VALENCE (26) : cimetière
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Le cimetière de Valence se trouve dans la partie nord de la ville. Il se présente sous la forme de trois enclos reliés entre eux, dont, à gauche de l’entrée, l’ancien cimetière et ses tombes anciennes datant de l’époque napoléonienne, avec une partie qui devait être l’ancien cimetière protestant, et à droite une partie plus contemporaine, dans laquelle on trouve un certain nombre de monuments commémoratifs.
Typiques de la région, les lourds tombeaux familiaux qui ravissent les généalogistes tant les identités sont nombreuses, donnent à ce cimetière un aspect minéral sévère qui n’est pas compensé par une présence végétale trop rare. Le cimetière de Valence n’est donc pas très beau, et il est pénible de le visiter aux heures chaudes de la journée.
L’austérité et le conformisme sont de règle : les statues et bustes sont rares. Néanmoins, il possède évidemment un certain nombre de tombes intéressantes.
Curiosités
en premier lieu, habitude que je n’ai pas encore vu dans d’autres cimetières, ce sont les identités des défunts occupants la première tombe de la bordure qui donnèrent leur nom aux allées. Ils apparaissent donc aujourd’hui tels des fantomes puisque, pour la plupart, ces occupants anciens ont été relevés.
une tour octogonale attire le regard : il s’agit d’une chapelle dont le sol est recouvert de plaques. Derrière elle se trouve l’ossuaire communal.
un monument commémoratif aux victimes de la catastrophe du 1er juin 1919 à Valence : les autorités ecclésiastiques avaient organisé une séance de cinéma pour les enfants des écoles, mais une bobine prit feu. Ce ne fut pas tant l’incendie mais la panique qui se déclencha qui causa un très grand nombre de victimes.
le mausolée de Florent Vinay (1967-1988) : une mère éplorée a fait bâtir pour son fils, jeune musicien, ce tombeau sur lequel figure un grand nombre de photographies gravées du défunt.
Quelques œuvres éparses :
— le monument de l’ancien maire Joseph Belat (1843-1903) est mentionné dans les plans du cimetière. Une statue et un buste de Charles Biny.
— le conseiller prudhommal Armand Roux, sous un médaillon de profil de J.Jau.
— un bas-relief de Tony Carcenat sur la tombe Grielens.
— une pleureuse en marbre sur la tombe Girodet.
Les célébrités : les incontournables...
Paul-Jacques BONZON (1908-1978) : beaucoup ne connaîtront pas son nom, mais ils connaissent son œuvre. Cet instituteur originaire de la Manche s’était installé dans la région où il se mit à écrire de la littérature pour enfants. Parmi ses titres les plus connus, on trouve toute la collection des Six compagnons. La particularité de l’auteur : créer des personnages d’origine modeste, débrouillards et solidaires, associés pour mener une quête. Pour beaucoup de jeunes dans le Monde (ses romans ont été traduits dans de nombreuses langues), les personnages de Tondu, Mady, La Guille ou Bistèque ont fait partie de l’univers enfantin. Il repose très discrètement dans la 28ème division de ce cimetière : aucun guide n’y signale sa présence.
Edmond REGNAULT (1898-1982) est encore plus inconnu que le précédent. Il est néanmoins connu pour ses réalisations : fabricant de stylo depuis 1927 à La Ferté-Milon dans l’Aisne, il racheta en 1945 l’ensemble des brevets de l’industriel américain Milton Reynolds. On peut donc, sans exagérer, considérer Edmond Regnault comme le fondateur de la marque Reynolds à laquelle il n’a pourtant pas donné son nom. Installé à Valence depuis 1945, l’usine connaît depuis plusieurs mois de grosses tensions dans le cadre d’un plan de délocalisation très médiatisé.
... mais aussi
Comme dans toutes les villes de cette importance, un grand nombre de notables locaux pour lesquels il est difficile de trouver des informations pertinentes : des maires, des architectes (Jean-Pierre Bernard, Louis François Roux, Julien Lick, Louis Tapernoux...), quelques peintres (Louis Ollier)...
Jean JULLIEN-DAVIN (1906-1994), le fondateur de l’entreprise d’automatismes Crouzet, présente dans le monde entier.
Bien qu’originaire de la Meuse, c’est dans la Drôme que Nicolas DELACROIX (1785-1843) fit une carrière administrative avant de devenir député du département de 1839 à sa mort, où il soutint l’action de Louis-Philippe qui l’avait nommé maire de Valence. On lui dut également, en 1817, un Essai sur la statistique, les antiquités et l’histoire du département de la Drôme toujours consulté de nos jours. Il fut en outre un membre correspondant de l’Institut. Son tombeau fut élevé par souscription nationale et est orné d’une statue néoclassique. Il figure sur le plan du cimetière comme étant l’un des monuments remarquables du cimetière.
Le poète Louis LE CARDONNEL (1862-1936) chantait, dans une prosodie de facture classique, des sujets religieux, voire liturgiques, en s’inspirant du Bréviaire et du Pontifical. Il fut un ami de Paul Verlaine, fréquenta les Symbolistes, collabora à plusieurs journaux littéraires, puis entra dans les ordres et devint abbé. Il repose bien dans ce cimetière, mais peut-être pas dans la sépulture des prêtres de Valence où le place Bertrand Beyern.
Son frère, l’homme de lettres Georges LE CARDONNEL (1872-1947) repose également ici. Il fréquenta Remy de Gourmont et Huysmans.
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