WEBER Henri (1944-2020)
par
Sénateur socialiste de Seine-Maritime, ce proche de Laurent Fabius a été l’une des figures du trotskisme en France avant sa conversion à la social-démocratie dans les années 1980.
Né dans un camp de travail soviétique, sa famille, juive polonaise avait fui au moment de l’invasion nazie de la Pologne. Ils s’installèrent à Paris en 1948. Opposé à la guerre d’Algérie, il adhéra aux Jeunesses communistes au grand dam de ses parents, antistaliniens. Etudiant à la Sorbonne, il fut remarqué par Krivine, qui le fit évoluer vers le trotskisme : ensemble et avec Daniel Bensaïd, il fondèrent la Jeunesse communiste révolutionnaire (JCR). Il fut une des grandes figures de mai 68. Après les événements, la JCR fut dissoute comme d’autres groupuscules. Elle renaquit d’abord sous la forme d’un journal, Rouge, que Weber dirigea. Alors qu’il militait à temps plein et travaillait à la naissance d’une autre organisation (la Ligue communiste, qui fut fondée en 1969, et qui devint plus tard la LCR), il reçut un coup de fil de Michel Foucault qui lui proposa d’intégrer son équipe dans la nouvelle université de Vincennes, qui vit affluer tout le gratin gauchiste. Weber accepta et enseigna la philosophie, ne manquant pas de se faire houspiller par les nombreux militants maoïstes actifs sur le campus.
Il évolua finalement à la fin des années 70 vers le socialisme, mais n’adhéra au parti qu’en 1986. Il y anima le courant fabiusien, avec notamment Claude Bartolone. Pendant près de trente ans, Henri Weber fut un membre indéboulonnable de la direction socialiste. Sénateur de Seine-Maritime – bastion de la Fabiusie – entre 1995 et 2004, il fut ensuite député européen entre 2004 et 2014.
Il mourut de l’épidémie de Covid19.
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