j’ai réalisé pour le cimetière de Passy, c’est-à-dire une présentation à visée exhaustive du cimetière. Le cimetière Montparnasse est, bien plus que le Père Lachaise encore, le cimetière français le plus densément peuplé en célébrités. On peut sans exagérer considérer qu’une tombe sur quatre possède une personnalité (la plupart sont aujourd’hui totalement ignorées). Il s’avère que tous les sites -nombreux- qui s’intéressent au cimetière recopient tous les mêmes listes. Dans l’attente prochaine d’un ouvrage fort attendu sur le cimetière qui, j’en suis certain, fera référence (à ce jour, il n’existe quasiment rien sur le second cimetière de Paris !), j’en suis arrivé à la nécessité de faire progressivement ces fiches.
La raison en est simple : on n’arrête pas d’inhumer à Montparnasse, mais j’aimerai conserver la distinction entre les "incontournables" (qui possèdent leur fiche individuelle) et les autres personnalités, plus méconnues, mais qui intéressent toujours une partie du public. Jusqu’à présent, je ne savais pas comment faire leur fiche. Les articles de ce type y pourvoiront donc, et seront progressivement complétés, à la fois par les nouvelles entrées, mais également par l’élaboration des petites biographies des anciens.
Je possède les photos de toutes les tombes sous-citées, il est donc inutile de me les faire parvenir. En revanche, c’est avec joie que j’accueillerai vos commentaires et corrections (il y en aura forcément : tombes disparues, tombes manquantes, oeuvres disparues, confusion de divisions -très classique pour certaines parties du cimetière-...).
On pourra consulter au préalable l’article de présentation générale du cimetière, qui dresse également la liste des principales célébrités du lieu, toutes divisions confondues.
LES PERSONNALITÉS
BENGUIGUI Valérie
BIXIO Jacques Alexandre
CARMET Jean
CELLIER Caroline
DALOU Jules
FUENTES Carlos
GRATRY Joseph Alphonse
HASKIL Clara
LACUÉE de CESSAC Jean-Girard
LHOTE André
ORFILA Mathieu
PEGOUD Adolphe
PERNETY Joseph-Marie de
POIRET Jean
RESNAIS Alain
WEBER Henri
WOLINSKI Georges
C’est dans cette division que fut inhumé nuitamment le duc de Choiseul-Praslin, Pair de France et député, qui se suicida en 1847 à l’arsenic après avoir assassiné sauvagement son épouse, la fille du maréchal Sébastiani. Bien qu’arrêté, ce meurtre ébranla un peu plus la Monarchie de Juillet (on dénonça la corruption des mœurs dans la haute société, on accusa la justice de l’avoir fait évadé), quelques mois avant sa chute. On sait assez précisément où fut inhumé son corps, sans aucune inscription, mais il ne reste évidemment plus rien de sa présence ici.
... mais aussi
Le cardiologue Olivier AMEISEN (1953-2013), qui découvrit en 2004 que l’utilisation d’un décontractant musculaire, le baclofène, pouvait soigner l’alcoolisme chronique (alcoolique, il se l’administra avec succès). Il raconta sa victoire sur l’alcool dans son livre Le dernier verre, et se lança dans une lutte acharnée afin de faire reconnaître ce myorelaxant.
Robert ANTELME (1917-1990) : déporté à Buchenwald, puis Dachau, sa captivité lui inspira plusieurs ouvrages, dont un livre de référence sur les camps de concentration, L’Espèce humaine, paru en 1947 aux éditions de la Cité Universelle ; maison d’édition qu’il fonda avec son épouse, Marguerite Duras. Après la guerre, il continua à fréquenter les milieux littéraires, collaborant aux Temps modernes et militant au Parti communiste français. Il repose dans le caveau Régnier Delasalle.
Le libraire et éditeur Jean-Baptiste BAILLIERE (1797-1885).
Le chimiste et agronome Jean-Augustin BARRAL (1819-1884).
Le graveur Jacques-Jean BARRE (1793-1855).
L’abbé Pierre-Louis Joseph de BETENCOURT (1743-1829), qui fut historien et membre de l’Institut, mais dont le tombeau a disparu.
L’architecte Henri BLONDEL (1821-1897).
L’éditeur André BONNE (1901-1985), qui repose dans la chapelle Dusseris.
L’historien italien Carlo BOTTA (1766-1837) possédait un cénotaphe dans cette division, mais il a disparu.
L’architecte Henri Marie BOUTS (1863-1896).
L’anatomiste et chirurgien Alexis BOYER (1757-1833), dont la belle tombe néoclassique est surmontée d’un buste par Pierre Alphonse Fessard.
Le député de l’Aude Jean-Louis BROUSSES (1769-1832), dont le tombeau a disparu.
