POYOLS (26) : cimetières
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J’ai vite compris en pénétrant dans le cimetière communal de Poyols qu’avec sa vingtaine de tombes, la plupart contemporaines, je n’allais pas trouvé celui que j’étais venu chercher. Il en est ainsi de beaucoup de villages en terres protestantes, où les défunts délaissent le cimetière pour privilégier les anciens cimetières familiaux, qui sont pour beaucoup très compliqués à retrouver et où parfois rien ne signale la présence de l’identité de la famille, le cimetière se distinguant uniquement par des murs et une porte donnant sur des espaces enherbés où subsistent parfois des restes de couronnes mortuaires antédiluviennes !
A gauche du cimetière, j’ai l’intuition de prendre un chemin de terre. Bien m’en a pris : au bout de quelques mètres, dans les arbres, se signale un cimetière familial tel que je viens de le décrire [1].
La porte, les murs, les restes de couronnes, l’herbe drue : tout y est. Une bonne âme a bien voulu indiquer sur une planche l’identité de celui qui y réside parmi les membres de sa famille : sans cette indication et en l’absence d’aucune autre identification, je n’aurais eu aucune certitude de ses occupants. Ici repose Léon ARCHIMBAUD (1880-1944). Journaliste radical socialiste, il dirigea La République du Peuple. Elu député de la Drôme en 1907, son élection fut invalidée mais il fut réélu à cette charge de 1919 à 1942. Membre actif de la Commission de l’Algérie et des colonies, de la Commission des finances et de la Commission des spéculations de guerre, il proposa la constitution d’une Commission d’enquête chargée de rechercher et de poursuivre les fournisseurs et les spéculateurs qui pendant et depuis la guerre s’étaient enrichis aux dépens de la nation. Il fut pendant deux jours (!) Sous-Secrétaire d’État aux Colonies en 1930. En juin 1944, ayant appris, alors qu’il était en traitement à l’hôpital de Die, l’investissement du Diois par les troupes allemandes, il tenta de rejoindre son domicile mais fut heurté par un véhicule et mourut peu de temps après.
Si rien n’indique sa présence, tout laisse à penser que dans ce cimetière familial repose également son père, Daniel-Léon ARCHIMBAUD (1856-1924), qui fut député de la Drôme de 1908 à 1910.
Le cimetière Archimbaud donne sur un pré au fond duquel on devine un autre cimetière familial.
[1] Je n’ai malheureusement pas toujours cette chance !
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