L’homme de lettres Antoine BUTTURA (1771-1831), qui repose avec son fils le peintre paysagiste Eugène-Ferdinand BUTTURA (1812-1852), et son petit-fils Antoine Eugène Ernest BUTTURA (1841-1920).
Le peintre et homme de lettres Fernand CALMETTES (1846-1927). Avec lui repose Hippolyte FRANDIN (1852-1926), second ambassadeur de France en Corée qui photographia le pays, le faisant connaître en France.
La peintre CALY (Odette Caly : 1914-1993), qui fut l’épouse de Jean Picart le Doux.
Le peintre Christian CARLE (1958-1995), dont la tombe est ornée d’un "autoportrait à l’ange".
Le musicologue Bernard CASADESUS (1923-1994).
Le botaniste Alexandre de CASSINI (1781-1832), dont le tombeau a disparu.
Le statuaire Antoine Denis CHAUDET (1763-1810). Inhumé dans l’ancien cimetière Vaugirard, il fut ultérieurement transféré ici. Le médaillon qui orne sa tombe est tantôt attribué à Valois, tantôt à Normand. La confusion provient sans doute de l’auteur de l’oeuvre originale et peut-être de la copie sur le second tombeau. Avec lui repose son épouse, la peintre Jeanne Elisabeth CHAUDET (1767-1832).
Le peintre Henri-Jean CLOSON (1888-1975).
Le sénateur Mathieu-Augustin de CORNET (1750-1832), qui mourut du choléra. Sa tombe est ornée d’une statue en marbre par Henri de Vauréal. Son identité est quasiment illisible sur sa tombe.
Le médecin Paul-Jean COULIER (1824-1890), inhumé dans le caveau Gautier (voir plus bas).
Le médecin Antoine Constant DANYAU (1803-1871), dont le tombeau a disparu.
Le poète Michel DEGUY (1930-2022).
Le Compagnon de la Libération Pierre DEJUSSIEU-PONTCARRAL (1898-1984).
L’architecte Toussaint-Edouard DELAPIERRE (+1890).
Le poète, graveur et éditeur Roger DÉVIGNE (1885-1965).
Le médecin Renée Nicolas DUFRICHE, baron DES GENETTES (1762-1837).
Le chirurgien François Anthyme Eugène FOLLIN (1823-1867), sous un médaillon non signé.
Hippolyte FRANDIN (voir Calmettes).
Le peintre Jean-Augustin FRANQUELIN (1798-1839), qui repose dans la tombe Blottiere.
Le colonel de l’armée napoléonienne Louis FUZY (1746-1832), dont le tombeau fut reconstitué. Y reposent également les comédiens Georges GARAY (Georges GASPARI-BELLEVAL : +1931) et Renée GARAY-MYRIEL, tout deux membres de la Comédie française. Avec eux repose encore le peintre Jules UZANNE.
Le médecin et chimistre Armand GAUTIER (1837-1920), membre de l’Institut. Dans la même tombe repose Paul-Jean Coulier (voir plus haut).
le peintre François-Louis GOUNOD (1758-1823), en outre père du compositeur Charles Gounod.
Le peintre d’histoire Alexandre-Charles GUILLEMOT (1786-1831), dont le tombeau a disparu.
Le jardinier et rosiériste Jean-Alexandre HARDY (1787-1876)
Pierre Paul HENRION de PANSEY (1742-1829).
L’ingénieur des Mines saint-simonien LAMBERT-BEY (Charles-Joseph Lambert : 1804-1864), dont la chapelle vaut essentiellement pour le magnifique vitrail qui le représente.
Le peintre Evan de LAPEYRIERE (1907-1994).
L’architecte Jacques Felix Alexandre LAUDIN (1810-1885), auteur de la nouvelle manufacture nationale de Sèvres.
Louis Pierre MAINGAULT (1783-1839), médecin de Napoléon
Le géographe d’origine danoise Conrad MALTE-BRUN (Malthe-Conrad Bruun : 1775-1826). Avec lui repose ses fils : Conradin (1810-1859), peintre, et Victor Adolphe (1816-1889), également géographe.
Le journaliste et collaborateur Christian de la MAZIERE (1922-2006).
L’architecte et archéologue François MAZOIS (1783-1826).
Le mathématicien Louis MONGE (1748-1837), frère de Gaspard, dont le tombeau a disparu.
Le décorateur Hubert MONLOUP (1932-1999).
L’écrivain et cinéaste Marcel MOUSSY (1924-1995).
L’explorateur Jean-Raymond PACHO (1794-1829).
Jean-Philippe Guy le Gentil, comte de PAROY (1750-1824) : graveur et miniaturiste de renom, membre de l’Académie royale de peinture et de sculpture, il mit au point une lanterne magique pour le dauphin. Il était présent aux côté du roi lors de la « Journée des Tuileries » du 10 août 1792. Sa tombe est très postérieure à son décès : il fut sans doute transféré ultérieurement dans le cimetière.
Le botaniste Jean-Baptiste PAYER (1818-1860), membre de l’Institut, dont le tombeau a disparu.
L’architecte Louis-François PETIT-RADEL (1739-1818) et son fils, l’archéologue Louis-Charles (1756-1836) étaient inhumés sous un tombeau orné d’un buste en bronze du premier par Raymond Gayrard, mais le tombeau a disparu.
Le député de la Seine Albert PETROT (1857-1897), sous un buste en bronze par Paul Bacquet.
Le général Anne Théodore PEYSSARD (1804-1861), dont la tombe semble avoir disparu.
Le céramiste Georges PULL (1810-1889), imitateur et rénovateur de l’art de Bernard Palissy. Sa tombe est ornée d’un médaillon par son fils Jules-Louis.
Le chimiste Henri-Victor RÉGNAULT (1810-1878) et son fils, le peintre orientaliste Henri RÉGNAULT (1843-1871), qui mourut à la bataille de Buzenval.
Jacques RIOLACCI (1932-2013), président de la Commission de discipline de la Ligue de football pendant 40 ans.
L’architecte Paul ROBINE (1872-1934).
La pianiste brésilienne Merces de SILVA-TELLES (+1993).
Le directeur de la photographie et l’homme de cinéma Georges STROUVÉ (1927-1998), qui fut l’un des créateurs des Cahiers du cinéma.
Le peintre italien Orfeo TAMBURI (1910-1994).
La comtesse révolutionnaire hongroise Blanka TELEKI (1806-1862), pionnière de l’éducation féminine.
Le peintre Anne Claude THIENON (1772-1846), dont la tombe a disparu et dont les restes ont été transférés à l’ossuaire en 1993.
Le compositeur Marcel TREMOIS (1891-1974).
Le cancérologue Maurice TUBIANA (1920-2013). Médecin et physicien, sa double formation fit de lui, dans les années 1960, un pionnier du développement de la radiothérapie moderne en Europe. Il fut l’auteur de plus de 300 publications scientifiques, mais aussi de plusieurs essais de vulgarisation. Il était membre de l’Académie des sciences.
La cinéaste, romancière, journaliste, dramaturge, essayiste, Nicole VEDRÈS (1911-1965), qui fut une grande figure de Saint-Germain-des-Près.
Le journaliste musical belge Gilles VERLANT (1957-2013), homme de radio et de télévision (avec Antoine de Caunes dans l’émission Rapido, PAKG dans Nulle part ailleurs, La Scandaleuse Histoire du rock, sur France Info ou encore L’Odyssée du rock sur Oüi FM. Il fut également l’auteur de nombreuses biographies musicales. Inconditionnel de Serge Gainsbourg, il lui avait consacré plusieurs ouvrages. Il a succombé aux suites d’une chute dans un escalier.
Curiosités
Cette division abrite la dernière demeure de Patricia Belmondo, fille de Jean-Paul, décédée dans un incendie, ainsi que Thierry Tchou, le fils de l’éditeur Claude Tchou et de Michelle Cotta.
Un groupe en marbre situé face au monument des Sergents de La Rochelle, représente un homme pleurant tandis que sa femme à moitié engloutie dans la tombe lui adresse un ultime adieu, n’est pas un monument funéraire. Il s’agit de la Séparation du couple, par De Max, transportée ici en 1965 après avoir été retirée du jardin du Luxembourg où elle avait été jugée trop obscène.
Depuis 2016 se trouve dans cette division un tombeau étrange signé Milène Guermont : « Causse » est une œuvre d’art en béton ultra hautes performances et fibres optiques commandée par un éminent scientifique français pour être son ultime demeure. La silhouette de l’œuvre évoque les plateaux et monts des Causses, lieu d’origine du commanditaire. Elle est formée de 12 facettes comme les 12 étages de la cellule photoélectrique à multiplicateur d’électrons inventée par le savant. Des fibres optiques coulées dans le béton permettent à la lumière de passer d’une face à l’autre, à ‘instar des électrons dans la cellule photo-électrique. Lorsqu’un nuage, oiseau ou visiteur passe devant une fibre optique, cela assombrit un point lumineux d’une autre face.
Un monument aux morts dédié aux victimes de la Défense passive.
- Les éléments artistiques
- Un violon semble sortir d’une masse de marbre brut dans laquelle il a été taillé (tombe Barbotin).
- La sculpture d’un visage sur la tombe Joudiou par Paul Chaudieu.
- Une pleureuse pensive sur la tombe du manufacturier Blech.
- Le médaillon en bronze Laubeuf par Félix Gierckens.
- Un petit médaillon en bronze fort abîmé sur la tombe du raffineur de sucre de Bercy Santerre.
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